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« Il se dessine une politisation du proche »

- 3 décembre 2023

Dans cet entretien, c’est la dimension spatiale du mouvement des Gilets Jaunes qui est abordée avec Étienne Walker. Le géographe apporte une lecture fine de ce qu’une “révolte du périurbain” veut dire et tisse les liens entre lieux de mobilisation, revendications et sociologie des mobilisés.

A-t-on assisté à une “révolte de la France périurbaine” au lancement du mouvement ?

Une révolte en France périurbaine ? Je dirai que non. On est déjà, au lancement du mouvement, sur une géographie urbaine, on pourra y revenir. Une révolte de la France périurbaine, au sens où on rattache les Gilets jaunes (GJ) mobilisés dès novembre 2018 à leur lieu de vie et notamment de résidence, c’est-à-dire là où ils se sentent sans doute davantage appartenir ? Alors je dirai que oui. Et pour prouver cela, il faut enquêter auprès des participants et poser cette question du lieu de résidence (voire du lieu de travail, car celui-ci peut aussi constituer un espace structurant, chargé de sens, notamment pour les GJ). C’est ce qu’on a fait entre novembre 2018 et mars 2019, avec près de 80 collègues, titulaires ou non, d’étudiants aussi, d’une quinzaine d’universités différentes, autour de Magali Della Sudda, en passant un questionnaire qui posait explicitement la question du lieu de résidence dans plus d’une centaine de lieux appropriés par les GJ, répartis dans 27 départements différents de France métropolitaine. Ce qui ressort des près de 1 500 questionnaires, que l’on a travaillé notamment avec Pierre Blavier, c’est que 37% des enquêtés en novembre, et 40% des enquêtés sur les ronds-points, investis plutôt au début du mouvement, habitent dans les espaces périurbains. J’entends ici « périurbain » au sens de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), c’est-à-dire toutes les communes qui sont polarisées du point de vue de l’emploi par une assez grande ville avec des migrations pendulaires quotidiennes. Pour préciser, il s’agit de toutes les communes dans lesquelles on a au moins 40% de la population qui travaille dans une voire plusieurs unités urbaines regroupant chacune au moins 10 000 emplois ou leurs couronnes. Cette proportion, il faut bien sûr la rapporter au fait qu’en France métropolitaine, selon cette définition toujours, « seulement » un quart de la population réside dans cet espace périurbain.

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