Alors que l’abstention est au centre des inquiétudes à chaque nouvelle élection en France depuis des années, questionnant un désintérêt voire une forme d’apathie de la part des français vis-à-vis de la politique, les mouvements sociaux rappellent que la participation politique est bien plus en mutation qu’en crise. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron en a été l’illustration avec deux mouvements majeurs : L’avènement des Gilets Jaunes, et les Marches pour le climat.
Dans la suite de la grève pour le climat initiée par la jeune suédoise Greta Thunberg lors de l’été 2018 et qui a eu un écho international, les Marches pour le Climat en France ont pris leur envol sur fond de publication d’un nouveau rapport du GIEC et de la démission surprise du Ministère de la Transition Ecologique de Nicols Hulot fin aout 2018, dénonçant son manque de marge de manœuvre et d’ambition pour l’environnement au sein du gouvernement. Les associations et ONG historiques de la cause environnementale en France ainsi que des collectifs citoyens nouveaux s’organisent alors pour rappeler aux pouvoirs publics et responsables politiques l’urgence à agir. Leur mobilisation aboutit à l’organisation de rassemblements de dizaines de milliers de manifestants venus « Marcher pour le climat » dans toutes les grandes villes françaises le 8 septembre 2018, puis à nouveau le 13 octobre, avec l’ambition d’instaurer un rythme régulier.
Tandis que les Marches climat occupent le débat public, un autre mouvement social fait irruption. Touchés par le projet du gouvernement d’augmenter la taxe sur les produits pétroliers, des citoyens se mettent en lien sporadiquement à travers les réseaux sociaux pour dénoncer l’injustice de faire porter des efforts environnementaux sur le pouvoir d’achat des plus modestes. Ralliés sous le symbole d’un Gilet Jaune de signalisation routière, ils initient à partir du 17 novembre 2018 des occupations de ronds-points et de manifestations, se transformant en « actes » tous les samedis tout en élargissant peu à peu les griefs et les revendications autour de problématique de pouvoir d’achat, de justice sociale, ainsi que d’attentes démocratiques. La popularité et la singularité de ce mouvement horizontal et nébuleux qui ne ressemble à aucun précédent, ainsi que les violences qui émaillent les manifestations le placent rapidement au cœur des préoccupations médiatiques et gouvernementales. Mais comment les deux mouvements sociaux cohabitent-ils alors qu’ils se télescopent dans leur temporalité et se retrouvent en compétition pour l’attention des pouvoirs publics et la mobilisation de l’opinion publique ?