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« La brutalisation caractérise la manière de gouverner de M. Macron »

- 6 mars 2020

Reporterre publie le 05 mars 2020 un entretien avec le Président de la Fondation de l’Écologie Politique, Bastien François

Reporterre publie le 05 mars 2020 un entretien avec le Président de la Fondation de l’Écologie Politique, Bastien François

Selon Bastien François, professeur de science politique, les institutions de la Ve République favorisent les comportements autoritaires et l’usage du 49-3 pour faire passer la réforme des retraites est donc « logique ». Désormais, « il faut imaginer un système démocratique plus ouvert, plus inclusif », doté de contre-pouvoirs.

N’y a-t-il pas un paradoxe à prôner, en même temps que l’usage du 49-3, la participation des citoyens avec la convention citoyenne pour le climat ?

Je suis favorable à cette initiative, je trouve l’expérience de la convention citoyenne pour le climat très intéressante. Mais oui, c’est sûr, le grand écart entre d’un côté l’usage du 49-3 et de l’autre la convention citoyenne est fascinant. Il faut attendre de voir sur quoi la convention débouchera. Je reste optimiste mais on a déjà observé en 2019 comment le « grand débat national » a été instrumentalisé. La reprise ou non des propositions de la convention sera un moment de vérité.

Mais on aurait tort de penser que nos gouvernants sont totalement coupés du monde. Je suis persuadé qu’Emmanuel Macron a compris qu’on ne peut pas gouverner aujourd’hui de la même manière qu’avant. Je suis certain qu’il pense au fond de de lui que des politiques plus délibératives et participatives permettent d’arriver à de meilleures décisions. Il est pris dans un grand écart, un mélange de calcul et de croyance, entre des échéances électorales et des stratégies politiques qui se jouent à court terme.

Cet écart se ressent particulièrement sur les questions écologiques. Macron a compris, du moins intellectuellement, que l’on va devoir changer de société mais il est cadenassé dans son ancien logiciel et sa façon de penser. Son intervention devant la convention est en cela évocatrice. Il a parlé pendant 1 h 30 et a alterné plusieurs registres : le puissant, le dominant et le délibératif. Il est coincé. Il ne peut pas sortir de ce rapport au pouvoir qu’implique la Ve république.

Il y a aussi, plus prosaïquement, des éléments de communication. Le gouvernement se dit qu’il suffirait de donner quelques signes procéduraux d’attention aux questions écolos pour passer pour écolos. Ils n’ont peut être pas mesuré le potentiel subversif de cette convention. On verra.

Vous pouvez lire l’intégralité de l’entretien de Reporterre avec Bastien François sur le site du quotidien :

https://reporterre.net/La-brutalisation-caracterise-la-maniere-de-gouverner-de-M-Macron

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