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Alexis Vrignon, « Créer un rapport de force plus direct avec les pouvoirs publics »

- 3 mars 2023

Alexis Vrignon, historien, resitue le contexte et les échos de cette toute première candidature écologiste, qui avec le mouvement Ecologie et Survie, va impulser, avec d’autres, la création du mouvement écologiste en France dans les années 80.

Fondation de l’Ecologie Politique : À quoi ressemble le mouvement écolo au début des années 70 ? Est-ce que les groupes sont nombreux, que font-ils ?

Alexis Vrignon : Alors, au début des années 70, il y a de plus en plus de groupes qui se mobilisent sur des questions vraiment écologistes. C’est un moment vraiment important de structuration, ce qui fait que, les premières tentatives de candidature sont bien sûr le début d’une aventure politique mais sont aussi l’aboutissement de tout un bouillonnement préalable que l’on observe dès la fin des années 60 quand on regarde l’itinéraire des acteurs. Si on prend le cas de d’Henri Jenn, il rejoint la LPO en 66 par exemple et en 68, c’est le moment où se structure la Fédération française de protection de la nature, la FFSPN, l’ancêtre de la FNE. Donc on voit bien qu’il y a, d’un côté, ce qu’on pourrait appeler les naturalistes, qui se renouvellent vis-à-vis des grandes transformations que connaît la France à cette époque, notamment environnementale. La surface urbanisée en France double dans les années 60, donc en termes d’impact sur la biodiversité, sur les territoires, sur le rapport des gens au vivant, c’est extrêmement important. Des gens comme Henri Jenn ou d’autres en Alsace, comme Antoine Waechter, illustrent cela par leur parcours. Eux-mêmes évoquent leur enfance dans les années 40, début 50 où ils soulignent qu’ils avaient un rapport au vivant très immédiat. Ce n’est pas à prendre comme une sorte de cliché, car dans les années 50, dans énormément de coins de France, on a un rapport beaucoup plus direct au vivant.

C’est justement ce rapport au vivant qui se transforme dans les années 60. Cela a contribué à l’émergence de mouvements naturalistes extrêmement dynamiques, dont par exemple la LPO. Et donc ils essayent de proposer des choses sauf que les pouvoirs publics s’y intéressent fort peu : les années 60, début des années 70, c’est la grande période de l’impératif industriel. C’est la période durant laquelle le taux de croissance du PIB en France est le plus élevé. Et donc toutes ces propositions sont peu retenues, alors que de la part de ces groupes, il y avait une volonté de proposer changements sans être forcément dans une optique d’opposition totale aux pouvoirs publics. Ces groupes se demandaient : « est-ce qu’on peut essayer de réorienter ces pouvoirs ? ». Et fin des années 60, début des années 70, c’est largement une fin de non-recevoir qu’ils se voient opposés.

À cela s’ajoutent les débuts de la contestation antinucléaire, notamment en Alsace avec la construction de la centrale de Fessenheim qui commence en 1970. On retrouve un peu le même scénario, c’est-à-dire qu’il y a des mobilisations, il y a des manifestations, il y a une volonté de jouer un peu le jeu des institutions, par exemple, de demander la communication du dossier d’enquête publique, et on leur répond « non, c’est à usage interne, vous n’avez pas à connaître le dossier d’enquête publique ». Donc il y a tout ce militantisme qui se met en place et qui fait face finalement à un blocage de la part des pouvoirs publics. C’est pour cela que se présenter aux élections, comme va le faire Henri Jenn en 1973 est un moyen d’essayer de débloquer la situation, de sortir d’une nébuleuse militante qui est assez active mais qui reste confinée et qui sent qu’elle ne peut pas aller au-delà sans être dans un rapport de force plus direct avec les pouvoirs publics.

C’est dans ce contexte qu’apparait le groupe Écologie et survie, comment s’est-il formé et quel est le profil des militants qui le composent ?

Alors, il se forme avec des militants qui ont des parcours et des histoires militantes finalement assez différents puisqu’on a à la fois des militants comme Antoine Waechter ou Henri Jenn qui viennent plus d’une matrice vraiment naturaliste. Antoine Waechter est encore en train de faire ses études à ce moment-là, mais il est très investi sur cette question de la réintroduction du vivant, Henri Jenn également avec la LPO. On a aussi des profils comme Solange Fernex qui a à la fois l’intérêt pour la question environnementale de manière générale, mais qui s’intéresse à la place des femmes dans l’espace public, mais aussi et du fait de son expérience aux côtés de son mari Michel Fernex, a un intérêt aussi pour les liens avec ce qu’on appelle alors le tiers-monde.

« Écologie et survie », est une sorte de label autant qu’un parti politique : Antoine Waechter aime à dire que c’est le premier parti politique écologiste d’Europe. Tout dépend ce qu’on entend par parti politique : si on entend une organisation partisane structurée, avec des cadres permanents ainsi de suite, non, ce n’est pas un parti politique, par contre, effectivement, c’est une sorte de label qui vise à donner une visibilité à un certain nombre d’idées pour se présenter à des élections. Cela se crée vraiment au gré des circonstances. Un peu avant les élections de mars 1973, se pose la question de présenter quelqu’un donc on crée « Ecologie et survie ». Mais ce qui est intéressant à noter c’est que cette écologie alsacienne a malgré tout une cohérence qui s’observe vraiment sur le moyen terme, voire sur le long terme. Les Amis de la terre, quoi qu’ils en disent sont socialisés à gauche, ils peuvent être extrêmement critiques à l’égard de la gauche, du Parti communiste évidemment voire du parti socialiste mais malgré tout, ils sont socialisés à gauche. Souvent, leurs cadres ont eu une sorte de compagnonnage avec la gauche, Brice Lalonde était au PSU par exemple. Du côté des Alsaciens ce n’est pas du tout le cas, Antoine Waechter , qui était jeune au moment de Mai 68, ne fait pas Mai 68, ça ne lui parle pas comme univers politique. Donc il y a chez cet écologisme alsacien à cette époque, l’idée que le problème et l’origine de la crise environnementale, ce n’est pas le capitalisme en tant que tel, c’est le productivisme, qu’il soit de gauche ou de droite, avec une critique qui met ces deux sensibilités à égal distance avec l’idée que l’écologie doit être vraiment le nouveau modèle, le nouveau clivage. Et ça, c’est observable chez « Écologie et survie » dès cette époque quand il dit justement « Halte au cancer de l’expansion », ça vise tous les types de développement tels qu’ils sont envisagés à cette époque, qu’ils soient de gauche ou de droite. Et ça, c’est vraiment quelque chose qui structure cet écologisme alsacien et qui lui donne une spécificité relative sur le long terme.

Quelles sont leurs motivations pour se saisir de cette élection législative, est-ce que c’est une évidence pour eux de passer à l’échéance électorale ?

C’est assez paradoxal et c’est assez intéressant à analyser, ce sont pour la plupart des militants qui ont une grosse expérience et un gros investissement associatif tous autant qu’ils sont mais qui se disent que, dès lors qu’on s’investit en politique, il faut le faire vraiment, en assumant le côté politique, ce qui ne sera pas forcément le cas d’autres sensibilités qui seront beaucoup plus rétives, notamment à l’idée d’une structuration partisane. Donc il y a la volonté de tenir un peu ces deux tendances en équilibre mais dès lors qu’on fait de la politique, dès lors qu’on se présente aux élections, il faut un instrument qui soit adapté en quelque sorte. Ce qu’il faut bien avoir aussi à l’esprit, c’est qu’on est encore au temps de l’ORTF où la médiatisation des idées se fait de manière plus contrainte qu’elle ne peut se faire à l’heure actuelle, à la fois d’un point de vue des moyens de communication, des moyens technologiques, mais aussi d’un point de vue institutionnel. Se présenter aux élections, c’est pouvoir faire de l’affichage dans les lieux de la circonscription mais aussi tenir des réunions publiques et donc toucher un public plus large que ce qui était envisagé auparavant. Et donc se présenter pour diffuser des idées, pour faire une action de propagande électorale, c’est très important à cette époque. L’originalité des Alsaciens, c’est que très vite, ils vont se dire, d’accord, on utilise les élections pour diffuser nos idées mais tant qu’à faire, on va aussi essayer de réaliser les meilleurs scores possibles, voire de se faire élire. Ils vont se saisir très tôt de cette dimension-là et très tôt aussi, ils vont faire de bons scores. C’est-à-dire qu’en 73, ils font 2,7 %, ce qui n’est pas beaucoup, mais il faut bien avoir conscience qu’il le faisait de manière totalement improvisée. La campagne, ça a été un peu d’affichage là où ils pouvaient et quelques réunions, ce n’était guère au-delà. Mais très vite, en 77, 78, ils font du 12, du 15 % dans la région de Mulhouse. À ce moment-là, les écologistes font systématiquement mieux que le PSU et que le PCF, qui certes n’était pas très fort dans cette Alsace qui avait une culture politique plutôt conservatrice mais malgré tout, ils font vraiment de bons scores, ce qui permettra d’avoir des premiers élus dès les années 80.

Et pourquoi est-ce que c’est Henri Jenn qui a été choisi comme candidat? 

Alors, celui qui aurait pu et qui était quasiment pressenti, c’était Antoine Waechter, mais il était tout simplement trop jeune pour se présenter parce qu’il y avait une limite d’âge qui était un peu plus forte à cette époque, donc il fait office de « directeur de campagne », si on devait comparer à un parti structuré. Antoine Waechter avait été assez actif dans une association : « Les jeunes amis des animaux » dont le titre évoque quelque chose de relativement léger mais qui était une association assez importante pour cette époque qui s’était mobilisée notamment contre des projets routiers de rocade autour de Mulhouse et qui avait gagné. Donc, il y avait quand même une expertise du rapport de force sur le terrain qui était déjà là, et Antoine Waechter était déjà identifié malgré son jeune âge. Mais comme il ne pouvait pas être candidat, c’est Henri Jenn qui s’y est collé sans avoir vraiment d’appétence pour la chose politique en tant que telle, il ne visait pas une carrière d’homme politique professionnel. Mais voilà, il était plus âgé, il était technicien Air Liquide, donc il avait un profil qui pouvait être aussi cohérent avec la culture politique alsacienne qui était plutôt conservatrice de manière générale.

Dans les coupures de presse de l’époque il y a beaucoup d’idées qui sont toujours dans la matrice écologiste aujourd’hui, la contestation des projets d’aménagement par exemple. Mais une chose qui semble vraiment différente par rapport à aujourd’hui, c’est la question malthusianiste de l’expansion démographique. Y avait-il une spécificité alsacienne ?

Oui effectivement, alors c’est aussi une particularité des années 70 et l’écologisme alsacien n’a pas le monopole là-dessus. René Dumont, par exemple, était aussi extrêmement sensible à cette question de la démographie et c’était pour lui l’un des dangers qui menaçaient globalement le monde. Alors sur la question du conservatisme des Alsaciens, c’est vrai qu’il ne faut pas l’exagérer non plus, c’est à dire que la distinction entre la culture politique des écolos alsaciens et celle des autres a été fossilisée par un livre de Jean Jacob qui a distingué un naturalisme libertaire avec Brice Lalonde et un naturalisme conservateur qui serait incarné par Antoine Waechter notamment. Ce n’est pas totalement faux, dans le sens où, pour ces groupes alsaciens, mais pas uniquement en Alsace, l’une de leurs références, c’est Robert Hainard qui est un penseur et naturaliste Suisse. C’était un penseur sur le rapport au vivant, dont la relecture de ses idées à l’heure actuelle avec un Baptiste Morizot par exemple, est très intéressante. Ça permet de revoir un peu quel pouvait être l’originalité de Robert Hainard là-dessus, qui avait une vraie réflexion sur comment on devrait limiter la présence des sociétés et de l’homme pour laisser plus de place aux vivants et à un vivant autonome etc. Ces questions-là ont beaucoup impressionné et inspirées Antoine Waechter mais aussi Philippe Lebreton à Lyon mais par ailleurs, effectivement, Robert Hainard était quelqu’un qui ne remettait pas en cause la conception de la famille ou de la société en l’état. Ce qui le distinguait du coup d’autres sensibilités du mouvement écolo qui étaient beaucoup plus influencées par les années 68 et qui pensaient que la transformation écologique de la société devait aller de pair avec une transformation aussi culturelle et sociétale. Pour une partie des écologistes alsaciens, le parallèle entre les deux était moins évident, ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient hostiles à toute évolution mais ce n’était pas quelque chose qui allait de pair naturellement pour eux. 

La question de la participation citoyenne était très présente. Est-ce que c’est quelque chose de caractéristique des groupes ? 

Oui, cette idée d’une participation beaucoup plus grande des citoyens est vraiment essentielle pour l’ensemble des groupes écolos de cette époque. Il faut bien se rappeler qu’on était dans un État post gaullien très vertical dans lequel les préfets avaient un rôle extrêmement important et dans lequel il n’y avait quasiment pas, voire pas du tout, de dispositif de participation du public à l’édification de son cadre de vie. Si on reprend le triptyque classique pour la participation, c’est-à-dire : information, concertation ou co-construction, alors de co-construction, il n’était pas question de concertation non plus, et même l’information des populations était extrêmement limitée dans les cas des grands projets d’infrastructure. C’était une période où l’on pouvait encore décider de construire une centrale nucléaire en n’avertissant à peine le maire de la localité. Donc pour les militants écolos qui, de plus en plus, travaillaient les dossiers, rassemblaient des connaissances comme ils le pouvaient, ce qui était relativement difficile à l’époque où l’accès à la documentation était limité, l’un des points clés de leurs revendications était de ne pas laisser le monopole des décisions à ce qu’on appelait beaucoup à l’époque les technocrates, c’est-à-dire un petit groupe d’acteurs au sein des pouvoirs publics ou des entreprises publiques ou parapubliques. Ce qui a beaucoup cristallisé les revendications et les freins à l’époque, c’était le déroulement des enquêtes publiques. Quand il y a un gros projet d’infrastructure, quand il y a expropriation de populations, il faut faire une enquête publique pour déclarer un projet d’utilité publique et dans ce cadre-là, donc, il y a normalement la possibilité qui est laissée aux personnes de s’exprimer sur des dossiers d’enquête publics. C’était quelque chose qui ne servait à rien dans les années 60 et au début des années 70, très clairement, cela consistait en un vague registre ouvert à la mairie, généralement quelques heures par jour, et ce qui était écrit dessus n’avait aucune incidence sur la suite du projet. Sauf que, dans le contexte des années 70 où les gens sont de plus en plus informés, ne serait-ce que par les médias, de plus en plus diplômés aussi, cette vision extrêmement verticale de la prise de décision pour l’infrastructure, est de moins ne moins acceptable, et c’est vrai pour l’ensemble de la population, pas seulement pour des étudiants post soixante-huitard. On l’observe aussi chez les populations rurales et les paysans. Il y a vraiment une volonté de pouvoir s’exprimer et de pouvoir peser sur les dossiers. Et donc c’est vrai qu’en cela, les écolos ont su prendre en compte une revendication qui est vraiment dans l’air du temps dans des fractions assez larges de la société française de cette époque, et auxquelles les pouvoirs publics commenceront timidement à s’adapter au début des années 80 avec les différentes lois sur la participation qui se mettront en place avec la loi Bouchardeau notamment. 

Quelle importance aura eu ce groupe « Écologie et Survie » pour l’écologie politique naissante et plus largement pour les années 80 ?

Oui, ce groupe va peser, pas forcément avec le label « Écologie et survie » en tant que tel parce qu’il va être utilisé un petit peu mais de manière relativement ponctuelle par la suite, mais ceux qui vont être les animateurs de tout ça, je pense notamment à Solange Fernex et à Antoine Waechter, vont être parmi les maîtres d’œuvre du mouvement écologique qui va naître juste au lendemain de la campagne de René Dumont en 1974. Il y avait une sorte de cartel des organisations qui avaient été impliquées dans la campagne et qui voulaient continuer à faire un bout de chemin ensemble tout en conservant leur spécificité. Au sein de ce mouvement écologique les Alsaciens et mais aussi des militants comme Philippe Lebreton à Lyon, sont partisans d’une structuration plus grande et institutionnelle pour le mouvement. Ils vont toujours peser pour qu’il y ait une coordination plus importante, qu’il y ait une présentation des candidats via une plateforme unique et ainsi de suite. Ce qui était moins une sensibilité, notamment aux Amis de la terre qui, à cette époque, était dans une optique de décentralisation extrêmement forte de la prise de décision et d’autonomie des groupes locaux. Chez les animateurs d’« Écologie et Survie », il y a l’idée que si on est coordonnés, si on est unis, on pourra beaucoup plus peser sur les décisions et on pourra aussi avoir un impact plus grand lors des élections : cette unité est une des conditions de la réussite électorale et plus largement globale de ce mouvement. 

Et concernant le « ni-ni » ?

On peut effectivement tracer une sorte de généalogie du « ni-ni ». Il y a un volet idéologique, qui se construit dans les années 70, née de l’analyse de la crise écologiste comme le résultat du productivisme, de gauche comme de droite et qui formerait un ensemble de politiques publiques qui ne seraient pas forcément liées au clivage gauche-droite. S’en suit l’idée de faire émerger l’écologie comme le nouveau clivage, ce qui peut impliquer justement de vouloir s’abstraire du clivage gauche-droite.

Ce qui apparaitra dans les années 80, c’est la question de la position que les acteurs politiques doivent adopter. Est-ce que c’est une position d’autonomie totale sans alliances ? Est-ce que cela peut aller jusqu’à faire des alliances non préférentielles avec les acteurs de gauche ou de droite en fonction des considérations stratégiques et de la capacité à obtenir de bons accords ? Cette deuxième déclinaison du « ni-ni », c’est quelque chose que l’on n’observe pas encore dans les années 70. À ce moment-là il n’est pas encore question d’accords.

De la candidature d’Henri Jenn à la victoire de la liste conduite par Jeanne Barseghian, qu’est ce qui a changé ?

Il me semble qu’il y a eu de profonds changements en Alsace, qui était encore une société très particulière, comme je l’ai dit, marquée par un conservatisme politique, en profonde transformation. L’Alsace était aussi un des cœurs de l’industrialisation des années 60-70, on était en train de construire l’Europe, ce qui signifiait aussi une construction de liens économiques. Entre l’Alsace de cette période et l’Alsace d’aujourd’hui, le conservatisme politique est moins marqué, notamment dans les métropoles. Et d’ailleurs, c’est Strasbourg qu’il y a une maire écologiste, pas à Mulhouse, épicentre d’« Écologie et Survie », deux villes ayant deux sensibilités politiques relativement différentes.

L’entretien a été réalisé par Meixin Tambay et Kévin Puisieux

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