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Actualité éditoriale de l’écologie politique – 2020

- 9 juin 2020

Veille de l’actualité éditoriale de l’écologie politique proposée par la FEP

Janvier

Février

Mars

Mai

Juin


Janvier

9782348046780.JPG Abondance et liberté – Pour une histoire environnementales des idées politiques

Pierre CHARBONNIER

La Découverte, 464 pages, 24€

Sous la forme d’une magistrale enquête philosophique et historique, ce livre propose une histoire inédite : une histoire environnementale des idées politiques modernes. Il n’ambitionne donc pas de chercher dans ces dernières les germes de la pensée écologique (comme d’autres l’ont fait), mais bien de montrer comment toutes, qu’elles se revendiquent ou non de l’idéal écologiste, sont informées par une certaine conception du rapport à la terre et à l’environnement.
Il se trouve que les principales catégories politiques de la modernité se sont fondées sur l’idée d’une amélioration de la nature, d’une victoire décisive sur ses avarices et d’une illimitation de l’accès aux ressources terrestres. Ainsi la société politique d’individus libres, égaux et prospères voulue par les Modernes s’est-elle pensée, notamment avec l’essor de l’industrie assimilé au progrès, comme affranchie vis-à-vis des pesanteurs du monde.
Or ce pacte entre démocratie et croissance est aujourd’hui remis en question par le changement climatique et le bouleversement des équilibres écologiques. Il nous revient donc de donner un nouvel horizon à l’idéal d’émancipation politique, étant entendu que celui-ci ne peut plus reposer sur les promesses d’extension infinie du capitalisme industriel.
Pour y parvenir, l’écologie doit hériter du socialisme du XIXe siècle la capacité qu’il a eue de réagir au grand choc géo-écologique de l’industrialisation. Mais elle doit redéployer l’impératif de protection de la société dans une nouvelle direction, qui prenne acte de la solidarité des groupes sociaux avec leurs milieux dans un monde transformé par le changement climatique.


ecologie-relationnelle.jpg Toutes les couleurs de la Terre – Ces liens qui peuvent sauver le monde

Damien DEVILLE et Pierre SPIELEWOY

Tana, 224 pages, 18.90€

Et si tout n’était qu’une question de liens ? C’est l’hypothèse de laquelle sont partis Damien Deville et Pierre Spielewoy pour élaborer le cheminement théorique et politique de l’écologie relationnelle. Fils de la fin du XXe siècle, les auteurs font partie de cette génération qui a vécu à la fois la diversité du monde et sa destruction précipitée. S’ils formulent une puissante critique de l’uniformisation des territoires et des paysages actuellement à l’œuvre, c’est pour mieux dynamiter les barrières qui nous empêchent de penser pour et par la diversité, et nous inciter à redécouvrir la complexité du vivant, des individus et des cultures, ferment d’une société empreinte de justice et riche de rencontres. En renouvelant notre façon d’habiter la Terre et en définissant avec justesse la place de l’humanité dans la grande fresque du vivant, l’écologie relationnelle devient une ode à la pluralité et à la solidarité. Elle est le point de départ d’un projet politique qui porte avec fierté des métissages territoriaux par-delà les individus et par-delà l’Occident.


ITER.jpg Soleil trompeur – ITER ou le fantasme de l’énergie illimitée

Isabelle BOURBOULON

Les Petits Matins, 160 pages, 15€

« Mettre le Soleil en boîte » ! Tel est le rêve aux résonances prométhéennes des promoteurs d’Iter, un réacteur nucléaire expérimental situé à Cadarache, en Provence. Un projet inédit de fusion (réaction libérant de l’énergie, à l’image de ce que fait naturellement le Soleil), et non plus de fission (éclatement de noyaux d’atomes d’uranium), auquel participent les États-Unis, la Chine, la Russie, le Japon, l’Inde, la Corée du sud et l’Union européenne. Pour ses défenseurs, rien de moins que la promesse d’« une source d’énergie propre et quasiment inépuisable ». Pour ses détracteurs, une chimère scientifique doublée d’un gouffre financier : au minimum 40 milliards d’euros, dont près de la moitié à la charge des contribuables européens.

Dans une enquête très documentée, l’auteure raconte les origines politico-diplomatiques du projet sur fond de détente américano-soviétique, met au jour les mensonges des lobbys industriels, relaye les doutes d’éminents scientifiques quant à la faisabilité et à l’utilité d’Iter, alerte sur ses dangers, dévoile des pratiques de sous-traitance contraires au droit du travail… Elle souligne enfin que ce programme de très long terme (opérationnel en 2035 au mieux) entre en contradiction avec les défis du réchauffement climatique, et propose un scénario de réaffectation des crédits vers l’efficacité énergétique et les renouvelables.


climatiser-le-monde.jpg Climatiser le monde

Stephen AYKUT

Quae, 82 pages, 9.50€

La question climatique s’est diffusée dans de nombreuses sphères de la vie publique, forçant des acteurs parfois assez éloignés des enjeux écologiques à s’y intéresser. Un nombre croissant de firmes, d’associations et d’institutions se voient désormais contraints à repenser leurs orientations stratégiques, leurs routines organisationnelles et leurs pratiques économiques.

L’auteur propose de saisir les évolutions en cours comme le résultat d’une « climatisation » du monde. Cette expression traduit la capacité du changement climatique à connecter et à agréger toutes sortes de sujets aussi divers que la sécurité alimentaire, la finance ou les sols.

Paradoxalement, cette force d’attraction rend la formation des politiques climatiques de plus en plus complexe. En décryptant la gouvernance climatique instaurée notamment dans les Conferences of Parties, les COP, Stefan C. Aykut aide également à en cerner les effets ambigus et contradictoires. 


couv-zad.jpg Irréductibles – Enquête sur des milieux de vie. De Bure à Notre-Dame-des-Landes

Sylvaine BULLE

UGA, 370 pages, 25€

D’où viennent les ZAD (zones à défendre) ? Qu’est-ce que l’« autonomie politique » qui fonde théoriquement ce régime d’action ? C’est l’objet de cet ouvrage, le premier écrit par un universitaire sur ce sujet, qui appréhende les mouvements d’occupation tournés vers l’appropriation ou l’action directe en prise avec des territoires à partir d’une enquête de terrain menée en grande partie sur la ZAD Notre-Dame-Des-Landes.

En dehors du système marchand et capitaliste, même dans ses dernières itérations « vertes »,  l’autonomie politique défend l’idée que des formes politiques et sociales émergentes ne peuvent être absorbées. C’est le cas des ZAD qui, par l’occupation et la prise territoriale, tentent d’échapper à toute récupération politique.

L’étude menée par S. Bulle est une première approche universitaire sur un sujet qui, par sa nouveauté et sa radicale différence, échappait jusqu’alors aux normes classiques de la sociologie. Elle est l’une des premières à identifier les fondements normatifs, économiques et les grammaires structurées autour de principes moraux et politiques : la non domination, la solidarité et l’associationisme dans la gestion des territoires ainsi que le refus des systèmes économiques et de toute extériorité renvoyant à un « dehors étatique ».


ostrom.jpg Discours de Stockholm – En réception du Nobel d’économie 2009

Elinor OSTRUM

C&F Éditions, 118 pages, 16€

Elinor Ostrom est mondialement reconnue pour son travail sur les communs. Relire ou découvrir son discours d’acceptation du Nobel d’économie de 2009 montre combien sa vision à la fois écologique et sociale ouvre des perspectives actuelles. Elle a su critiquer les modèles de l’économie dominante et mobiliser son savoir scientifique issu du terrain au profit d’une vision humaniste. Elle propose de remplacer le modèle abstrait d’individus réduits à des calculateurs à la recherche d’avantages vers des coopérateurs protégeant collectivement les ressources vitales. Sa théorie s’appuie sur de nombreuses recherches coopératives sur le terrain dans le monde entier.

Dans sa préface, Benjamin Coriat remet en perspective les travaux d’Elinor Ostrom au sein des recherches actuelles sur les communs. Il donne des clés pour comprendre les travaux d’Elinor Ostrom et ouvre des perspectives pour le mouvement des communs.


Février

face-a-la-puissance.JPG Face à la puissance – Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel

François JARRIGE et Alexis VRIGNON (dir)

La Découverte, 400 pages, 25€

La question de l’énergie et de ses crises sature l’actualité, les médias, comme les agendas politiques. Grand défi du présent, elle modèle nos modes de vie et nos rapports au monde à l’heure du triomphe du numérique, de l’électrification totale et du changement climatique.
Longtemps, l’histoire de l’énergie a été ramenée à l’essor de la puissance rendu possible par le progrès technique, à un processus linéaire qui verrait les sociétés humaines maîtriser toujours plus leur environnement pour en extraire des ressources indispensables à leur fonctionnement.
Mais ce récit rassurant, qui n’a cessé d’accompagner la modernité, se fissure désormais à l’âge des crises globales et des inégalités béantes. La croyance dans l’abondance énergétique et la quête de puissance infinie qui la porte se heurtent aux limites planétaires, en dépit des utopies abstraites qui continuent de promettre l’énergie abondante et gratuite pour tous.
Cet ouvrage novateur retrace ces débats sur deux siècles en proposant une contre-histoire de l’énergie à l’époque contemporaine, depuis l’entrée dans l’ère industrielle et sa dépendance croissante aux combustibles fossiles. Ce faisant, il souhaite contribuer à l’avènement d’un autre système énergétique, plus sobre et durable, plus conforme aussi à la fragilité du monde, chaque jour plus apparente.


ivan-illich.jpg Ivan Illich et la société conviviale

Thierry PAQUOT

Le Passager Clandestin, 128 pages, 10€

‘La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être.’

Philosophe, historien, prêtre sans paroisse, enseignant nomade et polyglotte, Ivan Illich (1926-2002) fut une figure incontournable des débats intellectuels des années 1970. Implacable critique de la société industrielle, il a démontré qu’au-delà d’un certain seuil, les institutions se révèlent contre-productives. Il a dénoncé la tyrannie des besoins dictés par la société de consommation et mis en garde contre la dépendance exercée par les outils démesurés du capitalisme.

Il oppose au productivisme et au culte de la croissance un art de vivre qui entremêle sobriété, simplicité et générosité. La société conviviale dessinée par Illich cherche à garantir l’autonomie et la créativité humaines.

À l’heure où la technologie et l’économie ne cessent d’étendre leur emprise sur la société, Thierry Paquot nous invite à redécouvrir une pensée stimulante et anticonformiste qui accompagne aujourd’hui de nombreuses pratiques alternatives.


écologie-sociale.png L’écologie sociale – Penser la liberté au-delà de l’humain

Murray BOOKCHIN

Wildproject, 336 pages, 22€ 

Aucun des problèmes écologiques ne pourra être véritablement résolu sans un profond changement social – telle est la conviction qui traverse l’œuvre de Murray Bookchin.

Aux origines du « municipalisme libertaire » pour lequel il est principalement reconnu, Bookchin a mené une réflexion théorique fondamentale sur l’écologie. 

Ce recueil explore de façon critique les relations entre sociétés humaines et milieux naturels. Ce projet passe notamment par une archéologie de la domination, l’élaboration d’une philosophie de la nature, l’exploration des conditions et des formes de la liberté, des réflexions sur une technologie au service de la vie, et une décolonisation des imaginaires.


paysage-rancière.jpg Le temps du paysage – Aux origines de la révolution esthétique

Jacques RANCIÈRE

La fabrique, 144 pages, 14€

En 1790, Kant introduit l’art des jardins dans les Beaux- Arts et les scènes de la nature déchaînée dans la philosophie. La même année, Wordsworth lit les signes de la révolution sur les routes et les rivières de la campagne française tandis que Burke dénonce ces révolutionnaires niveleurs qui appliquent à la société la symétrie des jardins à la française. Le paysage est ainsi bien plus qu’un spectacle qui charme les yeux ou élève l’âme. Il est une forme d’unité de la diversité sensible qui bouleverse les règles de l’art et métaphorise l’harmonie ou le désordre des communautés humaines. À travers un siècle de débats sur l’art du paysage, Jacques Rancière poursuit son enquête sur cette révolution des formes de l’expérience sensible qui unit et excède les bouleversements de l’esthétique et ceux de la politique.


chinamérique-climat.jpg L’Aigle, le Dragon et la Crise planétaire

Jean-Michel VALENTIN

Seuil, 368 pages, 22€

Tandis que les effets du changement climatique sont ressentis de plus en plus violemment en Chine comme aux États-Unis, avec une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, une guerre commerciale sans précédent oppose ouvertement ces deux pays depuis mars 2018. L’interdépendance profonde et complexe qui unit en les opposant ces deux puissances depuis le XIXe siècle est aussi l’un des principaux moteurs de la crise écologique et climatique planétaire. Cette croissance « chinaméricaine » émet près de 45% des gaz à effet de serres, exerce une pression phénoménale sur la biodiversité et induit une compétition toujours plus féroce pour l’accès aux ressources naturelles et énergétiques.
La « Chinamérique » est ainsi une force tellurique qui verrouille la Terre dans une trajectoire d’aggravation permanente, tout en se déchirant elle-même. Allons-nous vers un long conflit entre l’Aigle et le Dragon ? Et, si c’est le cas, la Terre s’en remettra-t-elle ?


nicolas-g-roegen.jpg La décroissance – Entropie, écologie, économie

Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

Sang de la Terre, 302 pages, 25€

La pensée économique occidentale a complètement ignoré la métamorphose de la science depuis la double révolution intellectuelle de Carnot et Darwin : la découverte de l’entropie et de l’évolution. Dans cet ouvrage de référence, Nicholas Georgescu-Roegen met l’accent sur les axes négligés de la pensée économique et dévoile une vérité écologique importante : le développement ne saurait se poursuivre sans une restructuration et une réorientation radicale de l’économie.
Economiste et mathématicien de renom, Nicholas Georgescu-Roegen a été à l’origine du mouvement de la décroissance, dont cet ouvrage phare est sans conteste le manifeste. A l’heure où l’urgence climatique se fait de plus en plus pressante, il est nécessaire de relire ce livre aux accents prophétiques.


écologie-XXI-siècle.jpg L’écologie du XXIe siècle

Hervé KEMPF (dir)

Seuil, 224 pages, 12€

La grande affaire du XXIe siècle sera l’écologie : comment, face à une dégradation de la biosphère jamais observée dans l’histoire, allons-nous empêcher le désastre et refaire une société juste et pacifiée ? Ceux qui tiennent aujourd’hui les manettes de la société n’ont pas la réponse à cette question cruciale. Mais une nouvelle génération arrive aux commandes et donne le ton de ce que seront les décennies à venir.

L’équipe de Reporterre est allée interroger ses plus vaillants représentants : Claire Nouvian, Pablo Servigne, François Ruffin, Corinne Morel Darleux, Jon Palais, Jade Lindgaard, Alessandro Pignocchi, Angélique Huguin, Matthieu Amiech, Fatima Ouassak, Pierre Rigaux, Juliette Rousseau… Ces femmes et ces hommes ont tous moins de 45 ans. Nous leur avons demandé comment elles et ils étaient arrivés à l’écologie, quelle était leur vision du monde et comment, au quotidien, changer la vie. Ensemble, ils dessinent un nouveau monde, où la nature, la justice sociale, le bien commun, la sobriété, la technique retrouvent leur juste place.

Dans ces entretiens revigorants, elles et ils transmettent le goût de l’espoir et l’envie de lutter. Un livre programme, présenté par Hervé Kempf.


emotion-terre.png Les émotions de la Terre – De nouveaux mots pour un nouveau monde

Glenn ALBRECHT

Les Lien qui Libèrent, 368 pages, 23€

L’ampleur des bouleversements de l’Anthropocène est telle que les mots pour décrire les émotions n’existent pas toujours. Dans cet ouvrage, l’éminent scientifique Glenn Albrecht propose une vision du monde radicalement nouvelle pour sortir de la crise écologique. En créant le concept de Symbiocène qui se substitue à l’ère Anthropocène il nous faut inventer de nouveaux noms pour qu’advienne un nouveau monde. Un livre événement !


coup-état-climatique.jpg Le coup d’état climatique

Mark ALIZART

Presses Universitaires de France, 96 pages, 9.90€

Il n’y a pas de crise climatique. Il y a une volonté politique que le climat soit en crise. Telle est la thèse défendue par Mark Alizart dans cet ouvrage brillant et provocateur. Quand des États ne laissent pas seulement brûler leurs forêts, mais appellent à y mettre le feu ; quand ils ne se contentent pas d’ignorer l’accord de Paris, mais le déchirent en public ; quand ils ne se bornent pas à douter des scientifiques mais les intimident : on peut affirmer qu’ils font tout pour que la planète soit détruite. Car la crise climatique produit ses gagnants – des individus pariant sur l’effondrement du monde comme sur des valeurs boursières à la baisse. Face à ce véritable coup « carbofasciste » ourdi contre l’humanité, modifier nos comportements individuels ne suffit pas. Il est nécessaire de repenser les conditions d’une révolution en faveur d’un véritable « écosocialisme »


trou-noir-capitalisme.jpg Le trou noir du capitalisme – Réhabiliter le travail, instituer les communs et socialiser la monnaie pour ne pas y être aspiré

Jean-Marie HARRIBEY

Bord de l’Eau, 336 pages, 22€

Le capitalisme ressemble de plus en plus à ces trous noirs qu’ont identifiés les astrophysiciens. Entraîné par une logique d’expansion infinie, il entend absorber toutes les activités humaines, les ressources naturelles, les connaissances et tout le vivant, pour en faire des marchandises.

Mais cette dynamique menace de rompre : en rabotant drastiquement les droits sociaux et en détruisant les équilibres naturels, le capitalisme engendre une crise systémique indépassable car elle jumelle pour la première fois dans l’histoire contradictions sociales et écologiques. Il égare donc l’humanité dans une voie sans issue, la financiarisation de l’économie ne pouvant que nous y précipiter encore plus vite.

Ce livre réunit de façon inédite les racines sociales et écologiques de l’impasse du mode de production capitaliste. Il montre que les concepts fondamentaux de Marx d’exploitation, de valeur tournée vers l’accumulation de capital et de rapports sociaux inégalitaires, restent les meilleurs outils d’analyse critique.

Il définit ensuite trois principes de bifurcations possibles pour quitter cette voie sans issue. Réhabiliter le travail, pour lui donner sens et dignité. Instituer les biens et services publics et les biens communs, pour garantir un espace non marchand hors de la propriété privée. Socialiser la monnaie, pour lui rendre son caractère collectif et politique. La réunion de ces trois principes est directement inspirée de l’avertissement de Polanyi, selon lequel la marchandisation du travail, de la terre et de la monnaie serait mortifère pour la société. Il est possible alors de s’éloigner du trou noir du capitalisme en rompant avec sa logique et d’amorcer ainsi une véritable transition sociale et écologique.


art-habiter-sale.jpg L’art d’habiter la terre – La vision biorégionale

Kirkpatrick SALE

Wildproject, 276 pages, 22€

Imaginons un monde structuré par la diversité écologique et culturelle, plutôt que par des paramètres économiques et nationaux. 

Le biorégionalisme est un mode d’organisation alternatif de la société, à des échelles de territoires écologiquement salubres (celles des bassins-versants), avec des communautés attentives aux modes d’habitat et des systèmes économiques renouvelables. 

Cet ouvrage invite au développement réaliste de ces communautés biorégionales et des lieux où elles sont établies, afin de mettre en place une société qui cesse de détruire la vie.

Publié en 1985, L’Art d’habiter la terre est unanimement considéré comme l’ouvrage de référence du mouvement biorégionaliste – dont d’autres figures sont Peter Berg et Gary Snyder.

Le contexte de cette traduction française tardive est celui d’un regain d’intérêt actuel de nombreux chercheurs pour le mouvement biorégionaliste.


Mars

Etre-ecofeministe_0.png Être écoféministes – Théories et pratiques

Jeanne BURGART-GOUTAL

L’Échappée, 320 pages, 20€

Oppression des femmes et destruction de la nature seraient deux facettes indissociables d’un modèle de civilisation qu’il faudrait dépasser : telle est la perspective centrale de l’écoféminisme. Mais derrière ce terme se déploie une grande variété de pensées et de pratiques militantes.
Rompant avec une approche chic et apolitique aujourd’hui en vogue, ce livre restitue la richesse et la diversité des théories développées par cette mouvance née il y a plus de 40 ans : critique radicale du capitalisme et de la technoscience, redécouverte des sagesses et savoir-faire traditionnels, réappropriation par les femmes de leur corps, apprentissage d’un rapport intime au cosmos…
Dans ce road trip philosophique alternant reportage et analyse, l’auteure nous emmène sur les pas des écoféministes, depuis les Cévennes où certaines tentent l’aventure de la vie en autonomie, jusqu’au nord de l’Inde, chez la star du mouvement Vandana Shiva. Elle révèle aussi les ambiguïtés de ce courant, où se croisent Occidentaux en quête d’alternatives sociales et de transformations personnelles, ONG poursuivant leurs propres stratégies commerciales et politiques, et luttes concrètes de femmes et de communautés indigènes dans les pays du Sud.


livre-écolo.png Le livre est-il écologique ? – Matières, artisans, fictions

Association écologie du livre

Wildproject, 112 pages, 9€

Bien plus qu’un ebook, le livre peut être un support écologiquement vertueux.

Mais depuis vingt ans, l’objet livre et ses usages se sont industrialisés et mondialisés – concentration du monde de l’édition, délocalisation des impressions, essor du numérique…

Cet objet manufacturé séculaire se retrouve aujourd’hui pris en tenaille entre des logiques artisanales et industrielles.

Face aux exigences nouvelles des lecteurs, des questions inédites émergent. Sur quels piliers voulons-nous construire la chaîne du livre de demain ?

Entretiens, écofictions et manifestes : des libraires, des éditeurs, des auteurs et des forestiers invitent à imaginer le livre de l’après-pétrole.


Climat-Parlons-vrai.jpg Climat – Parlons vrai

Jean JOUZEL et Baptiste DENIS

Éditions François Bourin, 216 pages, 16€

Est-il trop tard pour sauver le climat ? Une justice climatique est-elle possible ? Que penser du ‘capitalisme vert’ ? La collapsologie est-elle aussi paralysante que le climatoscepticisme ?

Autant de questions, et bien d’autres, abrordées ici par Jean Jouezel, l’un des plus grand climatologues français, et Baptiste Denis, jeune citoyen engagé.

Entre mises au point scientifiques et réflexion sur nos responsabilités, le livre propose une analyse lucide de la situation dans un dialogue juste et sans langue de bois.


plantes.png Ce que les plantes ont à nous dire

François COUPLAN

Les Liens qui Libèrent, 352 pages, 22€

« Sincèrement, que pensez-vous des plantes ? Vous les aimez ? Vous les détestez ? Vous les mangez ? Elles vous laissent indifférent ? Quoi qu’il en soit, elles sont là, partout autour de vous – et je pense qu’elles peuvent changer votre vie. Comment ? Laissez-moi tout d’abord vous emmener à leur rencontre. Et ouvrez grand vos oreilles… car les plantes parlent à ceux qui savent les entendre. Le monde végétal est fascinant : je l’explore depuis toute une vie sans cesser un instant de m’en émerveiller. Je vous propose ici de découvrir les extraordinaires secrets des plantes et la longue et tumultueuse relation que l’homme entretient avec elles. Une aventure commune qui façonne son histoire depuis la nuit des temps… »       

François Couplan, ethnobotaniste de renom, nous invite à un fascinant voyage avec les plantes, à travers les lieux et les cultures. Depuis de nombreuses années il parcourt la planète, et explore les différentes manières d’entrer en relation et de vivre avec elles. Voici une odyssée précieuse qui nous entraîne de découverte en surprises dans le monde fascinant des végétaux.


économie-delannoy.png L’économie expliquée aux humains

Emmanuel DELANNOY

Wildproject, 160 pages, 9€

« Homo sapiens, cher grand primate bipède doté de raison, c’est à vous que j’écris aujourd’hui. Je voudrais, avant d’aller plus loin et au risque de vous perturber, vous faire d’emblée cet aveu : je m’appelle Cerambyx cerdo, et je ne suis pas un être humain. »

Sur l’économie, l’intelligence collective, le biomimétisme, la fin du pétrole, les « services » rendus par la nature, l’écologie industrielle…

Un grand insecte venu de la nuit des temps renverse nos perspectives et nous initie à l’avenir.

Pour tous les lecteurs, de 10 à 100 ans


144831_couverture_Hres_0.jpg Rêver grand – Ces enfants qui s’engagent pour la planète

Elsa GRANGIER

Seuil, 192 pages, 17€

« Ensemble, nous avons rêvé grand ! Et nos rêves nous ont conduits bien au-delà de nos espérances : jusqu’au Parlement européen et aux Nations unies. Il nous aura fallu un an pour fédérer 310 jeunes de 10 pays d’Europe et écrire la première Déclaration européenne des droits de la planète et du vivant. »

Ils s’appellent Soujoud, Maélys, Thomas, Rémy, Osswa, Yasmin, Noémi, Elmezoir, Bilal, Sana, Kati, Houcine, Léon… Ils ont aujourd’hui 12 ans pour la plupart d’entre eux. Ils habitent le quartier de Beauregard à Poissy et veulent sauver la planète. En octobre 2018, ils se constituent en lobby en réaction à la démission de Nicolas Hulot. Ils travaillent, rencontrent des experts et des responsables politiques, font des propositions concrètes et… déplacent des montagnes. Tout cela hors du temps scolaire, avec le soutien indéfectible de leur ancienne enseignante de CM2, Anaïs Willocq, et d’Elsa Grangier, réalisatrice, qui raconte cette extraordinaire aventure éducative et citoyenne.

Ce récit est celui d’une jeunesse qui s’engage pour l’environnement. Une jeunesse qui se mobilise, dans la rue, dans les écoles, sur les réseaux sociaux. Une jeunesse qui déborde d’énergie et d’intelligence pour agir. Une jeunesse qui se lève, encouragée par des adultes décidés à mettre leurs compétences et leur temps à leur service. Une jeunesse qui nous réveille et nous redonne espoir !


collapsonautes.png Générations collapsonautes  – Naviguer par temps d’effondrements

Yves CITTON et Jacopo RASMI

Seuil, 288 pages, 23€

Nous voyons les banquises fondre, les espèces disparaître, les inégalités s’exacerber : tout nous annonce que nos modes de vie sont condamnés à un « effondrement » qui vient. Nous savons la nécessité d’une mutation vertigineuse, à laquelle nous ne parvenons pas à croire.

Comment sortir de cette hantise – sans nier sa réalité ni subir sa fascination ? En multipliant les perspectives qui dévoilent une pluralité d’effondrements déjà en cours, plutôt qu’un unique écroulement à venir. En questionnant ce « nous » de la collapsologie à partir de temporalités alternatives, d’attentions altérées, de points de vues excentrés et excentriques.

Écrit à quatre mains, ce livre s’adresse à toutes les générations collapsonautes– jeunes et moins jeunes – qui ont mieux à faire que se laisser méduser par la menace des catastrophes à venir. Désespérées mais pas pessimistes, elles s’ingénient à accueillir et cultiver des formes de vie qui échappent par le haut au capitalisme extractiviste. Condamnées à naviguer sur les effondrements en cours, elles génèrent d’ores et déjà des arts inédits du soulèvement et du montage – dont ce bref essai encourage à hisser les voiles.


écosophie.png Une écosophie pour la vie – Introduction à l’écologie profonde

Arne NAESS

Seuil, 304 pages, 9€

Étonnamment méconnue en France, l’écosophie d’Arne Næss, philosophe majeur du XXe siècle, est ici présentée à travers dix textes accessibles et sensibles. On y apprend ce qu’est véritablement l’écologie profonde (deep ecology) par opposition à l’écologie superficielle : née d’une relation intime avec la montagne, cette pensée restitue à tous les êtres vivants et à la nature une valeur intrinsèque, indépendamment de leur utilité pour les êtres humains. Prolongeant la pensée de Spinoza, Næss montre que l’affection pour tout ce qui est vivant ou « écosophie » – et non le rapport objectivant, gestionnaire ou dominateur sur la nature – est au cœur du développement personnel, de la formation de l’identité sociale… et d’une société plus juste.


perdre-la-terre.png Perdre la Terre – Une histoire de notre temps

Nathaniel RICH

Seuil, 240 pages, 8.50€

1979. À peu près tout ce que nous comprenons à l’heure actuelle du réchauffement climatique était compris. Et même mieux compris, sans doute. Les principaux aspects du problème étaient tranchés, sans débat possible, et les spécialistes, loin de se disputer sur l’établissement des faits, travaillaient à en affiner les conséquences. Il y a trente ans, nous aurions pu sauver la Terre. Pourtant nous n’avons rien fait. Après des années d’enquête et plus de cent interviews réalisées avec le soutien de la Fondation Pulitzer, Nathaniel Rich retrace comment la planète a raté son rendez-vous avec le climat, comment malgré les efforts de plusieurs lanceurs d’alerte, d’intérêts parfois concordants, souvent contradictoires, y compris de l’industrie pétrolière, rien n’a été fait pour stopper le changement climatique. Implacable et passionnant, Perdre la Terre est un document pour l’histoire. Notre histoire.


agro-histoire.png Terres, pouvoirs et conflits – Une agro-histoire du monde (2e édition)

Pierre BLANC

Presses de Sciences Po, 396 pages, 20€

La terre prodigue ses ressources et confère la puissance à ceux qui se l’approprient. Les sociétés n’ont eu de cesse de se battre et de mourir pour elle : conquêtes, guerres civiles, autoritarismes, etc.

Des fascismes européens aux dictatures latino-américaines, de la révolution chinoise aux guérillas colombiennes, combien de séquences politiques ont eu pour arrière-plan une terre mal distribuée ? Des États-Unis de la guerre froide à la Chine et la Russie d’aujourd’hui en passant par les pays du Golfe, combien de pays ont exprimé leur volonté de domination et de sécurité par une emprise foncière ? Des Kurdes aux Tibétains, des Palestiniens aux Ouïgours, combien de peuples ont vu leurs terres se dérober et leur rêve de reconnaissance s’évanouir ? Pierre Blanc réexamine l’histoire contemporaine en plaçant la question foncière au coeur des logiques de pouvoir.


biodiv-nat-culture.png Biodiversité – Entre nature et culture

Alexandra LIARSOU

Sang de la Terre, 160 pages, 18€

Le discours sur la biodiversité révèle les contradictions du modèle de développement dit durable dans le cadre d’une économie ultralibérale. Après une partie critique vivifiante sur les discours, structures et politiques de gestion de la biodiversité, l’auteure développe deux exemples très significatifs : l’histoire du castor européen et celle de la carpe et de la tanche. Ces études de cas posent la question des définitions d’espèce autochtone et allochtone, sauvage et domestique, utile et nuisible, et de la place de l’être humain par rapport au reste du monde vivant.

Cet ouvrage de synthèse, à travers deux cas particuliers, questionne la protection de la biodiversité et les conséquences des décisions politiques liées à la nature. Une étude fondamentale et d’une actualité toujours aussi criante.


Mai

écolo-dépression.jpg Comment rester écolo sans finir dépressif

Laure NOUALHAT

Tana Éditions, 256 pages, 18.90€

Ça y est ! Tout le monde l’adore et tout le monde s’en revendique : l’écologie. La société entière semble mûre pour devenir verte ! À un détail près : devenir écolo, c’est basculer dans les affres du doute et des drames. Les limites sont atteintes, les espèces disparaissent sous nos yeux ébahis, notre ciel fait des siennes, notre cadre de vie change à vue d’œil… L’écologie est le royaume de la mauvaise nouvelle, et notre météo intérieure n’y est plus au beau fixe. On appelle cela l’éco-anxiété, la solastalgie, la dépression verte, le burn out bio.

Les premiers à avoir dégusté sont les scientifiques scrutant les atermoiements de Gaïa, et dans leur foulée les journalistes environnementaux et les militants d’ONG, qui ont alerté sans relâche. Une question nous tenaille : quel est leur secret pour rester debout ? Peuvent-ils nous montrer une voie, celle de la résilience, de l’acceptation, de la marche vers un avenir moins naïf et plus juste ?

À partir de son expérience personnelle de journaliste environnementale, Laure Noualhat va partir à la rencontre de congénères atteints, eux aussi, par l’écodépression, qui lui confieront de quelle façon ils ont remonté la pente, forgé leur salut et retrouvé leur confiance en l’avenir. Ce livre vous propose d’embarquer pour un voyage qui mène de la sidération à la résilience, au fil de pistes et d’outils pour aller mieux, en naviguant à votre rythme d’une étape à l’autre. Parce que, comme on dit chez les Kennedy, on ne va pas se laisser abattre !


ecologie-reinvente-la-politique.jpg Comment l’écologie réinvente la politique – Pour une économie des satisfactions

Jean HAËNTJENS

Rue de l’échiquier, 160 pages, 15€

La montée en puissance de l’urgence écologique n’est pas seulement en train de bouleverser les échiquiers politiques. Elle remet en cause nos modes de vie, nos façons de consommer, de produire, de financer et de gouverner, et donc le modèle dominant de l’économie des richesses. Pour absorber cette onde de choc, et en tirer le meilleur, il ne suffira pas de « verdir » nos pratiques ni de critiquer les pouvoirs en place. Il faudra disposer d’un autre cadre de pensée : c’est l’ambition de ce livre.

En s’appuyant sur l’analyse des « systèmes de satisfaction » qui ont précédé et préparé l’actuelle société de consommation et sur les exemples de pouvoirs locaux qui ont réussi à engager des conversions écologiques efficaces, Jean Haëntjens jette les bases de ce que pourrait être une économie des satisfactions. Il utilise ensuite ce cadre pour construire des réponses concrètes et inédites à trois défis contemporains : l’inertie de nos sociétés face à l’urgence écologique, l’implosion de la démocratie et la montée en puissance d’un cybercapitalisme qui aspire à gouverner le monde.

Au-delà son apport conceptuel, Jean Haëntjens propose une méthode politique fondée sur la notion de satisfaction. Il s’adresse à toutes celles et tous ceux qui veulent faire advenir une société compatible avec les limites de la planète. Et, plus largement, à toutes les personnes préoccupées par les défis écologiques et sociopolitiques contemporains.


limites-planétaires.JPG Les limites planétaires

Aurélien BOUTAUD et Natacha GONDRAN

La Découverte, 126 pages,10€

La question des limites environnementales a traversé les XIXe et XXe siècles sans vraiment parvenir à s’imposer. La donne serait-elle en train de changer en ce début de XXIe siècle ? Face à la multiplication des atteintes portées au « système Terre », la communauté scientifique s’est lancée depuis quelques années dans un projet aussi urgent qu’ambitieux : proposer aux décideurs et au grand public un aperçu des principales variables qui déterminent l’équilibre des écosystèmes à l’échelle planétaire. Au-delà du climat et de la biodiversité, ces travaux abordent également des questions moins connues du grand public, comme le déséquilibre des cycles biogéochimiques, le changement d’affectation des sols, l’introduction de polluants d’origine anthropique dans les écosystèmes ou encore l’acidification des océans. Autant d’enjeux pour lesquels la communauté scientifique essaie aujourd’hui de déterminer des frontières à ne pas dépasser si l’humanité veut éviter les risques d’effondrement.


voyage-effondrement.jpg Voyages en effondrement – Un pire évitable ou une période à vivre ?

Valérie GARCIA et Marc PLEYSIER

Les éditions Utopia, 384 pages, 10€

Effondrement ? La récente pandémie Covid-19 a rendu plus concret l’objet de réflexion initié par cette étrange population autodéclarée collapsologue. Cette crise sanitaire mondiale sera-t-elle un accélérateur de l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle?

Si le sujet est inquiétant, il est aussi vital et passionnant. Le foisonnement des débats et l’extension récente de cette interrogation à un plus large public le confirment. Au-delà des nouveaux spécialistes: philosophes, scientifiques, collapsologues et maintenant épidémiologistes, les auteur.es, associant enquêtes, observations de terrain, argumentations scientifiques, écopsycholog

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