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Le regard d’une agricultrice australienne sur les discussions climatiques de Paris

- 3 décembre 2015

Pendant la durée de la COP21, la FEP vous propose, en partenariat avec le «Melbourne Sustainable Society Institute» (MSSI) de l’Université de Melbourne, une série d’articles sur les négociations climatiques écrits par des chercheurs et des activistes australiens. Les articles sont disponibles en anglais sur le site du MSSI.

Pendant la durée de la COP21, la FEP vous propose, en partenariat avec le « Melbourne Sustainable Society Institute » (MSSI) de l’Université de Melbourne, une série d’articles sur les négociations climatiques écrits par des chercheurs et des activistes australiens. Les articles sont disponibles en anglais sur le site du MSSI.

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Les agriculteurs sont en première ligne du changement climatique. L’environnement dans lequel nous vivons et travaillons change, et nous n’avons guère d’autre choix que de changer aussi pour répondre aux exigences futures de production, tout en veillant sur l’environnement et sur nos communautés.

Je suis agricultrice dans la province australienne de la Nouvelle-Galles du Sud et je viens à Paris pour le sommet climatique. Ma passion pour l’agriculture est née dans les grands enclos ouverts du ranch à moutons familial. Notre exploitation est située à l’extrême ouest de la Nouvelle-Galles et nous élevons une race de mouton africaine bien adaptée au climat sec des terres intérieures ainsi que des chèvres, que nous laissons pâturer. La variabilité climatique naturelle de notre région est très élevée, ce qui signifie que depuis toujours l’environnement met à l’épreuve les exploitants agricoles venus s’installer ici. La sécurité de l’eau dans notre région est la première difficulté; les précipitations annuelles moyennes s’élèvent à seulement 226 mm. Pendant les mois d’été, les températures extrêmement élevées sont monnaie courante. Ces conditions exercent une pression sur le bétail, la végétation et les ressources hydriques.

Selon les projections, le changement climatique rendra ma région d’Australie encore plus chaude et plus sèche. Donc, les exploitants agricoles sont contraints de s’adapter à ce changement et d’atténuer les causes de changements ultérieurs.

Nous sommes la première génération qui comprend vraiment les répercussions du changement climatique et nous sommes la dernière génération capable d’entreprendre quelque chose pour le contrer. Puisqu’il nous incombera de produire les aliments du futur, nous devons acquérir les compétences et les connaissances indispensables, et disposer des structures de soutien, pour garantir la sécurité alimentaire dans ce pays.

Comment le changement climatique va-t-il affecter l’agriculture ?

Les répercussions du changement climatique sur l’agriculture australienne sont à la fois diverses et complexes. Chaque région, chaque secteur doit faire face à ses défis et peut exploiter des possibilités bien spécifiques. Le réchauffement est déjà une réalité et l’adaptation est essentielle, mais il faut agir de toute urgence pour éviter un réchauffement dangereux de 2 degrés ou plus – au-delà, l’adaptation se révèle toujours plus coûteuse et bien souvent impossible. Le fait que nous soyons déjà au-delà du seuil d’un degré souligne combien nos stratégies et nos engagements actuels sont inadaptés.

L’agriculture interagit avec l’eau, le sol et la biodiversité, à telle enseigne qu’elle influe sur la composition des écosystèmes. Elle fait vivre les communautés rurales et fournit près de 90 % de la nourriture consommée en Australie. Malheureusement, les impacts du changement climatique sur l’agriculture iront en grandissant. La disponibilité et la qualité de la nourriture diminueront probablement tandis que les coûts de sa production augmenteront, ce qui signifie que le prix des aliments ne pourra que s’accroître. On ne saurait donc surestimer l’importance de l’agriculture dans le contexte de la conférence des Nations unies sur le changement climatique.

Le secteur agricole australien est bien positionné pour favoriser les énergies renouvelables.

Quel traitement le sommet climatique de Paris réservera-t-il à l’agriculture ?

Le sommet des Nations unies débute le 30 novembre. Presque tous les jours, des discussions sur l’agriculture s’y tiendront, abordant le sujet depuis divers thèmes et perspectives. La Journée des agriculteurs sera un événement phare de la conférence. Il se tiendra dans la grande salle de conférence, le 2 décembre. Cet événement est consacré à la recherche de solutions améliorant la résilience et la productivité agricoles afin de garantir la sécurité alimentaire. Il réunira des associations d’agriculteurs, des chercheurs et la société civile, qui concentreront leurs efforts sur les meilleures stratégies ; je serai présente. Vous pouvez suivre le déroulement de la Journée sur Twitter – sur #FarmersDay et #COP21.

La Journée des agriculteurs sera le théâtre de plusieurs sessions :

Partenariats pour améliorer la résilience et la productivité agricoles dans un climat qui change

La discussion abordera les possibilités et les aspects pratiques en termes d’amélioration de la capacité adaptative et de la productivité au fur et à mesure de l’évolution du climat ; il sera également question de la valeur ajoutée des partenariats.

Agroécologie : la voie à prendre pour atténuer le changement climatique et adapter l’agriculture

Cette session a pour objectif d’analyser comment l’agroécologie contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et facilite l’atténuation et l’adaptation au changement climatique ; et il sera aussi question des moyens de la perfectionner.

Partenariats pour déployer plus avant l’agriculture intelligente face au climat en Afrique : de la politique à des impacts tangibles

L’action climatique est une réalité dans toute l’Afrique, du pilotage de certaines politiques à la création d’institutions ; l’objectif est de soutenir le développement par la base d’une agriculture intelligente face au climat. Cette session explorera des approches novatrices fondées sur les partenariats, qui favorisent la résilience des petits exploitants agricoles africains.

L’agroécologie, une solution viable pour la résilience climatique et un système alimentaire durable

Les pratiques agroécologiques, l’agroforesterie en particulier, peuvent rendre d’importants services qui seront essentiels pour atteindre les Objectifs en matière de développement durable. La sécurité nutritionnelle et alimentaire occupera une place centrale, à côté de la gestion intégrée des paysages et des pratiques énergétiques.

Et ensuite ?

Tant de changements pertinents sont possibles dans l’agriculture. Le secteur agricole australien est bien positionné pour favoriser les énergies renouvelables. Grâce à nos cieux dégagés et à nos vastes horizons, nous avons la chance d’être le continent le plus ensoleillé et un des plus ventés de la Terre. Les potentialités sont innombrables pour l’énergie solaire et éolienne, sans parler d’autres sources d’énergie renouvelable comme la biomasse, la géothermie, l’hydro-électricité et l’énergie houlomotrice (énergie marine générée par le mouvement des vagues).

En revanche, il conviendrait de prévoir des mesures incitatrices pour faciliter l’abandon par les agriculteurs des combustibles fossiles. Les changements positifs auront une immense portée grâce aux interconnections présente dans ce secteur. Les agriculteurs sont désireux et capables de faire partie de la solution.


Lien vers l’article original en anglais:

http://sustainable.unimelb.edu.au/farmers-paris

Traduction en français par André Verkaeren

  • Les opinions exprimées sur ce blog sont exclusivement celles de leurs auteurs. Elles sont publiées en tant que contributions au débat public et ne reflètent pas nécessairement celles de la Fondation de l’Écologie Politique en tant qu’institution.
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