Accueil / Articles / Non classé / Actualité éditoriale – Février 2020

Actualité éditoriale – Février 2020

- 6 mars 2020

Veille de l’actualité éditoriale de l’écologie politique proposée par la FEP

face-a-la-puissance.JPG Face à la puissance – Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel

François JARRIGE et Alexis VRIGNON (dir)

La Découverte, 400 pages, 25€

La question de l’énergie et de ses crises sature l’actualité, les médias, comme les agendas politiques. Grand défi du présent, elle modèle nos modes de vie et nos rapports au monde à l’heure du triomphe du numérique, de l’électrification totale et du changement climatique.
Longtemps, l’histoire de l’énergie a été ramenée à l’essor de la puissance rendu possible par le progrès technique, à un processus linéaire qui verrait les sociétés humaines maîtriser toujours plus leur environnement pour en extraire des ressources indispensables à leur fonctionnement.
Mais ce récit rassurant, qui n’a cessé d’accompagner la modernité, se fissure désormais à l’âge des crises globales et des inégalités béantes. La croyance dans l’abondance énergétique et la quête de puissance infinie qui la porte se heurtent aux limites planétaires, en dépit des utopies abstraites qui continuent de promettre l’énergie abondante et gratuite pour tous.
Cet ouvrage novateur retrace ces débats sur deux siècles en proposant une contre-histoire de l’énergie à l’époque contemporaine, depuis l’entrée dans l’ère industrielle et sa dépendance croissante aux combustibles fossiles. Ce faisant, il souhaite contribuer à l’avènement d’un autre système énergétique, plus sobre et durable, plus conforme aussi à la fragilité du monde, chaque jour plus apparente.


ivan-illich.jpg Ivan Illich et la société conviviale

Thierry PAQUOT

Le Passager Clandestin, 128 pages, 10€

‘La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être.’

Philosophe, historien, prêtre sans paroisse, enseignant nomade et polyglotte, Ivan Illich (1926-2002) fut une figure incontournable des débats intellectuels des années 1970. Implacable critique de la société industrielle, il a démontré qu’au-delà d’un certain seuil, les institutions se révèlent contre-productives. Il a dénoncé la tyrannie des besoins dictés par la société de consommation et mis en garde contre la dépendance exercée par les outils démesurés du capitalisme.

Il oppose au productivisme et au culte de la croissance un art de vivre qui entremêle sobriété, simplicité et générosité. La société conviviale dessinée par Illich cherche à garantir l’autonomie et la créativité humaines.

À l’heure où la technologie et l’économie ne cessent d’étendre leur emprise sur la société, Thierry Paquot nous invite à redécouvrir une pensée stimulante et anticonformiste qui accompagne aujourd’hui de nombreuses pratiques alternatives.


écologie-sociale.png L’écologie sociale – Penser la liberté au-delà de l’humain

Murray BOOKCHIN

Wildproject, 336 pages, 22€ 

Aucun des problèmes écologiques ne pourra être véritablement résolu sans un profond changement social – telle est la conviction qui traverse l’œuvre de Murray Bookchin.

Aux origines du « municipalisme libertaire » pour lequel il est principalement reconnu, Bookchin a mené une réflexion théorique fondamentale sur l’écologie. 

Ce recueil explore de façon critique les relations entre sociétés humaines et milieux naturels. Ce projet passe notamment par une archéologie de la domination, l’élaboration d’une philosophie de la nature, l’exploration des conditions et des formes de la liberté, des réflexions sur une technologie au service de la vie, et une décolonisation des imaginaires.


paysage-rancière.jpg Le temps du paysage – Aux origines de la révolution esthétique

Jacques RANCIÈRE

La fabrique, 144 pages, 14€

En 1790, Kant introduit l’art des jardins dans les Beaux- Arts et les scènes de la nature déchaînée dans la philosophie. La même année, Wordsworth lit les signes de la révolution sur les routes et les rivières de la campagne française tandis que Burke dénonce ces révolutionnaires niveleurs qui appliquent à la société la symétrie des jardins à la française. Le paysage est ainsi bien plus qu’un spectacle qui charme les yeux ou élève l’âme. Il est une forme d’unité de la diversité sensible qui bouleverse les règles de l’art et métaphorise l’harmonie ou le désordre des communautés humaines. À travers un siècle de débats sur l’art du paysage, Jacques Rancière poursuit son enquête sur cette révolution des formes de l’expérience sensible qui unit et excède les bouleversements de l’esthétique et ceux de la politique.


chinamérique-climat.jpg L’Aigle, le Dragon et la Crise planétaire

Jean-Michel VALENTIN

Seuil, 368 pages, 22€

Tandis que les effets du changement climatique sont ressentis de plus en plus violemment en Chine comme aux États-Unis, avec une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, une guerre commerciale sans précédent oppose ouvertement ces deux pays depuis mars 2018. L’interdépendance profonde et complexe qui unit en les opposant ces deux puissances depuis le XIXe siècle est aussi l’un des principaux moteurs de la crise écologique et climatique planétaire. Cette croissance « chinaméricaine » émet près de 45% des gaz à effet de serres, exerce une pression phénoménale sur la biodiversité et induit une compétition toujours plus féroce pour l’accès aux ressources naturelles et énergétiques.
La « Chinamérique » est ainsi une force tellurique qui verrouille la Terre dans une trajectoire d’aggravation permanente, tout en se déchirant elle-même. Allons-nous vers un long conflit entre l’Aigle et le Dragon ? Et, si c’est le cas, la Terre s’en remettra-t-elle ?


nicolas-g-roegen.jpg La décroissance – Entropie, écologie, économie

Nicholas GEORGESCU-ROEGEN

Sang de la Terre, 302 pages, 25€

La pensée économique occidentale a complètement ignoré la métamorphose de la science depuis la double révolution intellectuelle de Carnot et Darwin : la découverte de l’entropie et de l’évolution. Dans cet ouvrage de référence, Nicholas Georgescu-Roegen met l’accent sur les axes négligés de la pensée économique et dévoile une vérité écologique importante : le développement ne saurait se poursuivre sans une restructuration et une réorientation radicale de l’économie.
Economiste et mathématicien de renom, Nicholas Georgescu-Roegen a été à l’origine du mouvement de la décroissance, dont cet ouvrage phare est sans conteste le manifeste. A l’heure où l’urgence climatique se fait de plus en plus pressante, il est nécessaire de relire ce livre aux accents prophétiques.


écologie-XXI-siècle.jpg L’écologie du XXIe siècle

Hervé KEMPF (dir)

Seuil, 224 pages, 12€

La grande affaire du XXIe siècle sera l’écologie : comment, face à une dégradation de la biosphère jamais observée dans l’histoire, allons-nous empêcher le désastre et refaire une société juste et pacifiée ? Ceux qui tiennent aujourd’hui les manettes de la société n’ont pas la réponse à cette question cruciale. Mais une nouvelle génération arrive aux commandes et donne le ton de ce que seront les décennies à venir.

L’équipe de Reporterre est allée interroger ses plus vaillants représentants : Claire Nouvian, Pablo Servigne, François Ruffin, Corinne Morel Darleux, Jon Palais, Jade Lindgaard, Alessandro Pignocchi, Angélique Huguin, Matthieu Amiech, Fatima Ouassak, Pierre Rigaux, Juliette Rousseau… Ces femmes et ces hommes ont tous moins de 45 ans. Nous leur avons demandé comment elles et ils étaient arrivés à l’écologie, quelle était leur vision du monde et comment, au quotidien, changer la vie. Ensemble, ils dessinent un nouveau monde, où la nature, la justice sociale, le bien commun, la sobriété, la technique retrouvent leur juste place.

Dans ces entretiens revigorants, elles et ils transmettent le goût de l’espoir et l’envie de lutter. Un livre programme, présenté par Hervé Kempf.


emotion-terre.png Les émotions de la Terre – De nouveaux mots pour un nouveau monde

Glenn ALBRECHT

Les Lien qui Libèrent, 368 pages, 23€

L’ampleur des bouleversements de l’Anthropocène est telle que les mots pour décrire les émotions n’existent pas toujours. Dans cet ouvrage, l’éminent scientifique Glenn Albrecht propose une vision du monde radicalement nouvelle pour sortir de la crise écologique. En créant le concept de Symbiocène qui se substitue à l’ère Anthropocène il nous faut inventer de nouveaux noms pour qu’advienne un nouveau monde. Un livre événement !


coup-état-climatique.jpg Le coup d’état climatique

Mark ALIZART

Presses Universitaires de France, 96 pages, 9.90€

Il n’y a pas de crise climatique. Il y a une volonté politique que le climat soit en crise. Telle est la thèse défendue par Mark Alizart dans cet ouvrage brillant et provocateur. Quand des États ne laissent pas seulement brûler leurs forêts, mais appellent à y mettre le feu ; quand ils ne se contentent pas d’ignorer l’accord de Paris, mais le déchirent en public ; quand ils ne se bornent pas à douter des scientifiques mais les intimident : on peut affirmer qu’ils font tout pour que la planète soit détruite. Car la crise climatique produit ses gagnants – des individus pariant sur l’effondrement du monde comme sur des valeurs boursières à la baisse. Face à ce véritable coup « carbofasciste » ourdi contre l’humanité, modifier nos comportements individuels ne suffit pas. Il est nécessaire de repenser les conditions d’une révolution en faveur d’un véritable « écosocialisme »


trou-noir-capitalisme.jpg Le trou noir du capitalisme – Réhabiliter le travail, instituer les communs et socialiser la monnaie pour ne pas y être aspiré

Jean-Marie HARRIBEY

Bord de l’Eau, 336 pages, 22€

Le capitalisme ressemble de plus en plus à ces trous noirs qu’ont identifiés les astrophysiciens. Entraîné par une logique d’expansion infinie, il entend absorber toutes les activités humaines, les ressources naturelles, les connaissances et tout le vivant, pour en faire des marchandises.

Mais cette dynamique menace de rompre : en rabotant drastiquement les droits sociaux et en détruisant les équilibres naturels, le capitalisme engendre une crise systémique indépassable car elle jumelle pour la première fois dans l’histoire contradictions sociales et écologiques. Il égare donc l’humanité dans une voie sans issue, la financiarisation de l’économie ne pouvant que nous y précipiter encore plus vite.

Ce livre réunit de façon inédite les racines sociales et écologiques de l’impasse du mode de production capitaliste. Il montre que les concepts fondamentaux de Marx d’exploitation, de valeur tournée vers l’accumulation de capital et de rapports sociaux inégalitaires, restent les meilleurs outils d’analyse critique.

Il définit ensuite trois principes de bifurcations possibles pour quitter cette voie sans issue. Réhabiliter le travail, pour lui donner sens et dignité. Instituer les biens et services publics et les biens communs, pour garantir un espace non marchand hors de la propriété privée. Socialiser la monnaie, pour lui rendre son caractère collectif et politique. La réunion de ces trois principes est directement inspirée de l’avertissement de Polanyi, selon lequel la marchandisation du travail, de la terre et de la monnaie serait mortifère pour la société. Il est possible alors de s’éloigner du trou noir du capitalisme en rompant avec sa logique et d’amorcer ainsi une véritable transition sociale et écologique.


art-habiter-sale.jpg L’art d’habiter la terre – La vision biorégionale

Kirkpatrick SALE

Wildproject, 276 pages, 22€

Imaginons un monde structuré par la diversité écologique et culturelle, plutôt que par des paramètres économiques et nationaux. 

Le biorégionalisme est un mode d’organisation alternatif de la société, à des échelles de territoires écologiquement salubres (celles des bassins-versants), avec des communautés attentives aux modes d’habitat et des systèmes économiques renouvelables. 

Cet ouvrage invite au développement réaliste de ces communautés biorégionales et des lieux où elles sont établies, afin de mettre en place une société qui cesse de détruire la vie.

Publié en 1985, L’Art d’habiter la terre est unanimement considéré comme l’ouvrage de référence du mouvement biorégionaliste – dont d’autres figures sont Peter Berg et Gary Snyder.

Le contexte de cette traduction française tardive est celui d’un regain d’intérêt actuel de nombreux chercheurs pour le mouvement biorégionaliste.


Sujets abordés :
Partager sur :