Actualité éditoriale de l'écologie politique - 2016/2017
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Veille de l'actualité éditoriale de l'écologie politique proposée par la FEP

Octobre 2016
- Le sacrifice des paysans, une catastrophe sociale et anthropologique, Pierre Bitoun et Yves Dupont, L'Échappée.
- Comment la France a tué ses villes, Olivier Razemon, Rue de l'échiquier.
- Simone Weil ou l'expérience de la nécessité, Gnevième Azam et Françoise Valon, Le passager clandestin.
- Climat, un défi pour la finance, Pierre Ducret et Maria Scolan, Les petits matins.
- Le Bonheur est dans la Scop! Un patrimoine d'expériences pour demain, François Kerfourn, Michel Porta, Les petits matins.
- La solution coopérative, Pierre Liret, Les petits matins.
- Un nouveau droit pour la Terre. Pour en finir avec l'écocide, Valérie Cabanes, Seuil.
- Gentrifications, Marie Chabrol, Anaïs Collet, Matthieu Giroud, Lydie Launay, Max Rousseau, Hovid Ter Minannian, Éditions Amsterdam.
- Élisée, avant les ruisseaux et montagnes, Thomas Giraud, La Contre Allée.
- La démondialisation ou le chaos. Démondialiser, décroître et coopérer, Aurélien Bernier, Utopia.
- La crise environnementale en Chine, Jean-François Huchet, Presses de Sciences Po.
- Les arbres dont je suis fait et autres retours sauvages, Maurice Chaudière, Actes Sud.
- Écologie et environnement. Pour une intelligence mutualisée des savoirs, Marcel B. Bouché, Actes Sud.
- Amazonie. Un jardin naturel ou une forêt domestiquée, Stéphen Rostain, Actes Sud.
- Permaéconomie, Emmanuel Delannoy, Wildproject.
Agriculture et changements globaux. Expertises globales et situations locales, Xavier Arnauld De Sartre, Peter Lang.
- La France résiste-t-elle à l'écologie?, Lucile Schmid, Bord de l'eau.
- Décider de ne pas décider. Pourquoi tant de bloocages?, Michel Claessens, QUAE.
- Nourriture et liberté, Carlo Petrini, José Bové, Serge Latouche, Bernard Farinelli (Collectif), Libres & Solidaires
Novembre 2016
- Adieux au capitalisme. Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes, Jérôme Baschet, La Découverte.
- Encyclopédie critique du genre. Corps, sexualité, rapports sociaux, Juliette Rennes, La Découverte.
- Comprendre l'agroécologie, Matthieu Calame, ECLM.
- Écopunk. Les punks, de la cause animale à l'écologie radicale, Fabien Hein et Dom Blake, Le Passager Clandestin.
- Walter Benjamin face à la tempête du progrès, Agnès Sinaï, Le Passager Clandestin.
- Réinventer le progrès. Entretiens avec Philippe Frémeaux, Laurent Berger, Pascal Canfin, Les Petits Matins.
- Et nous vivrons des jours heureux, 100 auteurs, 120 actions pour résister et créer, Collectif, Actes Sud.
- L'empire de la propriété. Les impacts environnementaux du droit de propriété, Eric De Mari, Dominique Taurisson-Mouret, Victoires.
- La communication environnementale, Thierry Libaert, CNRS Éditions.
- Les Suspendu(e)s, Sandrine Roudaut, Éditions La Mer Salée.
- Brouillards Toxics. Vallée de la Meuse, 1930, contre-enquête, Alexis Zimmer, Zones Sensibles.
- Déchets solides ménagers et risques environnementaux au Bénin, Théophane Ayigbédé, L'Harmattan.
- La corruption : un frein au développement durable, Giresse Akono Gantsui, Jets d'Encre.
- Les sols. Intégrer leur multifonctionnalité pour une gestion durable, Antonio Bispo, Camille Guerrier, Edith Martin, Jurgis Sapijanskas, Hélène Soubelet, Claire Chenu, QUAE.
Décembre 2016
- La vie sans énergie moderne. Pauvre désagréable et brève, Samuele Furfari, L'Harmattan.
- Compétitivité et soutenabilité de la bioéconomie à l'horizon 2050, Mohamed Majdi Chelly, Pierre-Alain Schieb, L'Harmattan.
- Faire du Sahel un pays de Cocagne. Le défi agro-écologique, René Billaz, L'Harmattan.
Agro-énergies dans les territoires. Coopérer pour l’autonomie locale, Geneviève Pierre, Presses Universitaires de Rennes.
Janvier 2017
- Garantir la concertation, Pierre-Yves Guihéneuf, ECLM.
- Passeur, Raphaël Krafft, Buchet Chastel.
- L'accès à l'eau. Enjeu majeur du développement durable, Laurent Baechler, De Boeck.
- Le Gardien du feu, Pierre Rabhi, Albin Michel.
- Le revenu de base. Une idée qui pourrait changer nos vies, Olivier De Naire, Clémentine Lebon, Actes Sud.
- Du jetable au durable. Pour en finir avec l'obsolescence programmée, Laetitia Vasseur, Anne-Sophie Novel, Samuel Sauvage, Gallimard.
- Bulles technologiques, Catherine et Raphaël Larrère, Éditions Wildproject.
- La ville durable interculturelle, Esoh ELAMÉ, L'Harmattan.
- Gestion, maîtrise et aménagement des ressources naturelles en Afrique de l'Ouest et du centre, Lambert Mossoa, L'Harmattan.
- Les métamorphoses de l'écologie. Entre science et expertise, Alexandra Liarsou, L'Harmattan.
La guerre des forêts. Luttes sociales dans l'Angleterre du XVIIIe siècle, Edward Palmer Thompson,La Découverte.
- Les mobilités partagées. Nouveau capitalisme urbain, Maxime Huré, Publications de la Sorbonne.
- Le petit livre du fumain, Joseph Jenkins, Écosociété.
- Les dessous de la politique de l'Oncle Sam, Noam Chomsky (traduit de l'anglais par J.-M. Flémal), Écosociété.
- Désobéir aux grands projets inutiles. Certains élus cherchent à marquer l’histoire à grands coups de travaux inutiles…, Les Désobéissants et Xavier RENOU, Le Passager Clandestin.
- Manifeste animaliste. Politiser la cause animale, Corine Pelluchon, Alma Éditeur.
- Vivons plus vieux en bonne santé ! Des conseils au quotidien pour préserver son capital santé, Sophie Cousin et Véronique Coxam, Éditions Quae.
- Propriété & communs. Idées reçues et propositions, Le Mouvement Utopia, Utopia Éditions.
Février 2017
- Transition énergétique. Une chance pour l'Europe, Claude Turmes, Les Petits Matins.
- Revenu universel. Pourquoi? Comment? Julien Dourgnon, Les Petits Matins et l'Institut Veblen.
- Le choix du pire, de la planète aux urnes, Corinne Lepage, Dominique Bourg, PUF.
- Ce qui compte vraiment, Fabrice Nicolino, LLL.
- Que faire des restes? Le réemploi dans les sociétés d'accumulation, Nathalie Benelli, Delphine Corteel, Octave Debrary, Bénédicte Florin, Stéphane Le Lay, Sophie Réfif, Presses de Sciences Po.
- Plaidoyer pour nos agriculteurs. Il faudra demain nourrir le monde..., Sylvie Brunel, Buchet Chastel.
- Confessions d'un entrepreneur pas comme les autres, Yves Chouinard, Vuibert.
- Ruralité, nature et environnement. Entre savoirs et imaginaires, Philippe Hamman, Eres.
- Humanités environnementales. Enquêtes et contre-enquêtes, Guillaume Blanc, Élise Demeulenaere, Wolf Feuerhahn, Publications de la Sorbonne.
- Agriculture et alimentation durables. Trois enjeux dans la filière céréales, Gilles Charmet, Joël Abécassis, Sylvie Bonny, Anthony Fardet, Florence Forget, Valérie Lullien-Pellerin, QUAE.
- Économie circulaire et Territoire, Yvette Lazzeri, Dominique Bonet Fernandez & Mariane Domeizel, Presses Universitaires de Provence
- Le travail, et après?, Rodolphe Christin, Jean-Christophe Giuliani, Philippe Godard, Bernard Legros, Écosociété.
- Les catastrophes naturelles au Moyen Âge,Thomas Labbé, CNRS Éditions.
- Le Mythe moderne du progrès, Jacques Bouveresse, Agone.
- Paysans mutins, paysans demain. Pour une autre politique, Gérard Choplin, Éditions Yves Michel.
Mars 2017
- Aux origines de la décroissance, Cinquante penseurs, coordonné par Cédric Biagini, David Murray et Pierre Thiesset, L'Échappée.
- Alexandre Chayanov pour un socialisme paysan, Renaud Garcia, Le Passager Clandestin.
- Bien vivre. Autonomie, dignité, solidarités, Collectif, Les Petits Matins.
- Pour une économie citoyenne. L'économie sociale et solidaire face au défi numérique, Sébastien Darrigrand, Hugues Vidor, Les Petits Matins.
- "Marxismes écologiques", Actuel Marx 2017 - n°61, Sous la direction de Pierre Charbonnier, Stéphane Haber, Razmig Keucheyan, PUF.
- Changer d'avenir. Réinventer le travail et le modèle économique, Les économistes atterrés, LLL.
- Le climat dans tous ses états !, Pierre Martin, De Boeck.
- Manifeste pour une agriculture durable, Lydia et Claude Bourguignon, Actes Sud.
- Vers l'agroécologie, paroles de paysans, Collectif, Actes Sud.
- Transformations agricoles et agroalimentaires. Entre écologie et capitalisme, Gilles Allaire, Benoît Daviron, Quae.
- La société écologique et ses ennemis, Serge Audier, La Découverte
- Vivre avec les catastrophes, Yoann Moreau, PUF
- Biodiversité, quand les poltiques européennes menacent le vivant. Connaître la nature pour mieux légiférer, Inès Trépant, Yves Michel Éditions.
- Des territoires vivants pour transformer le monde, Patrick Caron, Elodie Valette, Tom Wassenaar ,Geo Coppens d'Eeckenbrugge, Quae.
- 2050 : quelles énergies pour nos enfants? Pierre Papon, Éditions Le Pommier
- Écologie intégrale, Michel Godron, L'Harmattan
- Après le capitalisme, Pierre Madelin, Écosociété.
- La naissance de l’écologie politique en France. Une nébuleuse au coeur des années 68, Alexis Vrignon, Presses Universitaires de Rennes.
- Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l'ère du pétrole, Timothy Mitchell, La Découverte.
- Environnement et développement durable dans les politiques de l’Union européenne, Gérard Brovelli, Mary Sancy, Presses Universitaires de Rennes.
- La Chine au risque de la dépendance alimentaire, Jean-Marc Chaumet et Thierry Pouch, Presses Universitaires de Rennes.
- Éthique de la nature ordinaire. Recherches philosophiques dans les champs, les friches et les jardins, Rémi Beau, Publications de la Sorbonne.
- Construire des politiques alimentaires urbaines. Concepts et démarches, Julie Debru, Benoit Daviron, Christophe-Toussaint Soulard, Caroline Brand, Nicolas Bricas, Laura Michel, QUAE.
Les rivières urbaines et leurs pollutions, Laurence Lestel, Catherine Carré, QUAE.
- Refonder l'espace public, Antoine Gitton, Libre & Solidaire.
- Entropia. La vie au-delà de la civilisation industrielle, Samuel Alexander, Libres & Solidaires.
- À nous la ville! Traité de municipalisme, Jonathan Durand, Écosociété.
- Notre bonne fortune. Repenser la prospérité, Éloi Laurent, PUF.
- La réalisation de soi. Spinoza, le bouddhisme et l'écologie profonde, Arne Næss, Wildproject.
- Soeurs en écologie. Des femmes, de la nature et du réenchantement du monde, Pascale Erm, Éditions La Mer Salée.
- Nous n’irons plus pointer chez Gaïa. Jours de travail chez Kokopelli, Le Grimm, Éditions Du bout de la ville.
- Santé et environnement. Expertise et régulation des risques, Béatrice Parance, CNRS Éditions.
- La France des solutions. Ces citoyens qui bâtissent l'avenir, Collectif et Jean-Louis Étienne, Éditions Arthaud.
- Manger est un acte citoyen, Alain Ducasse, Christian Regouby, Éditions Les Liens qui Libèrent.
- Encore carnivores demain ? Quand manger de la viance pose question au quotidien, Olivier Néron de Surgy et Jocelyne Porcher, Éditions Quae.
- La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben, Les Arènes.
Avril 2017
La bio pour tous. Transition agricole et alimentaire : c’était mieux… demain !, Red! et Stéphen Kerckhove, Le Passager Clandestin.
Comment nous pourrions vivre, Une conférence de l’un des tout premiers écolos radicaux !, William Morris, Le Passager Clandestin.
Biocontôle en protection des cultures, Périmètre, succès, freins, espoirs, Coordonné par Jean-Louis Bernard, L'Harmattan.
- Les déchets, ça suffit. L'État des lieux, Jacques Exbalin, l'Harmattan.
Le changement climatique va-t-il tout changer ? Manifeste pour une République sociale, écologique et conviviale, Arno MÜNSTER, L'Harmattan.
- Fiscalité carbone et finance climat. Un contrat social pour notre temps, Emmanuel Combet, Jean-Charles Hourcade, L'Harmattan.
- Manifeste pour une véritable économie collaborative. Vers une société des communs, ECLM, Michel Bauwens, Vasilis Kostakis.
- Habitat durable. L'évidence de la construction passive, Jean-Loup Bertez, Jean-Claude Tremsal, Alternatives Éditions.
- La Chine face au mur de l'environnement ?, Jean-Paul Maréchal, CNRS Éditions.
- Le soucis de la nature. Apprendre, inventer, gouverner, Cynthia Fleury, Anne-Caroline Prévot, CNRS Éditions.
- L'anthropocène contre l'histoire. Le réchauffement climatique à l'ère du capital, Andreas Malm, Éditions La Fabrique.
- Prédateurs et résistants. Appropriation et réappropriation de la terre et des ressources naturelles (16ème-20ème siècles), Pablo F. Luna et Niccolo Mignemi, Éditions Syllepse.
- Penser l'éventuel. Faire entrer les craintes dans le travial scientifique, Nicolas Bouleau, Éditions Quae
- La dépendance alimentaire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Chantal Le Mouël, Bertrand Schmitt, Éditions Quae
Mai 2017
- Homo detritus. Critique de la société du déchet, Baptiste Monsaingeon, Seuil.
- Biomimétisme. Quand la nature inspire des innovations durables, Janine M. Benyus, Rue de l'échiquier.
- Le Pouvoir de la pédale. Comment le vélo transforme nos sociétés cabossées, Olivier Razemon, Rue de l'échiquier.
- Gouverner la décroissance. Politiques de l'anthropocène III, sous la direction d'Agnès Sinaï et Mathilde Szuba, Presses de Sciences Po.
Le sourire de Prométhée, L'homme et la nature au Moyen Âge, Fabrice Mouthon, La Découverte.
- Histoire d'un ruisseau, suivi de Histoire d'une montagne, Élisée Reclus, Éditions Arthaud.
- Une éthique pour la nature, Hans Jonas, Éditions Arthaud.
- L'âge de l'anesthésie. La mise sous contrôle des affects, Laurent De Sutter, Éditions Les Liens Qui Libèrent.
- Les sols et la vie souterraine. Des enjeux majeurs en agroécologie, Jean-François Briat et Dominique Job, Éditions Quae.
Juin 2017
L'économie écologique, Ali Douai, Gaël Plumecocq, La Découverte
- Et si on mangeait local ? Ce que les circuits courts vont changer dans mon quotidien, Patrick Philipon, Yuna Chiffoleau, Frédéric Wallet, Éditions Quae.
- Les dessous de l'alimentation bio, Claude Gruffat, Éditions La Mer Salée
- L'homme peut-il accepter ses limites ?, Gilles Boeuf, Bernard Swynghedauw, Jean-François Toussaint, Éditions Quae.
Juillet 2017
- Décroissance, ici et maintenant !, Fabrice Flipo, Le passager Clandestin
- La biodiversité : avec ou sans l'homme?, Christian Lévêque, Éditions Quae.
Août 2017
- La vigne et le vin en France, de l'Antiquité au XXème siècle, Pierre Salles, Éditions Libre et Solidaire.
- Utopies réelles, Erik Olin Wright, Éditions La Découverte.
Le champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vie dans les ruines du capitalisme, Anna Lowenhaupt Tsing, Éditions La Découverte.
- Le monde qui émerge. Les alternatives qui peuvent tout changer, ATTAC, Éditions LLL.
Septembre 2017
- L'Occident, malade de sa médecine. Pollutions, coûts, effets indésirables..., Christian Portal, Éditions Libre et Solidaire.
Octobre 2017
- Critique de l'habitabilité, Mathias Rollot, Éditions Libre et Solidaire.
- Après le monde plat. Apocalypse ou renouveau ?, Éditions Libre et Solidaire.
Octobre 2016
Le sacrifice des paysans, une catastrophe sociale et anthropologique
Pierre BITOUN et Yves DUPONT
L'Échappée, 336 pages, 19 euros
Pourquoi les sociétés modernes ont-elles décidé de sacrifier les paysans ? Qui est responsable de ce processus qui semble irréversible ? Pour tenter de répondre à ces questions fondamentales, ce livre montre comment, depuis des décennies, en France comme ailleurs, le productivisme s’est étendu à l’ensemble des activités humaines. Avec pour conséquences : déracinement et marchandisation, exploitation du travail et des ressources naturelles, artificialisation et numérisation de la vie. L’époque est aujourd’hui aux fermes-usines et aux usines que l’on ferme ou délocalise, tandis que dominent, partout, finance et technoscience.
Le sacrifice des paysans est l’un des éléments du processus global de transformation sociale dont il faut, au préalable, comprendre les causes. Ainsi, les auteurs analysent le mouvement historique au sein duquel s’est déployé le projet productiviste au cours des 70 dernières années, des « Trente Glorieuses aux Quarante Honteuses ». Puis ils expliquent comment le long travail d’« ensauvagement des paysans » a mené à la destruction des sociétés paysannes et des cultures rurales.
De ce véritable ethnocide, qui a empêché l’alternative au capitalisme dont une partie des paysans était porteuse, nous n’avons pas fini, tous, de payer le prix.
Comment la France a tué ses villes
Olivier RAZEMON
Rue de l'Échiquier, 208 pages, 18 €
Des vitrines vides et sombres, des façades aveugles, des stores métalliques baissés. Calais, Agen, Le Havre, Landerneau, Avignon, Lunéville... la crise urbaine ronge les préfectures et sous-préfectures, les détruit de l’intérieur. Les boutiques abandonnées ne constituent que le symptôme le plus flagrant d’un phénomène plus large : la population stagne, les logements sont vacants, le niveau de vie baisse. Alors que se passe-t-il ?
L’offensive délibérée de la grande distribution, en périphérie, tue les commerces du centre-ville et des quartiers anciens, et sacrifie les emplois de proximité. Mais les modes de vie sont fortement liés aux modes de déplacement. Ainsi, au-delà de la dévitalisation urbaine, cet ouvrage observe les conséquences, sur le territoire, de la manière dont on se déplace. Partout, la voiture individuelle reste considérée comme une obligation, un dû. Or, parce qu’elle occupe de l’espace et génère bruit et pollution, la motorisation contribue largement à l’asphyxie des villes.
Comment la France peut-elle sauver ses villes ? Il n’existe nulle solution miraculeuse, mais une série de petits pas, de décisions empreintes de sobriété.
Simone Weil ou l'expérience de la nécessité
Geneviève AZAM, Françoise VALON
Le Passager Clandestin, 100 pages, 8 €
Simone Weil (1909-1943) fut une lanceuse d’alerte dont la voix fut recouverte en son temps. Ce qu’elle annonçait se vérifie aujourd’hui : le système capitaliste et industriel tend à détruire toutes les bases possibles d’une organisation différente, et il subsistera jusqu’à l’extrême limite de ses possibilités. Son appel à une dissidence ultime qui renouerait le « rapport originel de l’esprit avec le monde » doit donc plus que jamais être entendu.
Simone Weil a tenté de concevoir un projet de civilisation capable d’accueillir les tensions entre exigence de liberté et confrontation avec les limites matérielles du monde – la « nécessité ». Ce projet exige un renversement des valeurs instituées dans des sociétés vouées au « règne de la force ». Il annonce celui de la décroissance par son exigence d’une pensée lucide, le refus de la force et de la vitesse, la coopération, la décentralisation, l’amitié et le sens de la beauté.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L'apport de Simone Weil à cette pensée est présenté ici par Geneviève Azam et Françoise Valon ; la seconde partie de l'ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre.
Climat, un défi pour la finance
Pierre DUCRET, Maria SCOLAN
Les Petits Matins, 256 pages, 20 €
Après la COP 21, la finance est au coeur des négociations sur le climat. Maintenir le réchauffement en deçà de 2 °C nécessite en effet une réorientation massive des investissements : il faut cesser de financer les secteurs fortement émetteurs de carbone, privilégier les activités « vertes » et soutenir de nouveaux modèles économiques. Mais le secteur est-il prêt à opérer cette mutation ?
Cet ouvrage est animé par la conviction que la finance a tous les moyens d’apporter une contribution essentielle à la transition de l’économie mondiale vers un modèle neutre en carbone. Il fait le récit de la prise de conscience récente de l’enjeu climatique par l’univers de la finance, il décrit et explique les leviers dont dispose le secteur et il trace les perspectives de la généralisation de la « finance climat ».
Car la transformation est engagée : il faut maintenant l’accélérer. Aujourd’hui, les risques à ne pas agir et les opportunités à saisir doivent être un moteur pour l’ensemble de l’industrie financière.
Le bonheur est dans la Scop! Un patrimoine d'expériences pour demain
François KERFOURN, Michel PORTA
Les Petits Matins, 368 pages, 20 €.
Il existe des alternatives au management traditionnel. C’est ce dont témoignent ici des hommes et des femmes de plusieurs générations, issus d’une trentaine de sociétés coopératives et participatives (Scop).
À travers ces récits, c’est un modèle atypique d’entreprise qui apparaît, alliant éthique professionnelle et bonheur au travail. Dans ces structures où la répartition de la richesse produite se fait avec davantage de transparence et d’équité, les salariés ne sont plus de simples exécutants mais de véritables co-entrepreneurs. Informés de la marche de l’entreprise, ils participent à l’adoption de ses grandes orientations et élisent leur dirigeant. Ils perçoivent une part importante du bénéfice tout en respectant la priorité donnée aux investissements de développement et à la pérennité des emplois.
À la rencontre de ces innovations entrepreneuriales, et sans occulter les difficultés à surmonter, les auteurs font découvrir l’étonnante diversité selon les métiers, la taille des entreprises, les régions et, bien sûr, les personnalités. Surtout, ils mettent en avant des clés de succès qui méritent d’être mieux connues.
Pierre LIRET
Les Petits Matins, 640 pages, 25 €
Alsace Lait, la Scop Artenréel, mais aussi les magasins Leclerc, le Crédit mutuel et bien d’autres comptent parmi ces sociétés qu’on appelle « coopératives » et qui jalonnent le territoire français. Présentes dans tous les secteurs d’activité, elles sont particulièrement puissantes dans l’agriculture, la banque et le commerce. Leur taille parfois gigantesque ne leur permet pas toujours d’entretenir un lien de proximité avec leurs membres adhérents, mais elles présentent l’atout essentiel d’être indépendantes d’actionnaires financiers.
Quelles sont les spécificités de ces entreprises ? À l’ère de la domination des multinationales, les coopératives constituent-elles une véritable alternative ou bien sont-elles condamnées à choisir entre rester à la marge ou se banaliser ? Quelle importance accorder à ce système économique ultra-territorialisé que propose le modèle coopératif ?
En combinant réflexion d’ensemble et enquête de terrain, ce livre permet de mieux connaître les coopératives qui ont la particularité d’être les seules formes d’organisation disposant de principes de fonctionnement extra-économique à l’échelle mondiale. Tout en identifiant ses limites, il montre les atouts du modèle coopératif et les solutions qu’il apporte : en maintenant l’activité économique et sociale à l’échelle locale, il constitue un garde-fou contre la volatilité des capitaux et des emplois, permettant de concilier projet professionnel et projet de vie.
Un nouveau droit pour la terre. Pour en finir avec l'écocide
Valérie CABANES
Seuil, 368 pages, 20 €
Peuples et sociétés sont dépossédés de leurs moyens d’existence à travers le monde par la destruction de leur environnement. Face à cet écocide, comment repenser les droits de l’homme ?
L’écocide (fait de détruire la « maison Terre ») n’est pas un crime de plus, s’ajoutant à toutes les autres atteintes aux droits humains. Il est désormais le crime premier, celui qui ruine les conditions mêmes d’habitabilité de la Terre. D’ores et déjà, les dérèglements en cours attisent injustices et tensions géopolitiques tandis que les saccageurs de la planète restent impunis. Aussi est-il urgent de revendiquer de nouvelles formes de responsabilité et de solidarité. Urgent de redéfinir un nouveau sens et de nouveaux cadres à l’action humaine au sein des limites planétaires. Le droit international doit se métamorphoser et s’universaliser autour d’une nouvelle valeur pivot, l’écosystème Terre, en reconnaissant un cinquième crime international, le « crime d’écocide ».
Valérie Cabanes est juriste en droit international, spécialisée dans les droits de l’homme. Après deux décennies dans des ONG de terrain sur les droits de l’homme, elle est porte-parole du mouvement End Ecocide on Earth. En 2015, elle a contribué à la rédaction du projet de Déclaration universelle des droits de l’humanité remis à François Hollande ainsi qu’à deux ouvrages collectifs, Crime climatique, stop ! (Seuil, 2015), Des droits pour la Nature (Utopia, 2016).
« Le livre de Valérie Cabanes est un livre de combat. Un combat juridique et existentiel, à la fois au long cours et face à l’urgence. »
Extrait de la préface de Dominique Bourg
Marie CHABROL, Anaïs COLLET, Matthieu GIROUD, Lydie LAUNAY, Max ROUSSEAU, Hovig TER MINASSIAN
Éditions Amsterdam, 360 pages, 21 €
Hipsters, bobos, yuppies, gentrifieurs… Les termes ne manquent pas pour qualifier les nouvelles populations qui s’approprient les quartiers centraux anciens de certaines métropoles au détriment des habitants populaires. Mais cette profusion empêche de comprendre le phénomène : comment dépasser les oppositions binaires entre gentrifieurs et gentrifiés ? Quels sont les moteurs, les logiques et les enjeux de la gentrification ? Est-elle vraiment inéluctable ?
Ancrée dans des contextes précis – historiques et géographiques, économiques et politiques –, elle s’incarne dans des bâtiments, des commerces, des groupes sociaux, des pratiques et des esthétiques propres aux lieux dans lesquels elle se déroule. Pour cette raison, elle est irréductible à une mécanique simple et identique d’une ville à l’autre, d’un quartier à l’autre. À travers l’exploration de la diversité des formes, des lieux et des acteurs de la gentrification dans une dizaine de villes européennes (parmi lesquelles Paris, Montreuil, Lyon, Grenoble, Roubaix, Barcelone, Lisbonne, Sheffield) cet ouvrage se propose donc de définir l’« ADN » de la gentrification : un rapport social d’appropriation de l’espace urbain, mettant aux prises des acteurs et des groupes inégalement dotés.
Élisée. Avant les ruisseaux et les montagnes
Thomas GIRAUD
La Contre Allée, 136 pages, 14 €
En imaginant ce qu’ont pu être certains épisodes de la vie d’Elisée Reclus (1830-1905), avant qu’il ne devienne l’auteur d’Histoire d’un ruisseau et Histoire d’une montagne, ce premier roman nous met dans les pas d’un personnage atypique et toujours d’une étonnante modernité.
La démondialisation ou le chaos. Démondialiser, décroître et coopérer
Aurélien BERNIER
Éditions Utopia, 160 pages, 10 €
Comment ne pas voir que toutes les « crises » économiques, environnementales et démocratiques, ainsi que les dérives identitaires – du terrorisme à l’extrême droite –, ne sont que le résultat d’un seul et même processus : celui de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie, provoquant un désastre économique, social, culturel et verrouillant l’ordre international ?
Partout dans le monde, les luttes sociales se heurtent au libre échange, au chantage à la délocalisation et à la fuite des capitaux. En l’absence de perspective de sortie « par la gauche » de cet engrenage, les nombreuses victimes de cette mondialisation se résignent ou choisissent la stratégie du pire.
Pour ne pas sombrer petit à petit dans le chaos et redonner de l’espoir, sans pour autant défendre un capitalisme national, il faut mettre en oeuvre un projet de rupture qui repose sur trois piliers : la démondialisation pour rompre avec le capitalisme, la décroissance pour répondre aux crises environnementales et la coopération internationale pour renouer avec l’idée de justice sociale au sens le plus global.
Ce livre contribue à engager une nouvelle bataille des idées pour lutter contre l’extrême droite et le terrorisme, mais aussi pour combattre le fatalisme qui conduit à la soumission, à l’abstention et au désengagement.
Il vise également à dépasser le débat opposant à gauche nation et internationalisme.
La crise environnementale en Chine. Évolutions et limites des politiques publiques.
Jean-François HUCHET
Presses de Sciences Po, 152 pages, 15 €
En Chine, tous les clignotants sont au rouge en matière d'environnement.
Il est encore difficile d'évaluer les conséquences humaines et économiques de la pollution de l’air, de l’eau et des sols, de l’érosion et de la désertification, des pluies acides, de la gestion des déchets, mais les chiffres officiels font état d’un coût annuel de 5,8 % à 8 % du PIB national. Les autorités chinoises ont tardivement pris acte de la gravité de la crise, dont cet ouvrage dresse le bilan. Il a fallu les épisodes d’« airpocalypse » à Pékin de l’hiver 2013 pour qu’elles se décident à renforcer et à faire appliquer une législation environnementale ambitieuse, mise en place au début des années 2000 mais largement ignorée par les industriels. Quant aux effets de ce changement de politiques publiques, ils ne se feront sentir qu’à long terme, car les principales causes structurelles de la dégradation de l’environnement en Chine – la démographie, l’urbanisation, la dépendance à l’égard des énergies fossiles – n’évolueront pas favorablement avant des décennies.
Une situation précaire qui engage l’avenir de la Terre à double titre : non seulement parce que la Chine est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre et consomme à elle seule plus de charbon que tous les autres pays réunis. Mais aussi parce qu’elle va devenir le plus grand laboratoire et investisseur mondial dans les énergies vertes.
Les arbres dont je suis fait et autres retours sauvages.
Maurice CHAUDIÈRE
Actes Sud, 272 pages, 20€
Ainsi commence Les Arbres dont je suis fait et autres retours sauvages, opuscule où Maurice Chaudière invite le lecteur à opérer le changement de société qu’il appelle de ses voeux pour aller à l’encontre d’une évolution de l’espèce humaine qu’il qualifie de suicidaire. Comment ? En retrouvant le sens primitif de notre existence, en regagnant en autonomie et en créativité, en se réappropriant des savoirs oubliés, en se tournant vers la nature pour réapprendre à vivre en harmonie avec elle.
Maurice Chaudière a connu plusieurs territoires, plusieurs vies qui ont fait de lui, à plus de quatre-vingt-sept ans, le pédagogue, sculpteur, potier, apiculteur, greffeur et conteur de renom qu’il est aujourd’hui. Il a grandi dans une petite ferme en polyculture, où, dès son enfance, il a vécu au rythme des saisons, observant les plantes et les animaux de son environnement : figuiers, plaqueminiers, amandiers, grenadiers, pigeons, tourterelles, abeilles, congres… Chez lui, on a toujours cueilli et chassé le sauvage, on se nourrit de ce que l’on produit. Dès ses premiers pas, il a découvert la greffe, grandi parmi les animaux de la basse-cour, s’est initié à l’apiculture et aux fondements de l’élevage. Il en garde des savoir-faire précieux, un sens de l’observation aigu et l’art de faire du bon et du beau à partir de ce qu’il a autour de lui !
Écologie et environnement. Pour une intelligence mutualisée des savoirs.
Marchel B. BOUCHÉ
Actes Sud, 160 pages, 18 €
Alors que la société civile attend des connaissances accessibles dans le domaine de l’environnement, pour pouvoir évaluer ses actes vis-à-vis de celui-ci, le morcellement des savoirs scientifiques est tel qu’il rend inintelligibles les résultats obtenus par chaque spécialiste. Se basant sur sa propre expérience de chercheur, Marcel B. Bouché propose une méthode pour mutualiser enfin les connaissances de tous, pour tous.
En effet, au cours de ses recherches, cinquante ans durant, l’auteur a donné la primauté aux observations concrètes de nos écosystèmes (champs cultivés, forêts, prairies…). Il a peu à peu dégagé la “démarche scientifique fondamentale”, rendue possible à la suite de la découverte du rôle-pivot des “données initiales concrètes” (DICS) qu’il a caractérisées. Ces DICS, seules perceptions que nous ayons du réel, sont faciles à gérer en informatique et constituent le support de toutes les interprétations critiquables exprimées en des termes précisables. À condition de s’écarter de la doxa technoscientifique dominante actuelle, les connaissances peuvent alors être partagées en une “intelligence mutualisée et informatisée des savoirs”.
Cette démarche marque la fin de l’incommunicabilité entre science et société, entre spécialistes et citoyens. Cette ouverture nous responsabilise tous vis-à-vis de notre environnement. Elle amène à reconnaître les devoirs humains vis-à-vis de l’environnement auquel nous appartenons – des règles qui permettront un avenir épanoui. En ayant accès à tous les savoirs sérieux relatifs à nos milieux et à nos actes dans ceux-ci, nous pouvons dès lors fonder notre développement sur des observations directes et des interprétations critiquables, en respectant notre cadre de vie.
Amazonie. Un jardin naturel, ou une forêt domestiquée.
Stephen ROSTAIN
Actes Sud, 280 pages, 28 €
L’Amazonie fascine, tant par ses dimensions gigantesques que sa supposée nature indomptée. Pourtant, c’est bien plus l’impact millénaire de l’homme sur cette forêt qui émerveille. Il a en effet notamment transformé le couvert végétal en favorisant des associations de plantes, créé des sols fertiles appelés terra preta et construit des terrassements qui ont modifié le modelé de la superficie.
C’est une vision totalement renouvelée de l’interaction ancienne homme-milieu dans la plus grande forêt tropicale du monde qu’offre l’auteur, chercheur qui travaille depuis 30 ans en Amazonie, en convoquant des disciplines aussi diverses que l’archéologie, l’ethnohistoire, l’anthropologie, l’écologie, la botanique ou la pédologie.
Emmanuel DELANNOY
Wildproject, 160 pages, 12 €
Encore masquée par le fracas du vieux monde, une révolution économique est en cours. Fondée sur une nouvelle relation au vivant, inspirée de la permaculture, la permaéconomie entretient la richesse de la biosphère, ce socle fondamental de toute prospérité.Or dans son fonctionnement actuel, notre économie ne semble plus capable de créer la prospérité partagée qu'on est en droit d'attendre d'elle. La confiance n'y est plus. À qui la faute ? S'il y a bien sûr les excès d'un capitalisme "hors sol", financiarisé à outrance, il y a aussi la majorité silencieuse qui laisse faire, dépassée par un système dont les rouages lui échappent. Chercher à comprendre, c'est déjà désobéir. Entreprendre autrement, produire autrement, consommer autrement, c'est déjà résister. De nouveaux modèles révolutionnaires sont déjà à l'oeuvre : économie circulaire, économie de la fonctionnalité, biomimétisme… La permaéconomie est le nouveau paradigme qui permet de les mettre en cohérence. Emmanuel Delannoy en présente ici les principes et ses premières réalisations, pour les citoyens, les entrepreneurs, et les décideurs.
Agriculture et changements globaux. Expertises globales et situations locales
Xavier Arnauld DE SARTRE
Peter Lang, 204 pages, 39 €
L’agriculture est au cœur des changements globaux, tant pour avoir participé à leur survenue que comme solution potentielle. Aussi n’est-il pas étonnant qu’elle tienne une place particulière dans les prospectives destinées à faire réfléchir les décideurs sur les scénarios souhaitables pour relever les défis posés par ces problématiques. Deux scénarios, considérés comme des scénarios de rupture, retiennent particulièrement l’attention des analystes : le scénario dit de Technogarden, destiné à utiliser les technologies pour résoudre les problèmes posés par le mode de développement moderne, et le scénario dit Mosaïque adaptative qui prône l’autonomie des territoires, voire une certaine décroissance.
Après avoir examiné dans la première partie de l’ouvrage les fondements scientifiques de ces analyses, les enjeux des prospectives et les différentes options qu’elles posent, la deuxième partie est consacrée à l’analyse de trois situations concrètes : la protection de la forêt tropicale en Afrique centrale, la colonisation de l’Amazonie et la production au travers de semences transgéniques dans les Pampas argentines.
Écrit par un géographe mais faisant largement appel aux apports des sciences sociales, cet ouvrage montre l’importance des verrouillages spatiaux, c’est-à-dire des rapports à l’espace hérités des cinquante dernières années et limitant fortement les possibilités d’innovations.
La France résiste-t-elle à l'écologie?
Lucile SCHMID
Bord de l'eau, 146 pages, 14 €
Les signes d’un sentiment écologiste se multiplient dans la société française. Pour autant, les résistances au cœur du pouvoir, des élites politiques et économiques, et parfois scientifiques, sont palpables. L’écologie remet en cause une manière de penser « à la française » : une égalité dont la mise en œuvre repose sur la centralisation, un État qui assume des missions confiées ailleurs aux entreprises, une proximité des grands groupes économiques, des administrations et des experts, une foi parfois déraisonnable dans le progrès technique, et des réflexions sur la nature et les questions environnementales qui s’élaborent indépendamment de la culture politique. Les résistances existent aussi chez les Français eux-mêmes. Car l’écologie est aussi affaire de choix quotidiens : consommer autrement, retrouver des savoir-faire oubliés, imaginer de pouvoir vivre avec le souci du monde, de la planète et de l’avenir lointain. Et surtout elle repousse toujours plus nos frontières, culturelles, géographiques, politiques.
Avec l’écologie, l’ingénierie et le mécano technocratiques ne fonctionnent pas. Lucile Schmid nous invite à renouer avec l’innovation économique et avec le courage politique, et rappelle que démocratie et écologie doivent plus que jamais se penser ensemble. L’écologie n’est ni punitive, ni positive, ni sectaire. Elle dépend de ceux qui la font, la pensent et la pratiquent.
L’enjeu est de taille : refonder l'universalisme français sur l’écologie.
Décider de ne pas décider. Pourquoi tant de blocages?
Michel CLAESSENS
QUAE, 132 pages, 16 €
Plusieurs types de non-décisions sont présentés dans ce petit ouvrage. Certaines non-décisions ne sont qu’une forme particulière (et souvent particulièrement triviale) de décision. D’autres obéissent au contraire à des mécanismes spécifiques dans lesquels les nouvelles technologies mondialisées jouent un rôle essentiel et assurent leur déploiement à tous les niveaux de la société.
Carlo PETRINI, José BOVÉ, Serge LATOUCHE, Bernard FARINELLI, Jacques BOUTAULT, Charlotte SALAT, Linda BEDOUET, Bastien BEAUFORT, Philippe MAFFRE, Pierre LECOUTRE
Libres & Solidaires, 125 pages, 17 €
Ce livre est issu d’une rencontre-débat entre les auteurs et le public autour d’idées phares : proposer des actions pour nous libérer des contraintes que nous impose l’économie de marché, reprendre en main notre manière de nous nourrir et permettre aux pays défavorisés d’être autonomes sur le plan alimentaire.
Des questions essentielles sont abordées pour :
- Se libérer du fléau de la faim et de la honte de la malnutrition.
- Se libérer de l’agriculture industrielle et retrouver une agriculture saine.
- Se libérer des circuits de distribution, privilégier les circuits courts.
- Se libérer de la « bouffe » industrielle, des fast-foods et des plats préparés.
Retrouver le plaisir du goût et des produits locaux.
La nourriture sera le combat majeur dans les prochaines décennies, non seulement pour nourrir la population, mais aussi pour conserver les modes de production liés aux spécificités de chaque région. Agissons pour que nos aliments soient, selon la formule de Carlo Petrini, bons, propres et justes.
Novembre 2016
Adieux au capitalisme. Autonomie, société du bien vivre et multiplicité du monde.
Jérôme BASCHET
La Découverte, 208 pages, 8,50 €
Il est temps de rouvrir le futur. Et d’engager résolument la réflexion sur ce que peut être un monde libéré de la tyrannie capitaliste. C’est ce que propose ce livre, en prenant notamment appui sur les expérimentations sociales et politiques accumulées par l’insurrection et les communautés zapatistes, une « utopie réelle » de grande envergure.
Pratiquer une démocratie radicale d’autogouvernement et concevoir un mode de construction du commun libéré de la forme État ; démanteler la logique destructrice de l’expansion de la valeur et soumettre les activités productives à des choix de vie qualitatifs et collectivement assumés ; laisser libre cours au temps disponible, à la dé-spécialisation des activités et au foisonnement créatif des subjectivités ; admettre une pluralité des chemins de l’émancipation et créer les conditions d’un véritable échange interculturel : telles sont quelques-unes des pistes qui dessinent les contours d’un anticapitalisme non étatique, non productiviste et non eurocentrique.
En conjuguant un effort rare de projection théorique avec une connaissance directe de l’une des expériences d’autonomie les plus originales des dernières décennies, Jérôme Baschet s’écarte des vieilles recettes révolutionnaires dont les expériences du XXe siècle ont montré l’échec tragique. Il propose d’autres voies précises d’élaboration pratique d’une nouvelle manière de vivre.
Encyclopédie critique du genre. Corps, sexualité, rapports sociaux.
Juliette RENNES
La Découverte, 752 pages, 35 €
« Désir(s) », « Mondialisation », « Nudité », « Race », « Voix »… Les soixante-six textes thématiques de cette encyclopédie explorent les reconfigurations en cours des études de genre.
Trois axes transversaux organisent cette enquête collective : le corps, la sexualité, les rapports sociaux. Dans les activités familiales, sportives, professionnelles, artistiques ou religieuses, les usages du corps constituent désormais un terrain privilégié pour appréhender les normes et les rapports de genre. Les pratiques érotiques que les sociétés, à travers l’histoire, ont catégorisées comme normales ou déviantes occupent quant à elles une place inédite pour éclairer les articulations entre hiérarchies des sexes et des sexualités. Enfin, les inégalités liées au genre sont de plus en plus envisagées en relation avec celles liées à la classe sociale, la couleur de peau, l’apparence physique, la santé ou encore l’âge. Cette approche multidimensionnelle des rapports sociaux a transformé radicalement les manières de penser la domination au sein des recherches sur le genre.
En analysant les concepts, les enquêtes empiriques et les débats caractéristiques de ces transformations saillantes, les contributrices et contributeurs de cet ouvrage dessinent une cartographie critique des études de genre en ce début de XXIe siècle.
Matthieu CALAME
ECLM, 160 pages, 23 €
Popularisé en 2010 par Olivier de Schutter, alors rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, le terme d’agroécologie a d’abord été utilisé pour désigner un modèle alternatif susceptible de répondre aux crises économiques, sociales et écologiques en conciliant les activités humaines avec les ressources planétaires. Il recouvre aujourd’hui une réalité encore floue, noyée dans une abondance de concepts cherchant à s’y rattacher.
L’objet de cet ouvrage est de fournir les clés pour comprendre de manière simple les processus biologiques et sociaux impliqués dans les modèles agricoles actuels, les limites avérées du modèle industriel et les principes d’un système alimentaire soutenable. En résumé, il s’attache à présenter les fondements de l’agroécologie.
Parce que la recherche d’un mode d’alimentation durable constitue un thème d’intérêt social majeur qui va bien au-delà des cercles d’experts, l’auteur souligne aussi l’urgence de replacer la question alimentaire au centre du débat public.
Écopunk. Les punks, de la cause animale à l'écologie radicale.
Fabien HEIN, Dom BLAKE
Le Passager Clandestin, 220 pages, 12 €
Vous vous déplacez plus volontiers à vélo qu’en voiture ; vous évitez de manger de la viande ; avec quelques amis, vous aspirez à vous installer à la campagne pour vivre de manière autosuffisante en pratiquant le maraîchage bio ; vous êtes révolté(e) par la destruction de la nature que justifient l’impératif consumériste et le productivisme effréné, et vous vous engagez d’ailleurs personnellement pour lutter contre tous les projets qui justifient ces logiques : vous êtes punk ! Ou pas loin…
Le punk rock est un formidable élan de créativité et d’énergie artistique qui se décline dans de multiples sous-genres. Mais c’est aussi une constellation d’idées et de pratiques collectives qui forment depuis les années 1980 un puissant mouvement contestataire, notamment sur le plan écologique.
Ce livre montre que la contre-culture punk, et en particulier son courant anarcho-punk, a eu, depuis plus de trente ans, une influence décisive dans la diffusion de représentations et de modes d’action politiques et environnementaux.
Du véganisme à la permaculture, de la défense des animaux contre l’industrie agroalimentaire à celle de la nature face à la prédation techno-industriel, de la création de zones autonomes temporaires dans les villes à la recherche de l’autonomie collective en milieu rural, les punks ont su détecter et s’approprier avant l’heure de nouvelles formes de résistance à l’ordre néolibéral triomphant. L’extraordinaire vitalité de leur scène musicale en a permis la circulation auprès de tout un pan de la jeunesse révolutionnaire, et si une part de cette révolte semble avoir été absorbée par la culture dominante, sa forme peut-être la plus radicale lutte aujourd’hui pour inventer un autre monde dans les brèches du capitalisme.
Walter Benjamin face à la tempête du progrès.
Agnès SINAÏ
Le Passager Clandestin, 112 pages, 8 €
Walter Benjamin (1892-1940) est un témoin précoce du basculement du monde vers le règne des machines et l’effacement de la magie. Son matérialisme historique inspiré de Marx, doublé d’une vision quasi mystique puisée dans la théologie juive, le conduit à explorer l’envers des objets et des villes, dans lesquelles il promène son regard de flâneur en exil. Il y pressent le caractère démesuré du XXe siècle, traversé par des champs de forces aussi puissantes que des entités cosmiques.
Formulée dans les « sombres temps » de l’entre-deux guerres, son œuvre contient aussi des ferments d’utopie et de résistance à la grande accélération qui s’annonce : le refus de l’utile, la possibilité permanente de renverser le cours des choses, l’émancipation des classes opprimées, les instants d’intensité arrachés à l’uniformisation du monde. Sa philosophie s’apparente à une constellation de pensée, un arrêt de l’histoire, un mode d’expérience du monde qui permettent de retrouver l’ici et maintenant, par-delà la catastrophe et la démesure des forces industrielles.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L’apport de Walter Benjamin à cette pensée est présenté ici par Agnès Sinaï ; la seconde partie de l’ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre.
Réinventer le progrès. Entretiens avec Philippe Frémeaux.
Laurent BERGER, Pascal CANFIN
Les Petits Matins, 168 pages, 14 €
Le dirigeant d’une organisation syndicale française dialogue avec le directeur d’une ONG environnementale autour des enjeux de l’indispensable transition écologique. Un échange essentiel.
Comment redessiner un futur qui fasse envie ? La mondialisation bouscule nos repères ; la révolution numérique remet en cause les formes traditionnelles du travail ; la croissance est en panne, et sa relance sous sa forme actuelle n’est pas souhaitable en raison des dégâts environnementaux qu’elle engendre.
Et si, au fond, ces bouleversements étaient une occasion de renouer avec le progrès ? Car, oui, il est possible de concilier le progrès social et la transition écologique, nous disent Laurent Berger et Pascal Canfin. Sans minimiser les contraintes ni promettre de solutions magiques – et tout en poursuivant l’objectif d’émancipation que porte historiquement le mouvement social –, le dirigeant syndical et le responsable écologiste apportent une réponse à tous ceux qui voient dans l’écologie une ennemie de l’emploi. Ils proposent des solutions innovantes pour réinventer une société à la fois ouverte et protectrice, soutenable et pourvoyeuse de bien-être pour tous.
Et nous vivrons des jours heureux. 100 auteurs, 120 actions pour résister et créer.
Collectif
Actes Sud, 176 pages, 10 €
Afin d’inspirer à tous des transformations profondes, ce pacte, qui aborde les grands enjeux que sont l’emploi et le travail, les inégalités et la pauvreté, la protection sociale, la transition écologique, énergétique et agricole, le logement, l’éducation, la santé et la justice, la reprise en main de la finance, sera soumis aux candidats et aux candidates des prochaines élections et mis en débat dans tout le pays.
L'empire de la propriété. L'impact environnemental de la norme en milieu contraint. Exemples de droit colonial et analogies contemporaines.
Eric DE MARI, Dominique TAURISSON-MOURET
Victoires Éditions, 320 pages, 48 €
Périlleuse aventure que celle des normes façonnant notre monde ! Le groupe d'Histoire du Droit des Colonies de Montpellier (HDC), après avoir dégagé des pistes générales dans un tome I : L'impact environnemental de la norme en milieu contraint (Victoires Éditions 2012), puis envisagé la portée de cet impact sur l'animal dans un tome II : Ranger l'animal (Victoires Éditions 2014), prend acte d'un empire : celui de la propriété. Vaste entreprise que celle d'un empire qui, en ne cessant de s'étendre et de s'adapter, s'universalise et transforme profondément l'environnement.
Nos désirs forcent notre soumission et produisent des contraintes que nous nous administrons, insatiables propriétaires des choses et de leurs utilités. D'où vient cette emprise inexorable, pseudo-naturelle ? Quelle est l'origine d'un des droits qui vise, rien de moins, à discipliner la nature ? Qu'enseignent sur de si complexes approches, ou sur ces terrains minés, les variables infinies des vocabulaires juridiques, des cultures et les contraintes qu'ils impliquent ?
Afin de mesurer les impacts du droit de propriété sur ce que nous appelons un peu vite "notre environnement", nous empruntons une fois encore les voies de la recherche interdisciplinaire mêlant les approches des juristes et des autres chercheurs : philosophes, géographes, historiens et anthropologues. Nous y convions le lecteur, ce propriétaire du jour, ce futur propriétaire, ce propriétaire d'hier, acteur ou spectateur de l'aventure d'un empire qu'il ne saurait ignorer, sinon à ses dépens.
La communication environnementale
Thierry LIBAERT
CNRS Éditions, 270 pages, 8 €
Conférences internationales, controverses scientifiques et débats médiatiques… l’environnement est devenu un enjeu de communication global. C’est à l’étude des différentes formes et évolutions de la communication environnementale, de sa naissance dans les années 1990, sous le coup de catastrophes écologiques à répétition, aux grandes déclarations officielles sans lendemain, que s’attache cet ouvrage entièrement inédit. Du « développement durable » à la « transition écologique », ce nouveau grand récit fédérateur s’intègre désormais dans la démarche marketing des entreprises et dans les politiques des institutions publiques. Il influe sur les positionnements stratégiques des partis politiques et incite à de nouvelles pratiques individuelles. Aux discours de crise axés sur la peur et la responsabilité répond le risque de l’éco-lassitude des uns et de « greenwashing » des autres...
Sandrine ROUDAUT
La Mer Salée, 287 pages, 24 €
Utopistes, insoumis, désobéissants, les suspendu(e)s écrivent demain et s’accomplissent.
Êtes-vous un(e) suspendu(e) ? Qui sont ces hommes et ces femmes qui font le choix de désobéir pour défendre leurs utopies de justice et de fraternité ?
Notre époque est à la fois tragique et sublime… Tragique car nous affrontons une série de défis : écologie, violence, déroute politique, lobbying mortifère, absence d’idéal. Sublime car nous avons une nouvelle fois un rôle à jouer, une liberté à exercer, l’opportunité de nous accomplir individuellement et collectivement.
À travers l’étude d’expériences scientifiques (Milgram, XTreme…), l’analyse des mouvements de résistance, de refusance, les grands soulevements sociaux et les révolutions, l’auteure tente de comprendre pourquoi l’être humain se soumet si aveuglément à l’autorité et au conformisme. Elle décrypte ce qui fait la force de ceux qui ont su désobéir et se sont battus pour des utopies, comment ces utopies sont devenues nos évidences contemporaines.
Au travers de ces recherches l’auteure en vient à cette question existentielle: et si l’engagement était source de joie ? Et si les burnout, la peur et le besoin de sens, étaient les symptômes d’un renoncement à soi, à ses valeurs ? Nous vivons une période historique. Elle nous tend les pires pièges, elle nous donne aussi l’occasion unique d’accomplir notre utopie d’être, entre projet personnel et destin collectif.
Brouillards toxiques. Vallée de la Meuse, 1939, contre-enquête.
Alexis ZIMMER
Zones Sensibles, 272 pages, 19 €
« Chère petite Yvonne. Tu imagines sans peine dans quels sentiments j’ai été ce matin, quand j’ai appris par les journaux qu’un brouillard empoisonné s’étendait sur la Belgique et le nord de la France, qu’il paraissait s’avancer vers Paris… Je songe à notre Pierrot, si exposé aux crises d’asthme… C’est une histoire abominable. J’attends avec impatience de savoir ce que diront les journaux de demain. Ici, il y a aussi un peu de brouillard, et la température est plutôt douce. Que n’êtes-vous tous auprès de moi, loin de cette Europe où traînent encore les miasmes et les gaz de la guerre ! »
Du 1er au 5 décembre 1930, un brouillard épais se répand dans la vallée de la Meuse, non loin de Liège. Hommes et bêtes sont profondément affectés lors de sa survenue, et ils sont nombreux à y laisser leur vie. Après sa dissipation, des experts tranchent : « le seul brouillard » est responsable. Pourtant, sur place, nombreux sont ceux à incriminer les émanations des usines de la région, l’une des plus industrialisées d’Europe. Un an plus tard, des experts du parquet rendent d’autres conclusions : la consommation massive du charbon et les composés soufrés des émanations industrielles sont mis en cause. L’exceptionnalité de l’événement est cependant attribuée à la prédisposition des corps et aux conditions météorologiques particulières de cette première semaine de décembre 1930. Mais comment du « charbon » en vient-il à participer à la production de brouillards et à rejoindre ainsi, jusqu’à tuer, les poumons de ceux qui se sont retrouvés contraints de le respirer ? Ces liens « charbon- brouillards toxiques- poumons » n’ont rien d’évident. C’est à tenter de reconstituer les conditions historiques de leurs constructions que s’attache cet ouvrage. En considérant cette catastrophe dans le temps long nécessaire à sa production (comme un processus et non comme une interruption) ; en suivant la piste des matières de sa constitution (leur (a)cheminement et les assemblages techniques, sociaux, politiques et discursifs) nécessaires à leur transformation ; en étudiant le rôle et les effets des pratiques savantes, Brouillards toxiques permet de comprendre la transformation conjointe, par l’industrialisation, des corps et des environnements et la production de nouveaux phénomènes météorologiques.
Déchets solides ménagers et risques environnementaux au Bénin. Pratiques d'acteurs, inégalités socio-spatiales et gouvernance urbaine à Porto-Novo
Théophane AYIGBÉDÉ
L'Harmattan, 346 pages, 36 €
Ce livre est une étude géo-sociologique de la gestion des déchets solides ménagers dans la ville de Porto-Novo au Bénin. L'enquête analyse, d'une part, les pratiques et les formes de réorganisation socio-institutionnelles de cette gestion et esquisse, d'autre part, une évaluation de leurs implications en termes d'inégalités socio-spatiales et de risques sociaux et environnementaux.
La corruption: un frein au développement durable
Giresse AKONO GANTSUI
Jets d'Encre, 400 pages, 33 €
Si la corruption gangrène toutes les sphères de la société, il est un domaine dont elle entrave particulièrement l’expansion : le développement durable. Qu’il s’agisse de la lutte contre le réchauffement climatique ou l’accès à l’eau pour tous, le fossé entre les besoins humains et les ressources terrestres ne cesse de se creuser. La faute à une vision à très court terme et à des errements fruits d’une corruption intensive. Aujourd’hui, il est urgent de bouleverser radicalement cette situation mortifère.
C’est ce que nous propose Giresse Akono Ganstui dans cet ouvrage. Il y analyse en profondeur les causes et les conséquences du phénomène mondial de corruption dans toute leur complexité, faisant de cet essai un incontournable sur le sujet.
Les sols. Intégrer leur multifonctionnalité pour une gestion durable
Antonio BISPO, Camille GUERRIER, Edith MARTIN, Jurgis SAPIJANSKAS, Hélène SOUBLET, Claire CHENU
QUAE, 384 PAGES, 45 €
2015, année internationale des sols, a attiré l’attention sur le rôle crucial et la vulnérabilité de cette ressource, véritable épiderme de la Terre, à la fois produit du vivant et support de toute vie terrestre.
Essentiels à notre alimentation, les sols nous fournissent fibres, matériaux et énergie, ils portent nos infrastructures, ils contribuent au cycle de l’eau et à la qualité de l’air. Formidable réservoir de biodiversité, ils abritent environ un quart des espèces vivantes décrites à ce jour. À l’échelle globale, ils jouent un rôle majeur dans la régulation du climat et stockent, dans les seuls 30 premiers centimètres, l’équivalent de 90 années des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Alors que leur disponibilité et leur bon fonctionnement sont couramment considérés comme acquis, ils font l’objet de pressions de plus en plus fortes : demandes croissantes et antagonistes en logements, infrastructures, nourriture, matières premières, énergie et espaces de nature.
Le programme Gessol, créé en 1998 par le ministère en charge de l’Écologie et animé depuis 2006 par l’Ademe, a permis de structurer une communauté de recherche sur la gestion des sols et ainsi de fournir aux décideurs publics et aux usagers des sols des connaissances et des outils opérationnels pour évaluer, surveiller, gérer et améliorer leur qualité.
De la mise en place d’indicateurs pour la planification urbaine à la mesure des stocks de carbone, en passant par les instruments juridiques et économiques pour la protection des sols, cet ouvrage synthétise les dernières connaissances biotechniques et sociétales sur le sujet. Il souligne l’importance d’une gestion durable des sols dans les enjeux globaux et identifie les leviers d’actions possibles.
Décembre 2016
La vie sans énergie moderne. Pauvre, désagréable et brève
Samuele FURFARI
L'Harmattan, 240 pages, 25 €
Sans énergie moderne il ne peut y avoir de croissance, de développement, d'hygiène et de soins de santé. Or il y a dans le monde 1,3 milliard d'êtres humains qui n'ont aucun accès à l'électricité et plusieurs milliards qui n'y ont qu'un accès aléatoire. Ils dépendent alors de la cuisson traditionnelle (combustion de déchets, bois vert et excréments d'animaux) et en respirent souvent les fumées toxiques. L'auteur dénonce l'injustice énergétique dans laquelle notre monde se complaît et il entend réveiller les consciences afin que cesse ce fléau.
Compétitivité et soutenabilité de la bioéconomie à l'horizon 2050
Pierre Alain SCHIEB, Mohamed Majdi CHELLY
L'Harmattan, 272 pages, 35 €
L'avènement d'une bioéconomie et en particulier le remplacement des ressources fossiles par des ressources renouvelables paraissent éminemment souhaitables. Cet ouvrage met en évidence les influences des prix de l'énergie et leurs variations sur des ressources renouvelables provenant de productions agricoles, voire de déchets municipaux et ceci par l'entremise de différentes technologies. Ces résultats très détaillés vont nourrir les réflexions des décideurs, investisseurs, concepteurs des politiques publiques.
Faire du Sahel un pays de Cocagne. Le défi agro-écologique
René BILLAZ
L'Harmattan, 286 pages, 28,50 €
L'agronomie moderne est sollicitée pour répondre à deux questions majeures : « produire sans dégrader » et « développer sans exclure », auxquelles sa forme conventionnelle n'a pas de réponse, particulièrement au Sahel. L'agro-écologie prétend en être l'alternative. L'auteur soutient ici qu'elle pourrait y parvenir au Sahel, et ce malgré les contraintes physiques (climat tropical subaride, sol pauvre) et la croissance démographique. L'ouvrage revient sur les défis que sont prêts à relever des paysans et agronomes ainsi que sur le besoin de concevoir des modèles institutionnels originaux pour l'innovation agricole.
Agro-énergies dans les territoires. Coopérer pour l’autonomie locale
Geneviève PIERRE
Presses Universitaires de Rennes, 272 pages, 24 €
Les projets agro-énergétiques dans l’Ouest français sont multidimensionnels, à la fois production de biens marchands et de services non transférables à d’autres territoires, tels que le stockage du carbone, l’entretien de la haie, le paysage. Grâce à leur profil multiactoriel, les acteurs territorialisés ont une certaine capacité à interconnecter les réseaux institutionels, professionnels et les réseaux socio-territoriaux. Les ressources territoriales, la singularisation des territoires par les projets, l’évolution des identités professionnelles agricoles, les innovations techniques et sociales, constituent des questionnements centraux.
Janvier 2017
Pierre-Yves GUIHÉNEUF
ECLM, 131 pages, 14 €
Construction de lignes ferroviaires, rénovations urbaines ou encore gestion de cours d’eau, de nombreux projets d’aménagement ou de politiques publiques locales sont aujourd’hui soumis à l’obligation de susciter un débat public ou de mettre en œuvre un processus de concertation. Dans ces moments de dialogue entre les différents acteurs et les citoyens, le garant est une personne chargée de veiller à la qualité des échanges en assurant transparence, équité et efficacité. Mais cette « nouvelle » figure de la concertation pose question. Comment le garant est-il perçu par les participants ? Comment préserve-t-il son indépendance ? Quelles doivent être ses compétences ?
Le rôle du garant renvoie aussi aux imperfections de la concertation : risques de dévoiement, de manipulation, d’inefficacité… L’enjeu est de créer une confiance suffisante dans le processus de dialogue pour que puissent s’exprimer de façon constructive les désaccords sur le fond des projets et des politiques.
Rachaël KRAFFT
Buchet-Chastel, 160 pages, 14 €
Automne 2015. Raphaël Krafft, journaliste indépendant, est à la frontière franco-italienne des Alpes-Maritimes, entre Menton et Vintimille. Il réalise un reportage sur les exilés bloqués là dans l’attente de passer en France pour demander l’asile ou de continuer vers un autre pays.
Il rencontre tour à tour des militants, des policiers, des fonctionnaires, une avocate spécialiste des Droits de l’homme pour constater le drame de la situation. Et décide, par un acte de désobéissance civile, d’aider deux Soudanais, « Satellite » et Adeel, à franchir la frontière.
À pied, Raphaël Krafft, son ami Thomas et les deux réfugiés entreprennent une ascension dans le parc du Mercantour, jusqu’au col de Fenestre, qui culmine à 2 474 mètres, pour atteindre la France.
L'accès à l'eau. Enjeu majeur du développement durable.
Laurent BAECHLER
De Boeck, 208 pages, 24 €
Parmi toutes les ressources naturelles sur lesquelles reposent les activités humaines, l’eau se distingue par le fait qu’elle est vitale, et sans substitut. Ces spécificités fondent le droit à l’eau, reconnu depuis peu comme un droit humain fondamental. Mais l’eau est également rare, et soumise à des pressions croissantes du fait de l’expansion démographique et économique mondiale, de sorte que l’accès à l’eau est de plus en plus un défi quotidien pour une grande partie de la population mondiale, principalement dans les pays pauvres. Au-delà, ce sont les équilibres entre écosystèmes et activités humaines qui sont menacés par la détérioration des ressources en eau, en quantité comme en qualité. À n’en pas douter, l’accès à l’eau fait partie des grands enjeux du développement durable pour les décennies à venir, aux côtés de la lutte contre le changement climatique et de la protection de la biodiversité.
À mesure que l’observateur explore les conditions dans lesquelles ce défi peut être relevé, il découvre à quel point les problèmes et leurs solutions éventuelles se comprennent à un échelon local, tant la question de l’accès à l’eau en un point de la planète est différente, et relativement indépendante, de ce qu’elle peut être ailleurs. La question de l’eau est bien la plus complexe des problématiques du développement durable. Il en résulte que l’analyse de cette question mobilise un très large éventail de disciplines, et débouche sur une littérature gigantesque, que personne ne peut couvrir. Le champ de connaissances est tellement vaste qu’il devient difficile d’en avoir une perspective panoramique. De fait, il n’existe pas d’ouvrage présentant de manière claire et synthétique l’ensemble des enjeux de l’accès à l’eau et de sa gestion au 21e siècle. L’objectif de cet ouvrage est de combler cette lacune, en tenant compte de ce que les différentes disciplines concernées ont à dire sur le problème de l’accès à l’eau dans ses diverses dimensions.
Pierre RABHI
Albin Michel, 186 pages, 7,20 €
Depuis maintenant des décennies, Pierre Rabhi mène un incessant combat pour la réhabilitation des cultures traditionnelles ' cultures au sens agricole du terme, comme au sens spirituel. Homme du concret, il s'est révélé également un admirable conteur dans le récit de son parcours hors du commun, Du Sahara aux Cévennes, et dans ses Paroles de terre, véritable roman de l'âme africaine. Avec Le Gardien du feu, on navigue encore dans des eaux frontalières où s'interpénètrent le mythe et l'histoire, les rites traditionnels et les problématiques urgentes d'aujourd'hui. La vie du jeune Ahmed, de son père Moussa le forgeron, de leur famille et de leur village nous est décrite dans une fresque où chaque bruit, chaque odeur apporte sa note singulière. Les contes de sagesse véhiculés par la mémoire populaire s'entrechoquent avec le danger présent de la désertification, avec une culture en perdition, trésor sans prix qu'il appartient aux hommes de sauver.
Il faut écouter ces histoires qui nous parlent de notre histoire à tous. Il faut écouter l'appel de Pierre Rabhi, cet homme qui infatigablement, sans jamais élever le ton de la voix, tente de hausser le niveau de notre humanité.
Le Revenu de base. Une idée qui pourrait changer nos vies.
Olivier DE NAIRE, Clémentine LEBON
Actes Sud, 160 pages, 18 €
Libérale ou étatique, aucune des solutions tentées par nos gouvernements pour sauver un modèle devenu obsolète n’a abouti. La France compte aujourd’hui 5 millions de chômeurs, plus de 8 millions de pauvres et elle finance ses retraites par le déficit. Pourtant la plupart des candidats à l’élection présidentielle reviennent avec leurs mêmes vieilles recettes.
Seule émerge une proposition originale : le revenu de base. Son principe ? Verser à chacun, de sa naissance à sa mort et sans condition, une somme qui lui permettrait de vivre une existence décente. Et d’exercer pleinement sa citoyenneté. Un sujet d’actualité dans un monde où le travail, la croissance et les carrières ne sont plus garantis.
Cette proposition n’est-elle qu’une utopie ? En quoi pourrait-elle concrètement changer nos vies ? Pourquoi de plus en plus d’intellectuels, d’économistes, de politiques veulent-ils l’expérimenter ? Pour quelle raison ce concept est-il défendu à la fois par des libéraux et des altermondialistes ? Risque-t-il de fabriquer une société d’assistés ? Quelles sont les pistes pour le financer ?
Sans parti pris, mais avec la conviction que ce débat doit enfin être mis sur la table, les auteurs donnent pour la première fois les outils clairs et précis afin de bien comprendre ce sujet complexe mais crucial. Et de permettre à chacun de se faire son opinion. En toute liberté.
Du jetable au durable. Pour en finir avec l'obsolescence programmée.
Laetitia VASSEUR, Anne-Sophie NOVEL, Samuel SAUVAGE
Gallimard, 156 pages, 15 €
Smartphone cassé, lave-linge en panne, collants filés, imprimante inutilisable... quel est le point commun entre ces biens de consommation ? Ils sont tous victimes d'obsolescence programmée, symbole d'une société du jetable, qui nuit autant à l'environnement qu'aux consommateurs, tout en reposant sur un modèle économique à bout de souffle. La mort précipitée de nos produits est-elle réellement planifiée ? Quels sont les impacts de la reconnaissance en 2015 du délit d'obsolescence programmée ? Autant de questions auxquelles répond cet ouvrage, à l'aide d'une analyse sans concession du problème et l'exploration audacieuse de solutions individuelles et collectives. Il s'agit dans un premier temps de définir ce qu'est l'obsolescence programmée, d'envisager ses conséquences non seulement en termes économiques et environnementaux, mais aussi d'un point de vue sociétal. Car la société de surconsommation entraîne la perte d'autonomie des citoyens et l'aggravation des inégalités sociales. A travers des illustrations et des témoignages, les auteurs font également le point sur les modèles économiques dits "durables", tels que l'économie collaborative, circulaire ou basée sur l'usage. Ils montrent que les moyens de combattre cette obsolescence accélérée existent et que grâce à eux, une nouvelle manière de consommer et de produire, plus responsable et durable, est en marche.
Catherine et Raphaël LARRÈRE
Wildproject, 128 pages, 14 €
Créer la vie à partir de rien, éradiquer définitivement certaines espèces, annuler le vieillissement, faire travailler des nanomachines à notre place… On peut penser que détenir une telle puissance, c’est s’exposer à des catastrophes de même ampleur. Mais ces promesses ont-elles la moindre consistance ? Les angoisses technophobes ne sont-elles pas le revers des espoirs technophiles ? Les nanotechnologies ont beaucoup promis, surtout dans le domaine de la santé, mais qu’ont-elles produit ? Les promesses technologiques cherchent surtout à aspirer dans leurs bulles ceux qui y croient, pour attirer les crédits.Bulles technologiques propose de replacer les entreprises technologiques dans leur contexte social et naturel. Il s’agit de saisir conjointement les transformations du monde social qu’elles sont susceptibles d’apporter, et leur insertion problématique dans leur contexte naturel. Car la technique est un mode essentiel de relation à la nature.Créer la vie : ce n’est pas que cette ambition soit sacrilège, c’est qu’elle est mensongère. Les pouvoirs de la technologie sont bien plus limités que ses promoteurs ne le prétendent Les techniques interviennent toujours dans une nature que nous n’avons pas produite.
La ville durable interculturelle
Esoh ELAMÉ
L'Harmattan, 247 pages, 28 €
Les projets de « villes durables » sont mis à rude épreuve par les problématiques interculturelles telles que les discriminations, les conflits religieux, l'exclusion culturelle. De la même manière, les projets de « cités interculturelles » sont mis en difficulté par les questions environnementales (changement climatique, mobilité durable, gestion des déchets, urbanisme durable...). Il est plus raisonnable de parler de « ville durable interculturelle » en tant que ville comprenant quatre piliers : la responsabilité interculturelle, la solidarité sociale, l'efficacité économique et la responsabilité environnementale.
Gestion, maîtrise et aménagement des ressources naturelles en Afrique de l'Ouest et du centre
Lambert MOSSOA
L'Harmattan, 148 pages, 16,50 €
Voici plusieurs exemples de stratégies traditionnelles concernant la gestion des ressources naturelles. Ils sont pris dans l'ensemble géographique de l'Afrique occidentale et centrale, la zone sahélo-nord-soudanienne, la zone sud-soudanienne, la zone forestière et pré-forestière. Dans l'Afrique moderne, comme dans l'Afrique traditionnelle, les exemples sont nombreux de groupes qui s'entremêlent sur le terrain et appliquent chacun sa stratégie propre. Celles-ci peuvent alors se trouver en compétition ou être complémentaires.
Les métamorphoses de l'écologie. Entre science et expertise.
Alexandra LIARSOU
L'Harmattan, 250 pages, 26 €
A la fois science fondamentale et appliquée, reliée à des problématiques sociales, économiques, politiques ainsi qu'à une organisation administrative, légale et réglementaire, l'écologie suscite controverses et passions. Cet ouvrage clair et incisif donne une vue d'ensemble critique et concrète du périmètre de cette science en mutation, de ses contraintes, de ses limites et apports, de son instrumentalisation sociale et des débats qui en résultent.
La guerre des forêts. Luttes sociales dans l'Angleterre du XVIIIe siècle
Edward Palmer THOMPSON
La Découverte, 196 pages, 9 €
En 1723, le Parlement anglais adopte une loi terrible, le Black Act, qui punit de pendaison le braconnage des cerfs dans les forêts royales et les parcs seigneuriaux. La peine de mort est bientôt étendue au simple fait de venir y ramasser du bois ou de la tourbe. Cet épisode s’inscrit dans la longue histoire de la résistance paysanne face à la montée d’une conception de plus en plus exclusive de la propriété, qui grignote peu à peu les anciens droits d’usage coutumiers, et réduit les plus faibles à la misère. Il illustre la violence de la domination sociale dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, où l’oligarchie règne par la loi du profit et la corruption. L’analyse magistrale qu’en donne le grand historien britannique Edward P. Thompson montre comment s’impose, dans l’arène juridique, l’individualisme possessif face aux droits collectifs. Elle fait revivre la brutalité du pouvoir des notables, et la détermination des braconniers, perdants magnifiques : la « guerre des forêts » est aussi une lutte de classes sans merci.
Les mobilités partagées. Nouveau capitalisme urbain
Maxime HURÉ
Publications de la Sorbonne, 160 pages, 20 €
En mêlant réflexion théorique et perspectives opérationnelles, ce livre souhaite questionner les transformations urbaines occasionnées sur le temps long par l'émergence des mobilités partagées mises en oeuvre par de grandes firmes privées mondialisées. Dans quelle mesure la participation de ces nouveaux acteurs aux politiques de mobilité des villes transforme-t-elle le rôle des institutions publiques dans la gestion urbaine ? Ces systèmes de mobilité peuvent-ils répondre aux enjeux écologiques du XXIe siècle ? Quels sont les gagnants et les perdants de ces recompositions dans l’économie des transports, les institutions et les structures sociales urbaines ? Ces questions sont abordées à partir de l’analyse du développement récent des systèmes de vélos en libre-service et d’autopartage, en proposant une réflexion plus générale sur la place du capitalisme dans l’innovation en matière de mobilité et dans la fabrique de la ville. L’ouvrage permet de saisir les contours des nouvelles économies collaboratives en interrogeant la gouvernance « public-privé » des mobilités partagées.
Joseph JENKINS
Écosociété, 252 pages, 20,99€
Et si les rejets organiques des sept milliards de personnes qui vont aux toilettes chaque jour se transformaient en ressources à valoriser? Recycler nos selles et notre urine reste un tabou majeur dans nos sociétés. Pourtant, faire nos besoins dans de l’eau potable est peut-être l’une de nos habitudes culturelles les plus curieuses et les plus polluantes.
Joseph Jenkins offre ici un argumentaire convaincant en faveur du compostage du fumain (néologisme créé à partir de la contraction de «fumier humain»), une solution tout indiquée pour prévenir la pollution de l’eau, fertiliser les sols, protéger nos réserves d’eau potable et améliorer notre santé. Enfin disponible en français après un succès phénoménal aux États-Unis, ce guide pratique fournit des informations scientifiques détaillées sur la façon dont le fumain peut être recyclé hygiéniquement sans avoir à recourir à des gadgets technologiques ou des produits chimiques, sans se saigner monétairement et sans polluer l’environnement. Richement documenté sur les techniques de compostage, les systèmes alternatifs de traitement des eaux usées, la fertilité des sols, les micro-organismes et bien plus encore, il explique aussi comment se procurer ou construire soi-même une toilette à fumain ou un bac à compost.
D’une grande pertinence écologique, et non sans une pointe d’humour pour désamorcer toute appréhension négative, Le petit livre du fumain vous offensera peut-être, mais il vous interpellera assurément. Car quiconque s’intéresse à un futur durable comprendra la nécessité de s’attaquer à cet enjeu. Alors, les déjections humaines, simples déchets ou ressources à valoriser?
Les dessous de la politique de l'Oncle Sam
Noam CHOMSKY (traduit de l'anglais par J.-M. FLÉMAL)
Écosociété, 128 pages, 12 €
La politique étrangère des États-Unis d’Amérique depuis la Seconde Guerre mondiale expliquée par le professeur et militant Noam Chomsky, exemples à l’appui:
Au Viêt-nam, les États-Unis n’ont pas perdu la guerre: ils ont laissé un pays en ruine, divisé, qui ne pourra jamais s’en relever. En Amérique latine, les États-Unis se sont affairés à écraser toute esquisse de démocratie ne cadrant pas avec leurs intérêts économiques. L’Europe de l’Est, tombée sous le joug de l’Ouest après la chute de l’Union soviétique, est maintenue dans un état de sous-développement.
Avec la complicité des médias, Washington manie un double langage constant auprès de sa population peuple afin de justifier sa politique étrangère.
Court, accessible et très incisif, Les dessous de la politique de l’Oncle Sam est devenu un classique des relations internationales et présente un condensé des analyses géopolitiques, économiques et sociales de Noam Chomsky.
Désobéir aux grands projets inutiles. Certains élus cherchent à marquer l’histoire à grands coups de travaux inutiles…
Les Désobéissants et Xavier RENOU
Le Passager Clandestin, 64 pages, 5 €
L’opposition aux grands projets inutiles et imposés fait régulièrement la Une des médias. Depuis une dizaine d’années, elle s’est intensifiée et des dizaines de collectifs s’activent aujourd’hui localement contre les « GPII » : fermes-usines, infrastructures climaticides, lignes à grande vitesse, centrales nucléaires, projets touristiques et autres centres commerciaux…
Le Larzac, Plogoff, Notre-Dame-des-Landes, Sivens, Bure, Drucat, Lyon-Turin… ces noms résonnent comme autant d’appels à la désobéissance. Ces lieux sont des terrains d’expérimentation, de contestation mais aussi de rencontres et d'espoir. Face aux menaces écologiques qui s'amoncellent, ces mobilisations sont salutaires et nous rappellent que nous devons résister pour ne pas anéantir la planète.
Manifeste animaliste. Politiser la cause animale
Corine PELLUCHON
Alma Éditeur, 116 pages, 10 €
Soulignant ce qui est en jeu dans la violence envers les animaux, Corine Pelluchon montre que la cause animale est la cause de l’humanité. Lutter contre la maltraitance animale, c’est prendre la mesure des dysfonctionnements d’une société fondée sur l’exploitation et désirer promouvoir plus de justice. Aussi la question animale est-elle une question politique majeure. Elle nous concerne tous, quels que soient nos positions idéologiques et les conflits d’intérêts qui nous divisent. Écrit dans un style vif, ce manifeste évite la stigmatisation et dépasse les compromis qui ne satisfont personne. La stratégie proposée consiste, à court terme, à aider les personnes travaillant dans l’élevage, l’expérimentation, l’alimentation ou la mode à se reconvertir et à innover. L’objectif, à plus long terme, est de donner aux citoyens, aux représentants politiques et aux différents acteurs de l’économie les moyens d’opérer la transition vers une société juste prenant en compte les intérêts des humains et ceux des animaux.
Vivons plus vieux en bonne santé ! Des conseils au quotidien pour préserver son capital santé
Sophie COUSIN & Véronique COXAM
Éditions Quae, 192 pages, 10,99 €
Ce livre n’est pas un recueil de recettes miracle pour rester jeune mais il donne la parole à une quinzaine de spécialistes, interviewés par une journaliste santé, sous la coordination d’un docteur en physiologie. Il passe au crible les études les plus récentes et déconstruit de nombreuses idées reçues sur l’alimentation, les activités physiques, le cerveau, la douleur, la dépression… Un panorama de ce qu’il faut savoir pour traverser les années en bonne santé et des conseils très pratiques.
Propriété & commun. Idées reçues et propositions
Le Mouvement Utopia
Utopia Éditions, 106 pages, 4 €
Entre le privé et le public, nous assistons un peu partout dans le monde à une renaissance des communs. En réalité ils n’ont jamais disparu et on estime que près de deux milliards de personnes appliquent le principe de communs pour des biens et services de leur vie quotidienne. Le concept de commun, qui demande la coexistence d’une ressource définie, d’une communauté déterminée et d’un mode de gouvernance collectif, renvoie à la prise de conscience des limites d’une régulation par le marché ou par le public.
Cette renaissance des communs a été dynamisée par l’apparition des communs informationnels (logiciels libres, Wikipédia, licences Creative Commons...) luttant contre les abus de la propriété intellectuelle, mais aussi grâce à la prise de conscience des dangers de la privatisation du monde et du vivant par les transnationales ou les plus riches, générant conflits, inégalités et destructions écologiques. Elle a aussi été dynamisée par les échecs du tout étatique, à la gestion souvent lourde et bureaucratique.
À travers dix idées reçues, ce livre interroge les communs et repose la question taboue de la propriété et de l’héritage, donc des rapports de pouvoir. Car toute extension du domaine des communs entraîne la remise en cause des pouvoirs donnés aux propriétaires, qu’ils soient privés ou publics.
Dans sa partie propositions, cet ouvrage, vulgarisateur et pédagogique, prône la priorité donnée à la valeur d’usage et la mise en place ou l’extension dans nombreux domaines d’une propriété communale, associée non à des individus mais à une collectivité.
Les communs, alternative à la société du tout marché, réponse à l’offensive néolibérale, dépassement du capitalisme et de l’étatisme, révolution du xxi e siècle ? Ce livre montre que c’est peut-être un peu tout cela.
Février 2017
Transition énergétique. Une chance pour l'Europe.
Claude TURMES
Les Petits Matins, 480 pages, 23 €
Cet ouvrage est le récit de la lutte d’influence acharnée qui a lieu depuis une quinzaine d’années au sein des institutions européennes entre les « architectes » de la transition énergétique – qui ont posé les jalons des politiques en faveur des renouvelables et de l’efficacité énergétique – et ses opposants.
Avancées et reculs en la matière ont rythmé ce début de siècle, de l’enthousiasme du début des années 2000 jusqu’à la régression d’après la crise économique de 2008. Or, pour se tourner vers un avenir énergétique plus respectueux de l’humain et de l’environnement, il faut agir dès maintenant sur tous les fronts possibles afin d’accompagner cette profonde mutation : législations sur l’énergie et le climat, budgets européens et nationaux, institutions financières, recherche et développement, accords commerciaux, gouvernance, infrastructures et investissements.
Mais chaque proposition trouve en travers de son chemin des lobbys et cercles d’influence – à l’image du groupe Magritte, réunissant les entreprises d’énergie les plus polluantes et rétrogrades – qui infiltrent au plus haut niveau les circuits de décision européens.
Ce livre-témoignage permet d’accéder aux coulisses du processus décisionnel européen pour comprendre comment se font et se défont les politiques de l’UE, alors que se joue l’avenir d’un bien essentiel du quotidien des citoyens et des entreprises : l’énergie.
Revenu universel. Pourquoi? Comment?
Julien DOURGNON
Les Petits Matins, 128 pages, 12 €
Un revenu mensuel garanti pour tous, de la naissance à la mort, sans aucune contrepartie… Une incitation à la paresse ?
Une idée généreuse mais inapplicable ? Non : la meilleure des solutions, dans un contexte de crise, pour garantir une continuité d’inclusion sociale et réduire les inégalités.
Inscrit dans la dynamique d’évolution du salariat capitaliste, le revenu universel n’est ni un dispositif d’assistance ni un outil de simplification. Il constitue un autre mode de répartition de la richesse produite, dans une économie largement dominée par les machines numériques, où la précarité s’accroît et où le retour de la croissance apparaît peu probable et peu souhaitable. Justement parce qu’il est universel, un tel revenu est pourvoyeur de liberté et d’estime de soi, là où les allocations de solidarité renforcent le sentiment d’exclusion, voire de honte.
Réforme fiscale, glissement progressif des outils actuels, création de monnaies complémentaires… L’auteur examine les différentes hypothèses de financement du revenu universel. Et met au jour son puissant potentiel de transformation de la société.
Le choix du pire, de la planète aux urnes.
Corinne LEPAGE, Dominique BOURG.
PUF, 264 pags, 15 €
Accumulation des chômeurs et des pauvres au sein de l’Union européenne, destruction massive d’emplois, tassement du pouvoir d’achat des classes moyennes, effondrement des conditions de viabilité écologique de la planète, dégradation géopolitique fulgurante, diffusion de la propagande djihadiste et des théories du complot, complaisance générale à l’égard de l’idéologie farouchement ultralibérale qu’est le transhumanisme et ses hommes augmentés, alors même que des citoyens toujours plus nombreux ne parviennent plus à se soigner les dents : voici la situation que nous traversons, avec une France qui ne relève guère le tableau – et tout ceci dans le pur exercice de la dé-mocratie. Quelles raisons nous ont conduits à cette situation ? Pourquoi les électeurs comme les dirigeants font-ils le choix du pire ?
Cet essai présente les leviers politiques et juridiques dont nous disposons encore pour remonter la pente sans transiger avec la démocra-tie, et montre comment l’écologie au sens large peut et doit y aider.
Fabrice NICOLINO
Les Liens qui Libèrent, 224 pages, 18 €
Face à l’urgence politico-climatique, l’auteur s’insurge. Prônant à la fois des actions concrètes et un changement de regard sur nos sociétés et leurs écosystèmes, il rappelle le caractère impératif d’une sortie de la culture capitaliste. En effet, cette dernière met l’homme en situation de grand péril car elle menace directement son existence. Pour espérer sortir de l’ornière, il est indispensable de prendre conscience des bases sur lesquelles sont fondées nos sociétés en réalisant un véritable virage anthropologique. Il propose par exemple d’instituer l’eau en élément sacré afin de réparer une nature détruite par l’économie. À travers cet ouvrage, l’auteur propose un véritable retour aux équilibres naturels seuls capables de résoudre les crises successives que nous traversons et de soutenir l’aventure humaine.
Un livre, contre-point à une campagne pour la présidentielle qui oublie soigneusement de parler de ce qui compte vraiment, à la fois inspiré par la colère et plein d’espoir pour qui veut entendre que l’on peut croire encore à de nouveaux horizons.
Que faire des restes? Le réemploi dans les sociétés d'accumulation.
Nathalie BENELLI, Delphine CORTEEL, Octave DEBRAY, Bénédicte FLORIN, Stéphane LE LAY, Sophie RÉTIF
Presses de Sciences Po, 112 pages, 15 €
Dans la vie sociale des objets, la phase « déchet », moment où ils sont sans usage ni valeur, ne devrait plus être que transitoire. Alors que nous continuons de produire de plus en plus de biens tout en prétendant limiter les déchets, nos objets-restes doivent redevenir des richesses.
Ressourceries, vide-greniers, récupérateurs, garage sales… Peu étudié e t encore peu visible, le secteur du réemploi est devenu partie prenante des politiques publiques de prévention des déchets dans de nombreux pays. Ressuscitant en les transformant des pratiques longtemps déconsidérées par la société de consommation telles que la biffe et le chiffonnage, il remet en circulation les objets déchus afi n de leur trouver de nouveaux utilisateurs, voire de nouvelles utilisations.
Anthropologues, géographes et sociologues, les auteurs de cet ouvrage se penchent sur les pratiques du réemploi en Allemagne, en Égypte, aux États-Unis, en France, en Italie, au Maroc et en Suède. Ils donnent à voir les ambiguïtés d'un secteur qui n’œuvre pas seulement à réhabiliter les choses mais aussi les personnes qu’il emploie, le délicat exercice consistant à redonner de la valeur aux objets-restes notamment à travers la création artistique et, plus largement, le rôle d’échange et de transmission des objets qui circulent de main en main.
Plaidoyer pour nos agriculteurs. Il faudra demain nourrir le monde...
Sylvie BRUNEL
Buchet-Chastel, 132 pages, 12 €
Comment nourrir demain le monde alors que l’humanité continue de s’accroître, qu’elle s’urbanise et s’enrichit, et qu’il faut protéger la planète ?
Les agriculteurs tiennent notre avenir entre leurs mains. Ils occupent deux tiers des terres habitées et maîtrisent toutes les solutions pour répondre aux grands enjeux du développement durable : sécurité alimentaire, changement climatique, biodiversité, énergies renouvelables.
Mais en France, ils souffrent de leurs conditions de travail, comme des critiques qu’ils subissent. Beaucoup se découragent. Nous risquons de perdre notre richesse agricole.
Alors que 750 millions de personnes endurent toujours la faim, l’agriculture française nourrit pourtant le monde avec des produits de qualité. Elle est engagée dans la transition agro-écologique. Partout, les choix à effectuer, les défis à relever sont cruciaux : semences, pesticides, irrigation, élevage et consommation de viande, circuits courts ou longs, agriculture biologique ou non…
Dans cet essai percutant, Sylvie Brunel bouscule nos idées reçues et nous oblige à affronter nos contradictions.
Confessions d'un entrepreneur pas comme les autres
Yvon CHOUINARD
Vuibert, 272 pages, 27,90 €
Le récit d'Yvon Chouinard retrace son histoire mais aussi, et surtout, ses principes, qui serviront d'inspiration et d'encouragement à tous ceux qui recherchent un modèle d'entreprise à capitalisme éthique, respectueux de l'environnement.
« C’est l’histoire d’une démarche qui va au-delà de la transformation d’une seule entreprise : elle remet en cause la société de consommation qui a déclenché la crise écologique mondiale. »
Extrait de la préface de Naomi Klein,auteur de Tout peut changer : Capitalisme & changement climatique
« Mon intention, quand j’ai écrit ce livre, était d’en faire un manuel à l’attention des employés de Patagonia. Je n’aurais jamais imaginé qu’on le lirait dans les lycées et les universités, et qu’il donnerait des idées à de grandes entreprises ».Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia
Ce livre est l’histoire d’un homme à l’esprit rebelle, devenu chef d’entreprise, malgré lui. Il a su intégrer sa passion pour les sports extrêmes, pour la protection de l’environnement et son sens de l’éthique au sein de la société Patagonia. Celle-ci est devenue l’archétype de l’entreprise respectueuse de ses employés et de l’environnement, qui n’a pour autant jamais négligé la finalité économique lui assurant sa pérennité.
Yvon Chouinard est le fondateur de Patagonia, entreprise de vêtements outdoor. Il est également alpiniste, surfeur, kayakiste et pêcheur à la mouche. En 2001, il a créé 1 % pour la planète, un club d’entreprises qui s’engagent à verser 1 % de leur chiffre d’affaires aux associations qui militent pour la défense de l’environnement.
Ruralité, nature et environnement. Entre savoirs et imaginaires
Philippe HAMMAN
Érès, 528 pages, 23 €
Réunissant des chercheurs issus de différentes disciplines des sciences sociales, l’ouvrage offre un état des lieux, à la fois large et synthétique, rétrospectif, d’actualité et prospectif, des rapports complexes entre ruralité, environnement et nature. Dans cette perspective, il poursuit deux grands objectifs complémentaires:
- revenir sur un certain nombre de problématiques « à rebonds » en revisitant des dichotomies classiques : nature-société, urbain-rural, cultivé-sauvage, protéger-développer, représentations-pratiques, etc. ;
- discuter de problématiques territoriales qui ont émergé plus récemment, autour des enjeux d’environnement ou encore par rapport à la transition socio-environnementale.
En remettant en question aussi bien une vision passéiste du rural (vu en soi comme conservatoire de traditions, de la nature, etc.) que la tentation de fin de l’histoire où le rural serait dissout dans un urbain généralisé, les auteurs renouvellent ainsi conjointement les études rurales et d’environnement françaises à l’heure des appels au « développement durable ».
Humanités environnementales. Enquêtes et contre-enquêtes.
Guillaume BLANC, Elise DEMEULENAERE, Wolf FEUERHAHN, Collectif
Publicagions de la Sorbonne, 352 pages, 25 €
Histoire environnementale, anthropologie de la nature, sociologie de l'environnement… : on assiste, depuis une trentaine d’années, à la multiplication de sciences humaines et sociales qui prennent l’environnement pour objet, et revendiquent de voir ainsi leur épistémologie transformée. Le foisonnement de ces labels est tel que, aujourd’hui, certains souhaitent les rassembler sous une bannière commune, celle d’« humanités environnementales ».
Plutôt qu’un manifeste, cet ouvrage propose une histoire des humanités environnementales au prisme des disciplines (anthropologie, histoire, philosophie, géographie, sociologie, études littéraires, sciences politiques, économie, droit). Il retrace pour la première fois l’émergence intellectuelle et institutionnelle de ces domaines d’étude. En prêtant attention à la pluralité des débats et des controverses passés, ce livre décrypte un paysage singulier de la recherche internationale contemporaine : celui des sciences humaines et sociales aux prises avec l’environnement.
Agriculture et alimentation durables. Trois enjeux dans la filière céréales.
Gilles CHARMET, Joël ABÉCASSIS, Sylvie BONNY, Anthony FARDET, Florence FORGET, Valérie LULLIEN-PELLERIN
QUAE, 192 pages, 32 €
Cet ouvrage explore trois grands enjeux des céréales destinées à l’alimentation humaine, notamment du blé : teneur en protéines, qualité sanitaire des récoltes et des produits céréaliers, valeur nutritionnelle des aliments. Des stratégies sont présentées pour concilier les diverses demandes en matière de qualité et dépasser les contradictions pour une plus grande durabilité.
Économie circulaire et Territoires
Yvette Lazzeri, Dominique Bonet Fernandez & Mariane Domeizel
Presses universitaires de Provence, 204 pages, 15 €
L’ouvrage s’inscrit dans les Rencontres annuelles de l’Économie circulaire et Territoires initiées en 2014 par le Pôle développement durable et territoires méditerranéens d’Aix-Marseille Université, et sa plateforme créativité et territoires T.Créatif®.
L’économie circulaire est « un concept économique qui s'inscrit dans le cadre du développement durable et dont l'objectif est de produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l'eau et des sources d'énergie » (Ministère de l'Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie).
Les initiatives se multiplient partout en France, pour produire ou consommer autrement en donnant une nouvelle vie à un produit ou en la rallongeant. Pour autant, sortir de la logique linéaire qui imprègne notre quotidien est complexe et l'économie circulaire reste un domaine « émergent ». À la mutation du modèle productif s’imposent un changement de pratiques, des formes nouvelles de coopération entre acteurs et par là même de nouveaux instruments méthodologiques et techniques.
C’est l’objet de cet ouvrage que d’interroger les principes d’économie circulaire et de proposer un regard croisé sur les conditions d’opérationnalisation, en s’appuyant sur les expertises d’équipes de recherche, de managers et d’élus. Selon trois axes : approches générales, approches normatives et territoriales et domaines d’application.
Rodolphe CHRISTIN, Jean-Christophe GIULIANI, Philippe GODARD, Bernard LEGROS
Écosociété, 112 pages, 14 €
À droite comme à gauche, on a fait du «travail» un absolu, une norme incontournable. En s’attaquant à sa position centrale dans nos vies, les auteurs entendent mettre à mal ce consensus afin de «penser contre le travail» et ainsi dépasser un système qui souvent nous broie. Car quelle est la véritable nature du travail dont on nous serine tant les vertus? N’y a-t-il pas une hypocrisie récurrente à encourager un système qui défend encore que le travail rend libre alors qu’il devient de plus en plus rare?
Plutôt que chercher à aménager le travail pour le faire perdurer, les auteurs tentent d’imaginer des voies de sortie. Leurs critiques rejoignent plusieurs sphères du travail: le mythe du plein emploi, le salariat, le management et ses ravages, la servitude volontaire des cadres et des classes moyennes ou encore le rôle de l’éducation arrimée au monde de l’entreprise. Leur but commun: un désir de remettre en cause le dogme du travail pour tous, du travail comme élément structurant de la vie individuelle et collective, de l’activité rémunérée comme horizon existentiel prépondérant. Sans orthodoxie, c’est dans un ici et maintenant, sur nos lieux de travail et dans notre quotidien, que les auteurs nous invitent à prendre le parti de limiter, de contrer ou de refuser ce qui nous nie et nous détruit, en fonction de nos propres capacités.
Mettre en question le travail devient un impératif quand tout un monde gravite autour de ce paradigme: celui de la (sur)production et de la (sur)consommation qui ne prend pas en compte les limites de la planète. Cela n’est plus possible; l’heure est venue de réfléchir à son après.
Les catastrophes naturelles au Moyen Âge
Thomas LABBÉ
CNRS Éditions, 352 pages, 26 €
Comment comprendre la notion de catastrophe naturelle dans la pensée médiévale ? Étonnement, puissance, terreur, fonction purificatrice, choc des consciences…
Avec tous les fantasmes qu’ils drainent dans leur sillage et la stupeur qu’ils produisent sur les esprits, ces «accidents de la nature» ouvrent une fenêtre fascinante sur l’histoire des représentations au Moyen Âge. Revisitant les textes des chroniqueurs qui tentèrent d’en rendre compte, Thomas Labbé montre que le récit du phénomène extrême favorise toujours la déformation de la réalité vécue. La catastrophe apparaît comme une manière de donner un sens à l’extraordinaire, comme en attestent les récits de l’effondrement du mont Granier en 1248, de l’inondation de l’Arno en 1333 ou encore du tremblement de terre à Naples en 1456. Le processus d’«événementialisation» qui en découle s’opère plus à travers l’imaginaire et la sensibilité de la société que par ses capacités rationnelles d’objectivisation.
Une grande étude à la croisée de l’histoire sociale et de l’histoire des émotions en Occident.
Jacques BOUVERESSE
Agone, 128 pages, 9,50 €
Dans Le Mythe du progrès, von Wright remet en question certaines de nos croyances contemporaines les plus fondamentales, en particulier la croyance au progrès, et rappelle, d’une part, que l’espèce humaine est soumise à la même loi de précarité et de caducité que les autres espèces et, d’autre part, que rien ne garantit que la forme industrielle de production soit biologiquement adaptée à l’être humain. Ces deux idées pourraient donner l’impression de relever du simple bon sens ; elles n’ont rien de particulièrement choquant ou subversif. Mais elles n’en ont pas moins suscité des réactions négatives surprenantes de la part de tous ceux, scientifiques, économistes, politiciens, intellectuels, qui partagent une conviction commune, que l’on peut appeler « la croyance dans la croissance économique illimitée ».
Ce qui confirme l’idée de Kraus que, même si on ne sait pas ce qu’est le progrès, tout le monde est plus que jamais tenu de croire qu’une chose au moins est sûre : nous progressons, nous pouvons le faire de façon illimitée, et l’obligation de continuer à le faire est une sorte d’impératif catégorique pour les sociétés contemporaines.
Quand il s’interroge sur le type de lecteurs qui seraient, au contraire, susceptibles d’apprécier les idées qu’il a développées, von Wright suggère prudemment deux groupes, qu’il appelle celui des « conservateurs de la valeur » et celui des « intellectuels de gauche » – dont il constate, d’une façon que je ne contredirai pas, qu’il semble pour tout dire déjà moribond. La question qui se pose est de savoir qui sont aujourd’hui les intellectuels de gauche. Doit-on encore appeler ainsi des gens qui, s’ils sont plus sensibles que d’autres aux coûts sociaux et humains du progrès, et en particulier aux inégalités qu’il engendre, n’en continuent pas moins le plus souvent à croire à la possibilité et à la nécessité du progrès par la croissance économique illimitée, se contentant pour l’essentiel d’exiger que les fruits de la croissance soient répartis un peu plus équitablement ?
Paysans mutins, paysans demain. Pour une autre politique agricole et alimentaire
Gérard CHOPLIN
Éditions Yves Michel, 15€
Dans les années 1980, une voix paysanne en Europe s’est levée face au productivisme et à la mondialisation néolibérale des marchés agricoles, dans lesquels les réformes successives de la Politique Agricole Commune se sont inscrites. Il s’agit de la Coordination paysanne européenne (devenue aujourd’hui la Coordination européenne via campesina[1]). Gérard Choplin, qui en a été l’un des artisans, témoigne de sa naissance, de son développement et de ses transformations, de 30 ans de débats, de propositions, d’actions pour une politique agricole juste, durable, solidaire.
L’Europe sera-t-elle à la hauteur des enjeux en changeant profondément de politique agricole? Devant les impasses sociales et environnementales actuelles et les interrogations existentielles de l’Union européenne, les paysans mutins d’aujourd’hui sont d’utilité publique.
Mars 2017
Aux origines de la décroissance. Cinquante penseurs.
Coordonné par Cédric BIAGINI, David MURRAY et Pierre THIESSET
Coédition l'Échappée, le Pas de côté, Écosociété, 300 pages, 20 €
La civilisation industrielle ne s’est pas imposée sans résistances. De grands esprits critiques se sont toujours levés contre la liquidation des artisans et des paysans, contre la destruction de l’environnement et le bouleversement des modes de vie, contre l’emprise du marché et des machines sur les individus. La contestation de l’idéologie du Progrès que porte aujourd’hui le courant de la décroissance se situe dans cette longue filiation.
Parmi ces illustres devanciers, les cinquante penseurs présentés ici – dont les œuvres très diverses se déploient sur les deux derniers siècles – ont de quoi alimenter les réflexions actuelles de toutes celles et tous ceux qui aspirent à une société centrée sur l’humain, et non plus soumise à la mégamachine. Leurs pensées, profondes, intemporelles et clairvoyantes, exposées dans ce livre de manière claire et didactique, remettent radicalement en cause le culte de la croissance, l’esprit de calcul, la foi dans les technologies, l’aliénation par la marchandise... Elles en appellent à une sagesse immémoriale : il n’y a de richesse que la vie.
Alexandre Chayanov pour un socialisme paysan
Renaud GARCIA
Le Passager Clandestin, 100 pages, 8 €
L’économiste agraire Alexandre Chayanov (1888-1937), loyal soutien de la transition vers le socialisme fusillé pour ses idées par la police politique soviétique en 1937, a jeté les bases d’une étude rigoureuse de l’économie paysanne familiale. Encore largement à l’œuvre dans l’agriculture de subsistance des pays du Sud, celle-ci figure aussi dans les déclarations de nombreux paysans en lutte contre le développement des grandes exploitations agro-industrielles.
En présentant le fonctionnement d’une économie dénuée des catégories de base du capitalisme (salaire, intérêt, rente, profit) et fondée sur le sens populaire des équilibres, des échelles pertinentes de production et de l’autonomie locale, l’œuvre de Chayanov permet de combattre l’imaginaire de l’homo economicus. Sa réflexion sur l’extension coopérative de cette économie offre en outre de solides points d’appui à la réorganisation de la production agricole dans les sociétés de l’après-croissance.
Les auteurs réunis dans cette collection constituent les racines de la pensée politique de la décroissance. L'apport d’Alexandre Chayanov à cette pensée est présenté ici par Renaud Garcia ; la seconde partie de l'ouvrage est composée d’extraits qui offrent un accès direct à son œuvre.
Bien vivre. Autonomie, Dignité, Solidarités.
Collectif
Les Petits Matins, 240 pages, 3 €
Programme pour les temps qui viennent
Pour les écologistes, les priorités ne sont pas celles que l’on nous présente à longueur de journée : règle d’or et critères de Maastricht, équilibre des finances publiques, libre échange… mais la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique et la raréfaction des ressources, les impasses d’un modèle économique fondé sur le mythe de la croissance, l’injuste répartition des richesses, les inégalités territoriales et mondiales, les menaces sur la démocratie et les libertés publiques, etc. À travers six chantiers urgents, ce livre-programme esquisse un chemin : celui de la conversion écologique de la société, pour développer de nouveaux secteurs économiques, réinvestir les territoires, créer des emplois et soutenir l’innovation. Il porte un projet de civilisation – un projet humaniste, réformiste et radical, pour aujourd’hui et pour les générations futures. Une autre manière d’habiter le monde, une autre vision du collectif avec le bien-vivre comme horizon.
Pour une économie citoyenne. L'économie sociale et solidaire face au défi numérique.
Sebastien DARRIGRAND, Hugues VIDOR
Les Petits Matins, 96 pages, 10 €
La «nouvelle économie», ou économie numérique, n’est pas forcément synonyme de destructions d’emplois ni d’«ubérisation» de la société ! Les acteurs de l’économie sociale et solidaire entendent le démontrer.
Cet ouvrage en forme de manifeste rappelle la place qu’occupe l’économie sociale et solidaire en France et sa contribution au développement de l’emploi. Il met en avant des expériences novatrices et réussies dans ces domaines qui émergent depuis le début des années 2000 : «silver économie» (tournée vers les personnes âgées), économie circulaire (recyclage et réemploi) et collaborative (nouveaux modes d’échanges et d’accompagnement). Enfin, il formule des propositions concrètes pour la prochaine mandature politique afin de promouvoir des modes d’entreprendre qui conjuguent équité, responsabilité, innovation sociale et développement durable.
Marxismes écologiques, Actuel Marx 2017 - n° 61
Sous la direction de Pierre CHARBONNIER
PUF, 224 pages, 25 €
Les préoccupations liées à l’épuisement des ressources de la planète et aux crises systémiques de l’environnement occupent désormais une place centrale dans la culture, la politique et la vie intellectuelle. Elles sont aussi porteuses d’une profonde métamorphose épistémologique dans l’ensemble des sciences historiques. Ces savoirs s’étaient fondés depuis le XIXe siècle sur l’hypothèse de l’autonomie du social. Pourtant aucune histoire, aucune anthropologie, aucune sociologie, aucune économie n’est plus pensable en dehors de la prise en compte des rapports que les collectivités entretiennent avec leur environnement naturel. Ce numéro montre que la tradition marxiste ne se trouve pas dépourvue d’outils dans une telle configuration épistémologique, mais aussi qu’elle est appelée à se renouveler en partie à son contact.
Changer d'avenir. Réinventer le travail et le modèle économique.
Les Économistes Atterés
Les Liens qui Libèrent, 160 pages, 17 €
Les politiques ne prennent pas la mesure de la profondeur de la crise et, surtout, de son caractère systémique. Cet aveuglement devient mortifère pour notre société et notre démocratie. Dans cet ouvrage, Les Économistes atterrés appellent à une grande bifurcation. À l’âge de l’anthropocène, qui implique de repenser l’idée même de la croissance, et face à l’ubérisation qui organise le délitement de la protection sociale, ils proposent d’entrer dans un nouveau monde.
S’inscrire résolument dans la transition écologique et créer ainsi de vastes domaines d’activités nouvelles. Se saisir de l’économie sociale et solidaire et du mouvement autour des communs pour bâtir d’autres manières de produire et d’autres organisations du travail dont le profit n’est pas la fin exclusive. Instaurer des nouveaux droits du travail attachés à la personne pour, au-delà du salariat, renforcer les solidarités et combattre le précariat. Promouvoir une nouvelle manière de conduire la politique industrielle, centrée non plus sur les seuls grands groupes, mais aussi sur les territoires, en donnant toute sa place aux PME et aux acteurs locaux…
Loin des sentiers battus, avec lucidité et détermination, ce livre se confronte aux véritables défis d’aujourd’hui et propose un chemin pour refonder l’avenir.
Le climat dans tous ses état !
Pierre MARTIN
De Boeck, 192 pages, 12,90 €
Si le réchauffement climatique actuel a débuté il y a 12 000 ans environ, il est depuis trente ans un sujet mondial d’inquiétude. Il serait la cause d’innombrables catastrophes actuelles et futures. Qui en est responsable ? Va-t-il se poursuivre ? Avec quelle intensité ? Avec quels effets sur la vie en général et sur l’homme en particulier ? Ambiguës et controversées, Les réponses à ces questions entretiennent de véhémentes polémiques sur l’hypothèse d’une responsabilité humaine dans son accroissement. Pour tenter d’y mettre fin, Pierre Martin s’applique ici – avec méthode et sans parti pris – à l’étude objective des variations climatiques, de leurs causes et de leurs effets, ainsi que celle des risques qu’elles font déjà peser sur notre environnement.
Manifeste pour une agriculture durable
Lydia et Claude BOURGIGNON
Actes Sud, 80 pages, 9 €
La mondialisation et la “révolution verte” n’ont pas tenu leurs promesses, car toutes deux sont des idéologies qui ne prennent pas en compte la réalité.
Désormais, les citoyens français protestent contre ce modèle archaïque et demandent à l’agriculture d’évoluer vers plus de durabilité, en produisant des aliments de qualité et en assurant aux paysans une pérennité de leur métier.
Présenter l’agriculture durable comme une solution pour cette France qui importe sa nourriture et ses produits manufacturés de pays à bas salaires peut paraître utopique. Or, elle porte en elle deux atouts fondamentaux : d’une part, nous pouvons nous passer de biens industriels, mais pas de nourriture ; d’autre part, elle est la seule source durable de richesse des nations. L’humanité ne cesse de s’appauvrir en éventrant la terre pour lui prendre ses minerais et son énergie fossile, pourtant elle pourrait simplement s’enrichir en cultivant la terre selon les principes de durabilité.
Ce manifeste redonne à l’agriculture le rôle central qu’elle a toujours occupé dans les civilisations. Il propose des solutions pour la faire évoluer en la rendant à la fois durable et qualitative.
Vers l'agroécologie, paroles de paysans
Collectif
Actes Sud, 200 pages, 32 €
Ces paroles de paysans soucieux d’une approche agroécologique dans leurs pratiques quotidiennes sont le cœur et la matière principale de ce livre qui se propose de restituer, au gré des saisons et des territoires, les savoirs écologiques et les expériences répondant aux défis agricoles contemporains.
Transformations agricoles et agroalimentaires. Entre écologie et capitalisme.
Coordonné par Gilles ALLAIRE, Benoît DAVIRON
Quae, 432 pages, 49 €
L’ouvrage synthétise des recherches récentes sur l’évolution de l’agriculture et de l’alimentation dans la dynamique du capitalisme. Il s’appuie sur des approches peu connues en France comme l’économie politique internationale ou l’économie écologique.
Il étudie les transformations agricoles au regard de l’écologie, de l’histoire et de la géopolitique ; il trace les spécificités de l’agriculture et de l’agroalimentaire au XXIe siècle ; enfin, il propose des approches théoriques qui permettraient de renouveler l’économie agricole.
La société écologique et ses ennemis. Pour une histoire alternative de l'émancipation.
Serge AUDIER
La Découverte, 500 pages, 27 €
Alors que monte la prise de conscience du péril environnemental, les obstacles à une véritable mutation écologique des sociétés contemporaines restent massifs et les modèles alternatifs peinent à s’imposer. Les traditions intellectuelles de la gauche semblent souvent impuissantes à apporter des réponses. Pire, n’ont-elles pas contribué, par leur culte des « forces productives », à l’impasse actuelle ?
La généalogie intellectuelle proposée par Serge Audier revient sur des évidences trompeuses, notamment celle qui voudrait que les mouvements émancipateurs n’aient abordé que très tardivement les enjeux écologiques. On redécouvre certes peu à peu des voix minoritaires qui, de Henry D. Thoreau à William Morris, avaient manifesté très tôt un souci inédit de la nature. Mais en les érigeant en héros solitaires, on contribue à occulter une nébuleuse beaucoup plus large et méconnue qui, entre socialisme et anarchisme, a esquissé les traits d’une « société écologique ». L’objectif de ce livre est d’exhumer et de reconstituer une pensée sociale de la nature et de l’émancipation, construite aux marges du « grand récit » socialiste et républicain.
De fait, cette tendance dissidente a été ignorée, marginalisée, voire combattue par les courants hégémoniques, qui ont souvent vu dans l’écologie un conservatisme traditionaliste ou un romantisme réactionnaire… Si les « ennemis » de la « société écologique » se trouvent bien entendu du côté des forces du capitalisme, il serait faux et dangereux d’oublier qu’ils font aussi partie de l’histoire même de la gauche et du socialisme dans ses orientations majoritaires, encore prégnantes.
Yoanne MOREAU
PUF, 392 pages, 23 €
Les catastrophes semblent humainement absurdes, impossibles et impensables, mais elles surgissent, suscitant la stupeur et l’effroi. Et chaque fois, les individus touchés reconstruisent tant bien que mal un récit donnant sens à leur existence.
En s’appuyant sur des cas précis (séisme d’Edo de 1855, éruption volcanique d’Ambrym en 1892, éruption de l’Etna en 1991, glissement de terrain de Vargas en 1999…), l’auteur réinvestit les milieux où survient l’événement, dans ses variations géographiques et sociales, pour mettre en lumière les processus de re-fabrication du sens qui, par des dispositifs de remédiation collective, sans étouffer la part d’absurde et d’inacceptable, permettent de « vivre avec » les catastrophes.
Une magistrale étude, qui renouvelle notre compréhension des situations de crise.
Biodiversité, quand les politiques européennes menacent le vivant. Connaître la nature pour mieux légiférer.
Inès TRÉPANT
Yves Michel, 368 pages, 22 €
Plaidoyer pour un décloisonnement des politiques européennes afin de sauvegarder efficacement la biodiversité en Europe.
La protection de la biodiversité est un enjeu sociétal majeur qui va bien au-delà de simples histoires de fleurs et d’oiseaux. Cependant, l’Union Européenne échoue systématiquement à répondre aux objectifs qu’elle s’est fixés en la matière ; la création de réserves naturelles n’étant qu’une rustine de fortune. Comment expliquer cela ? Quels sont les enjeux ? Et surtout comment y remédier ? Le modèle agricole européen en faillite subit les assauts de l’idéologie néolibérale et génère une perte de biodiversité en Europe avec les engrais chimiques épandus dans les champs, les plantes génétiquement modifiées et les «bio» carburants mortifères. Le concept même de «bio-économie», revisité par les institutions européennes, porte les germes d’un bouleversement écologique sans précédent. Il y a urgence à légiférer pour protéger les sols et les semences du joug des grandes firmes internationales.
A travers cette analyse des sept mécanismes européens de destruction de la biodiversité, Inès Trépant jette des ponts entre le monde politique et le milieu naturaliste. Elle invite à un décloisonnement des politiques européennes entre les lignes environnementales, agricoles, énergétiques, industrielles et commerciales pour aboutir à des mises en œuvre cohérentes et durables. L’auteure propose enfin des alternatives pour sortir du toujours plus de croissance, en puisant dans la connaissance de la nature et des lois qui la régissent. Un livre militant invitant à réhabiliter la mémoire collective pour renouer avec la nature.
Inès Trépant est diplômée en politique internationale et en études européennes. Depuis 2004, elle travaille au Parlement européen comme conseillère politique pour la Commission économique et monétaire (jusqu'en 2010) et depuis, pour la Commission du Développement. Elle est l’auteure de nombreuses publications sur la politique européenne et commerciale. Elle a dirigé, avec le député européen honoraire Paul Lannoye, le collectif « Commerce mondial : la démocratie confisquée », paru aux éditions Yves Michel en 2015. Inès Trépant est également guide nature et membre fondatrice de l'association GRAPPE (Groupe de Réflexion et d’Action pour une Politique Ecologique). Elle vit à Bruxelles.
Des territoires vivants pour transformer le monde
Patrick CARON, Élodie VALETTE, Tom WASSENAAR, Geo COPPENS D'EECKENBRUGGE, Vatché PAPAZIAN
Quae, 280 pages, 29 €
Sur quelles ressources se fonde le développement d’un territoire ? Qu’est-ce qu’une gestion territoriale des ressources ? Quelles spécificités et opportunités présente l’organisation territoriale pour la production agricole, la régulation des filières, les services ? Comment se conçoivent et s’appliquent des politiques publiques territoriales ? Mais également, quelles sont les limites de l’approche territoriale ? En quoi la prise en compte des territoires rénove-t-elle les cadres d'intervention du développement ? Comment se mettent en œuvre et se réinventent les dispositifs d’accompagnement, de construction de compétences, d’appui à la production ou de gouvernance, les systèmes d'information et d'appréhension des dynamiques territoriales, la planification décentralisée ?
A travers diverses études, l’ouvrage évoque la façon dont acteurs, échelles et périmètres d’intervention, dispositifs interagissent pour le développement des espaces ruraux dans les pays du Sud, tant à l'échelle locale que dans la perspective globale des objectifs du développement durable.
L’ouvrage regroupe les expériences et points de vue de plus de 150 chercheurs et experts du Cirad, de l’AFD ou de leurs partenaires. Il s’adresse autant aux chercheurs, aux ingénieurs, aux professionnels dans les pays du Sud, qu’aux étudiants et au grand public averti.
2050 : quelles énergies pour nos enfants?
Pierre PAPON
Éditions Le Pommier, 224 pages, 20 €
En 2050, nos enfants rouleront en voitures électriques, ou avec des biocarburants, les campagnes seront parsemées d’éoliennes, et plus aucun pays dans le monde ne sera laissé sur le banc de touche énergétique… Doux rêve ou réalité en marche ? Les états et les gouvernements commencent à peine à réaliser l’ampleur des défis à relever pour préserver notre avenir et celui de la planète…
Ces enjeux nous concernent tous, mais comment s’orienter, comment penser notre avenir et celui des générations futures ? Pour cela, Pierre Papon a une méthode efficace : concevoir des scénarios et des utopies ! Projetons-nous dans la France de 2035, où les filières solaire et éolienne sont en plein essor, ou dans le Singapour des années 2050 et ses « Cités radieuses » écologiques… Les possibles techniques se dessinent, les enjeux géopolitiques se font jour, les impasses aussi, face à des innovations qui s’imposent dans notre quotidien et préparent l’avenir.
Michel GODRON
L'Harmattan, 126 pages, 14,50 €
Comment faire face à la croissance démographique, augmenter la production agricole, économiser l'énergie et l'eau, maîtriser le changement climatique, assurer la transition énergétique, maintenir la biodiversité, trouver un nouvel équilibre économique et social ? En plus d'être techniques, biologiques ou économiques, les innovations nécessaires doivent prendre en compte l'esthétique, l'éthique et la spiritualité, présentes en chacun de nous.
Pierre MADELIN
Écosociété, 152 pages, 13 €
Comment s’émanciper de cette servitude volontaire où consommation et capitalisme riment avec destruction des conditions de vie sur Terre ? Aller au supermarché en voiture, changer de iPhone tous les six mois, passer trois heures par jour devant un écran, cela fait pourtant partie du quotidien de la plupart de nos contemporains. Or, sans une véritable transition écologique, nous assisterons inévitablement à une série d’effondrements systémiques. Pour rompre avec l’imaginaire de domination rationnelle du monde hérité de la science et de la philosophie modernes, Pierre Madelin explore les possibilités révolutionnaires du présent en convoquant l’écologie politique libertaire. Si le capitalisme est l’ennemi à abattre, un changement de paradigme, qui concerne autant le climat, l’énergie, la démographie, la question animale que l’organisation politique des sociétés, est en marche. Avec une lucidité salutaire et par-delà toute pensée réactionnaire, Pierre Madelin nous invite à conserver le monde en tant que monde.
La naissance de l'écologie politique en France, une nébuleuse au coeur des années 68
Alexis VRIGNON
Presses Universitaires de Rennes, 328 pages, 23 €
Au confluent de l’histoire politique et de l’histoire environnementale, mobilisant des archives inédites, cet ouvrage décrit la genèse et la construction des mouvements écologistes, sur le terrain et dans les urnes. Tout au long des années soixante-dix, les militants de cette nébuleuse s’efforcent d’en promouvoir l’unité. Animés par l’aspiration commune à redéfinir les rapports entre l’homme et la nature pour transformer la société, ces mouvements n’en sont pas moins très divers dans leur positionnement politique, leur répertoire d’action et leur approche des enjeux environnementaux : bref, dans leur culture écologique.
Carbon Democracy, le pouvoir politique à l'ère du pétrole
Timothy MITCHELL
La Découverte, 328 pages, 13 €
Ceci est un « livre à thèse », une thèse forte et iconoclaste, qui déplace radicalement notre vision de l’histoire du XXe siècle : les contours et les transformations des régimes politiques dits « démocratiques » ont été largement déterminés par les propriétés géophysiques des principales énergies carbonées, le charbon d’abord, puis le pétrole.
Ainsi, la pesanteur du charbon, la nécessité de l’extraire des mines puis de le charger dans des convois, etc. ont donné à ses producteurs un pouvoir considérable ; en utilisant la menace d’en interrompre les flux, ils créèrent syndicats et partis de masse, à l’origine des premières démocraties de l’ère moderne. En face, les classes dominantes ont cherché à organiser la transition énergétique à l’échelle mondiale. En effet, grâce à sa fluidité, sa légèreté et son exceptionnelle concentration en énergie, le pétrole permettait de contourner les réseaux et pouvoirs anciens.
Un autre régime s’est ainsi progressivement mis en place, dans lequel la vie politique s’est retrouvée anémiée, la paix sociale et la prospérité des « démocraties » occidentales ont reposé sur l’autoritarisme moyen-oriental, et où la croissance illimitée s’est transformée en religion. Aujourd’hui, ce système est au bord de l’effondrement et nous pose une question cruciale : comment les énergies postpétrole pourront-elles donner naissance à des régimes réellement démocratiques ?
Environnement et développement durable dans les politiques de l’Union européenne
Gérard BROVELLI, Mary SANCY
Presses Universitaires de Rennes, 336 pages, 26 €
Ce livre illustre la place que le développement durable et la protection de l’environnement ont prise dans la législation européenne, ainsi que les limites de cette intégration. L’Europe est en effet tournée vers la construction d’un grand marché et d’une société où les relations sociales marchandes deviennent prépondérantes et tendent à happer toutes les autres dimensions. Alors qu’il est question depuis plusieurs mois de renouveler les bases du projet européen afin de retisser le lien entre les citoyens, la place de l’environnement et du développement durable devra probablement être prééminente.
La Chine au risque de la dépendance alimentaire
Jean-Marc CHAUMET, Thierry POUCH
Presses Universitaires de Rennes, 212 pages, 20 €
Ce livre analyse l’origine et surtout les conséquences de la dépendance alimentaire de la Chine. Est-elle en mesure d’inverser le processus, au moins dans le secteur des grains ? Sinon, Pékin devrait poursuivre sa stratégie de diversification de ses approvisionnements alimentaires (investissements directs à l’étranger, achats ou locations de terres dans d’autres pays, importations massives et sécurisées par des partenariats commerciaux…). Les répercussions géoéconomiques de cette posture seraient porteuses de tensions géopolitiques.
Éthique de la nature ordinaire. Recherches philosophiques dans les champs, les friches et les jardins
Rémi BEAU
Publications de la Sorbonne, 342 pages, 24 €
Faut-il que la nature soit vierge ou intacte pour se voir reconnaître une valeur ? C'est l’idée que les premières philosophies environnementales, apparues dans les années 1970 et centrées sur la nature sauvage ou la notion de wilderness, semblaient conforter. Ce faisant, elles laissaient penser que, sur les terres habitées ou transformées par les hommes – qui couvrent la majorité de la surface de la planète –, il fallait renoncer à penser la nature. Dépassant cette approche dualiste opposant préservationnistes et modernistes, l’auteur explore une voie médiane : contre l’idée que la nature résiderait seulement dans quelques lieux remarquables, il propose d’appréhender la gamme différenciée de nos rapports à la nature quotidienne. Car il y a bien de la nature dans les sociétés humaines et, en regard, nous faisons société avec elle. C’est en immersion dans les mondes agricoles et en avançant une description des pratiques multiples qui, dans les champs, les friches et les jardins, nous mettent en relation avec des partenaires non humains, que cet ouvrage propose donc l’élaboration d’une éthique de la nature ordinaire.
Construire des politiques alimentaires urbaines. Concepts et démarches
Julie DEBRU, Benoit DAVIRON, Christophe-Toussaint SOULARD, Caroline BRAND, Nicolas BRICAS, Laura MICHEL
QUAE, 160 pages, 35 €
Porté par les industries agroalimentaires, le système alimentaire dominant actuellement n’est pas durable. Les études et les expertises se multiplient pour en montrer les limites en termes d’usage des ressources, de distanciation, de santé, d’équité, d’emploi etc… Face à ces constats, des acteurs publics ou privés se mobilisent et l’on voit émerger des initiatives où les « gouvernements urbains » apparaissent comme de plus en plus actifs et puissants.
Écrit par un collectif de chercheurs, cet ouvrage décrit les cadres conceptuels existants pour une démarche d’analyse des politiques alimentaires urbaines, au croisement des concepts de système alimentaire et de ville durable. Il constitue une base de travail pour identifier des questions de recherche, en relation avec les initiatives des gouvernements locaux urbains, au Nord et au Sud. Il est issu des travaux menés au sein d’Agropolis International dans le cadre du programme Surfood (Sustainable urban food systems) ainsi que d’une recherche-action menée en appui à Montpellier Méditerranée Métropole pour la construction de sa politique agroécologique et alimentaire.
Les auteurs s’adressent aux scientifiques et aux experts qui analysent et accompagnent les politiques alimentaires urbaines. Les experts de politiques locales dans leur globalité trouveront également un intérêt à la lecture de l’ouvrage.
Les rivières urbaines et leurs pollutions
Laurence LESTEL, Catherine CARRÉ
QUAE, 296 pages, 42 €
En deux siècles, les rivières traversant les villes européennes sont passées de réceptacle de tous leurs rejets à un milieu aquatique vivant, à préserver et à intégrer à la ville. Pour autant, ce retournement de perspective s’est produit alors que l’urbanisation et l’industrialisation conjointe des villes depuis le XIXe siècle avaient entraîné le sacrifice de leurs rivières. Les quatre métropoles de Bruxelles, Berlin, Milan et Paris ont été choisies car situées sur des rivières ayant un débit faible, voire très faible. Elles ont généré pendant longtemps des pressions telles que le fonctionnement des rivières s’en est trouvé modifié, au point de compromettre la préservation de leurs fonctionnalités.
Avec un regard interdisciplinaire — entre écologie, hydrologie et sciences sociales —les auteurs reconstruisent ici la connaissance qu’ont eue les sociétés du fonctionnement de ces rivières, décrivent les techniques de surveillance des cours d’eau et énumèrent les actions menées pour améliorer leur état. Puis ils évaluent l’efficacité des réponses apportées, à travers l’évolution de l’état des rivières et de leurs populations piscicoles, utilisées ici comme traceur des pressions exercées et des réponses du milieu aquatique.
Ces études de cas illustrent la diversité des trajectoires des couples ville-rivière et l’absence de causalité entre la connaissance de la qualité des cours d’eau, leur surveillance et les décisions prises. Elles révèlent l’importance des choix politiques pour ces quatre villes — indépendamment des moyens financiers et techniques disponibles — et fournissent un retour d’expérience pour les très grandes villes du monde qui se retrouvent, un siècle plus tard, confrontées aux mêmes défis.
Antoine GITTON
Libre & Solidaire, 156 pages, 14,90 €
« La propriété littéraire est d’utilité générale » Victor Hugo – 17 juin 1878
La faiblesse de la pensée politique, qui caractérise notre époque, tend à isoler toujours plus la propriété intellectuelle de l’environnement et à la séparer du public et de l’intérêt général.
Pourtant, c’est bien l’intérêt général, le public et l’espace public qui fondent la propriété intellectuelle en général et la propriété littéraire et artistique en particulier. Le monopole d’exploitation conféré à un auteur ne peut se justifier que par l’intérêt général que lui porte son public et qui le récompense ainsi de son travail. Impraticable pour la vie de l’esprit, le champ de la nature s’est opposé au champ de la culture et nos sociétés démocratiques reposent sur ce postulat que l’état de nature précède l’état politique. Réconcilions environnement et culture, étendons le champ de la légitimité démocratique à l’espace naturel, concevons la « propriété » intellectuelle, non plus tant comme autant de collections de propriétés privées, mais comme la structure d’un espace public.
Ainsi pourrions-nous étendre cette « propriété » intellectuelle refondée, en conférant des droits intellectuels au bénéfice de personnes privées ou publiques qui réaliseraient un travail particulier au bénéfice de l’espace naturel, à savoir l’espace du vivant, dans l’intérêt général. Il ne s’agit plus d’avoir ou de posséder, mais bien d’être en conscience dans un espace commun partagé par tous et respectant notre environnement.
Entropia. La vie au-delà de la civilisation industrielle
Samuel ALEXANDER
Libres & Solidaires, 192 pages, 14,90 €
Dans les années 2030, la civilisation industrielle s’effondre ; une communauté insulaire du Pacifique Sud se retrouve alors définitivement isolée du reste du monde. Sans autre choix que de construire une économie autarcique avec des sources d’énergie très limitées, cette communauté se lance dans la création d’un mode de vie plus simple qui pourra s’épanouir jusque dans un lointain avenir. Avant tout déterminés à transcender les valeurs matérialistes de l’Ancien Monde, ses membres s’engagent à mener une existence de simplicité matérielle, convaincus que c’est la voie la plus sûre vers la véritable liberté, la paix et la prospérité durable. Soixante-dix ans plus tard, en l’an 2099, un habitant de l’île décrira les résultats de cette remarquable expérience de vie qu’est Entropia, avec son économie « désindustrielle », ses institutions politiques aux antipodes de la démocratie représentative, l’omniprésence de l’art dans cette société de la simplicité.
À nous la ville! Traité de municipalisme
Jonathan Durand
Écosociété, 200 pages, 16 €
Les villes peuvent-elles changer le monde ? Considérées comme les espaces où se joueront en grande partie les luttes politiques du XXIe siècle, les villes tardent pourtant à susciter l’attention qu’elles méritent dans les cercles progressistes. Pour Jonathan Durand Folco, la gauche doit urgemment investir cet espace politique qui est au centre des enjeux sociaux, économiques et écologiques du XXIe siècle et qui possède un potentiel de transformation inédit.
Prenant appui sur de solides bases théoriques, nourri des expériences d’ici et d’ailleurs, l’auteur expose les contours d’une nouvelle stratégie politique : le municipalisme. Il montre que la ville est au cœur des contradictions du capitalisme avancé, qu’une tension de plus en plus forte s’exprime entre le développement de la « ville néolibérale » et les revendications du « droit à la ville », et que la question écologique, la spéculation immobilière et la défense des communs sont au centre des mobilisations citoyennes.
Cherchant à dépasser le clivage ville/région et à surmonter les écueils posés par les stratégies de transformation sociale « par le haut » ou « par le bas », Jonathan Durand Folco donne des pistes pour s’organiser et passer à l’action. Comment penser le front municipal ? Comment articuler les échelles locale, nationale et internationale dans la perspective d’une République sociale vue comme Commune des communes ? À quels problèmes organisationnels faisons-nous face ? Cela passerait-il par la création d’un Réseau d’action municipale ? Et selon quelles valeurs et quels principes organisationnels ? Autant de questions auxquelles tente de répondre l’auteur pour réhabiliter la municipalité comme espace politique et vecteur de transformation sociale.
Notre bonne fortune. Repenser la prospérité
Éloi LAURENT
PUF, 96 pages, 12 €
Cet ouvrage avance deux idées simples mais fortes : tout d’abord, la « croissance » ne nous permettra de résoudre aucune des deux crises majeures du début du XXIe siècle : la crise des inégalités et les crises écologiques, bien au contraire. Ensuite, nous avons besoin de construire et de partager un grand récit positif pour engager la transition vers le bien-être, la résilience et la soutenabilité, qui sont nos véritables horizons.
Aussi improbable que cela puisse paraître, il nous faut donc transformer le péril écologique en une chance : une chance de réduire les inégalités de développement humain entre les pays et en leur sein, une chance d’améliorer la santé des plus vulnérables en se débarrassant des énergies fossiles et de leurs pollutions, une chance de renforcer le lien social et la communauté de destin entre les générations, une chance enfin de créer des emplois durables et de réinventer notre protection sociale.
Redéfinir notre richesse pour maîtriser notre destin : ce sera notre bonne fortune.
La réalisation de soi. Spinoza, le bouddhisme et l'écologie profonde
Arne NAESS
Wildproject, 312 pages, 22 €
« Un Sami (qu'on appelle à tort un Lapon) est arrêté au bord d'une rivière. Il refuse de partir. Au policier qui lui demande pourquoi il s'entête, il répond : "Ce lieu fait partie de moi." »
La philosophie de Næss n'est en rien un "panthéisme" ou un "réenchantement" de la nature. Elle invite à faire de nouveau pleinement l'expérience du monde. Elle invite à nous restaurer en réactivant nos liens aux lieux que nous aimons. À comprendre pourquoi nous pouvons nous fier aux sentiments qui nous lient aux êtres, aux choses et aux lieux – car ces relations, loin d'être des suppléments d'âme, constituent la texture du monde. Elle invite à nous réaliser, à devenir plus joyeux et plus généreux, à travers un processus élargi d'identification aux autres et à la nature.
La réhabilitation de cette expérience spontanée est une condition indispensable non seulement à la réalisation de soi, mais également à la résolution de la crise écologique et à une nouvelle donne Nord-Sud. Næss montre comment nos relations à la nature engagent l'intime et le politique dans un même acte indissociable.
Par-delà sa simplicité apparente et parfois malicieuse, Næss pose de redoutables problèmes d'exégèse – dont une partie est ici levée par Stéphane Dunand dans son essai inédit. Un ouvrage qui rassemble les meilleurs textes de Næss, pour découvrir sa pensée ou approfondir son étude.
Soeurs en écologie. Des femmes, de la nature et du réenchantement du monde
Pascale d'ERM
Éditions La Mer Salée, 192 pages, 20 €
Soeurs en écologie inscrit les nouvelles justicières de la terre dans une lignée de femmes essentielles à la pensée écologique.
De la grande déesse aux justicières de la Terre, de Hildegarde de Bingen, Rosa Luxembourg à Vandana Shiva et Rachel Carson, les femmes ont un lien particulier à la nature. Sorcières, scientifiques, économistes, juristes, pionnières de l’écologie… elles sont à l’origine d’avancées fondamentales. L’Histoire les a pourtant passées sous silence. Longtemps ignoré des batailles féministes, ce lien à la nature est aujourd’hui émancipateur.
Tel un voyage initiatique, Pascale d’Erm nous fait redécouvrir ces femmes engagées et inspirées. Au fil de ses rencontres avec nos sœurs en écologie, elle fait ici le récit d’une nouvelle façon d’habiter le monde.
Un féminisme réconciliateur et une écologie plus vivante : Ce portrait de famille interroge nos relations à la nature, au pouvoir, aux sphères politiques. Il permet de se replonger dans les sources du féminisme et d’aller au-delà. Un récit qui ne naît pas de la nature des femmes mais de leurs expériences, au plus près, les mains dans la terre et l’âme tendue par-delà les générations. Soeurs en écologie tisse l’histoire des liens entre les femmes et la nature: d’une dévalorisation conjointe jusqu’à une réconciliation puissante. Et si le monde se régénérait aussi par la sororité et la redécouverte de la nature âme sœur ?
Nous n’irons plus pointer chez Gaïa. Jours de travail chez Kokopelli,
Le GRIMM
Éditions Du bout de la ville, 150 pages, 10 €
Ce livre est le fruit d’une lutte salariale qui n’a pas eu lieu. Il est presque impossible, dans une association, de critiquer ses conditions de travail et le sens de celui-ci. Encore plus quand on a affaire à Kokopelli, un symbole de la résistance aux OGM et à l’appropriation des semences par l’industrie. D’ancien.ne.s salarié.e.s et jardinières, écoeurés par les pratiques de l’association, se sont attelés à faire la critique rare et nécessaire de cette forme particulière d’exploitation : de sa politique de management aux rapports qu’elle entretient avec les petits producteurs, de son discours new age à ses pratiques commerciales, Kokopelli est une incarnation parfaite du capitalisme vert.
Santé et environnement. Expertise et régulation des risques
Béatrice PARANCE
CNRS Éditions, 192 pages, 23 €
Les marées noires de Torrey Canyon en 1967 et de l’Amoco Cadiz en 1978, l’accident industriel de Sévéso en 1976, ou d’AZF à Toulouse en 2001, l’amiante, le distilbène, les perturbateurs endocriniens, les pesticides : la question de l’appréhension, de l’expertise et de la gestion des risques sanitaires induits par nos progrès techniques et nos choix de société n’en finit pas de se poser.
Sur ces enjeux d’une haute technicité scientifique, le juge ne peut décider seul. Il doit s’appuyer sur des experts. Dès lors, conserve-t-il un pouvoir de jugement indépendant ? Faut-il craindre un transfert de l’autorité aux mains du seul expert ? Comment s’assurer de la compétence et de l’impartialité de ce dernier ? Comment protéger les lanceurs d’alerte ? Une fois les risques identifiés, comment les prévenir, ou, au moins, les réguler ? Quelle voie dessiner pour la responsabilité civile afin qu’elle influe sur le comportement des acteurs économiques ?
C’est à toutes ces questions que cet ouvrage apporte des réponses.
La France des solutions. Ces citoyens qui batissent l'avenir
Collectif, avec la participation de Jean-Louis ÉTIENNE
Éditions Arthaud, 384 pages, 19,90 €
Entrepreneurs, élus, agriculteurs, acteurs associatifs... Ils nous livrent leurs expériences.
En marge des discours politiques, des citoyens audacieux s’engagent et entreprennent. Cinquante «bâtisseurs d’avenir» partagent dans ce livre leurs aventures. Qu’ils créent de l’emploi, redynamisent l’ industrie, innovent dans l’éducation, le numérique ou la transition écologique... ils agissent et réussissent à force d’optimisme et de persévérance.
Comment s’y sont-ils pris? D’où viennent leurs idées et pourquoi se sont-ils engagés? Quelles difficultés ont-ils rencontrées? Quels changements demandent-ils pour mieux vivre dans notre pays?
Cinquante réalisations concrètes qui donnent envie d’agir.
La France des solutions est une initiative de Reporters d’Espoirs. Identifier des «acteurs de solutions» en France et dans le monde ; s’associer aux médias pour en diffuser la connaissance auprès de plusieurs millions de Français chaque année : tel est le rôle de l’association. Son objectif : faire que l’information donne envie d’agir.
Alain DUCASSE, Christian REGOUBY
Éditions Les Liens Qui Libèrent, 217 pages, 17,50 €
Manger est un acte citoyen. Pourquoi ? Parce qu'en choisissant de manger tel produit ou tel autre, de telle ou telle façon, nous avons le pouvoir et le choix de détruire notre santé et celle de la planète.
L’acte de manger implique donc la responsabilité de tous et de chacun, à travers une grande chaîne qui va de la terre à l’assiette. Nous ne sommes pas le centre du monde. Les autres espèces vivantes - animales et végétales - sont tout aussi respectables que nous. Continuer à les détruire comme nous le faisons, c'est nous condamner, bien plus tôt que nous le croyons, à une mort certaine. Dans ce livre où j'ai choisi, pour la première fois, de raconter des fragments de ma vie, je vous propose, à vous, à vos parents et pour vos enfants des solutions concrètes pour réapprendre à manger. Au fil de ces pages, vous croiserez un drôle de jésuite aux Philippines, un cuisinier qui sert au tout-New York des carottes à la vapeur, un vieux maraîcher de banlieue, un couple de petits producteurs, qui, en Normandie, ont créé un écosystème unique en son genre. Leur combat, mon combat, c’est aussi le vôtre. J’en appelle ici à une Déclaration Universelle de la Gastronomie Humaniste.
Encore carnivores demain ? Quand manger de la viande pose question au quotidien
Olivier NÉRON DE SURGY & Jocelyne PORCHER
Éditions Quae, 184 pages, 17 €
Entre interdire des pratiques telles que la vivisection, la corrida, la chasse ou l’abattage et nous priver de bons rôtis, pour beaucoup il y a un fossé ! Pour d’autres, il faut bannir toute utilisation d’animaux, même pour se nourrir…
Grâce au concours d’une douzaine d’experts, ce livre expose les problèmes et les bienfaits dont la domestication est la source, permet d’y voir clair dans la cacophonie des discours sur « l’élevage » et esquisse des scénarios de changement dans notre alimentation et dans nos relations avec les animaux pour les prochaines décennies.
La vie secrète des arbres. Ce qu'ils ressentent, comment ils communiquent
Peter WOHLLEBEN
Les Arènes, 272 pages, 20,90€
Dans ce livre plein de grâce, acclamé dans le monde entier, le forestier Peter Wohlleben nous apprend comment s’organise la société des arbres. Les forêts ressemblent à des communautés humaines. Les parents vivent avec leurs enfants, et les aident à grandir. Les arbres répondent avec ingéniosité aux dangers. Leur système radiculaire, semblable à un réseau internet végétal, leur permet de partager des nutriments avec les arbres malades mais aussi de communiquer entre eux. Et leurs racines peuvent perdurer plus de dix mille ans…
Prodigieux conteur, Wohlleben s’appuie sur les dernières connaissances scientifiques et multiplie les anecdotes fascinantes pour nous faire partager sa passion des arbres.
Après avoir découvert les secrets de ces géants terrestres, par bien des côtés plus résistants et plus inventifs que les humains, votre promenade dans les bois ne sera plus jamais la même.
Peter Wohlleben a passé plus de vingt ans comme forestier en Allemagne. Il dirige maintenant une forêt écologique. Son livre a été numéro un des ventes en Allemagne avec plus de 650 000 exemplaires vendus et est devenu un étonnant best-seller aux États-Unis. Il est traduit en 32 langues.
Avril 2017
La bio pour tous. Transition agricole et alimentaire : c’était mieux… demain !
Red! et Stéphen KERCKHOVE
Le Passager Clandestin, 64 pages, 6 €
Après plus d’un demi-siècle durant lequel l’objectif premier de l’agriculture fut d’augmenter les rendements au mépris des conséquences écologiques, sanitaires, sociales ou énergétiques, il est temps d’effectuer un bilan honnête et sans concession. L’agriculture est désormais associée aux OGM, aux pesticides, à la vache folle, aux fermes-usines… Le consommateur est sommé d’ingérer des aliments indigestes voire nocifs. Les animaux ne sont plus des êtres sensibles mais des usines à viande, à œufs ou à lait. Malbouffe et maltraitance animale sont ainsi les deux faces d’une même pièce. Parallèlement, le paysan perd son autonomie, enjoint à se conformer aux injonctions des multinationales de l’agrochimie, quitte à y perdre la santé. L’eau contaminée, l’air pollué, la terre artificialisée, l’énergie gaspillée, voilà le triste constat d’une agriculture en guerre avec le vivant.
Mais à côté de ce bilan bien sombre naît une multiplicité de projets agricoles et alimentaires, un foisonnement revigorant. Ce jaillissement est tel qu’il ne laisse aucune place à la sinistrose. La transition agricole et alimentaire ne se conjugue pas au futur mais bel et bien au présent. Localement, des milliers d’alternatives recréent du lien et permettent de renouer avec une nouvelle façon de s’alimenter et de produire. Aux quatre coins du territoire, des paysans, des consommateurs ou des écologistes se prêtent main forte pour stimuler une nouvelle agriculture bio, locale et de saison.
Red! décrypte pour nous la situation et expose quelques-unes des solutions. En 50 dessins agrémentés de textes et de données synthétiques, il critique et propose, sans jamais renoncer au rire salvateur. Une bonne partie du chemin reste à accomplir, mais le monde attend une prise de conscience de notre part ; ce livre nous y invite.
Comment nous pourrions vivre. Une conférence de l’un des tout premiers écolos radicaux !
William MORRIS
Le Passager Clandestin, 96 pages, 7 €
C’est en 1884, soit six ans avant la parution de son célèbre Nouvelles de nulle part, que le socialiste révolutionnaire et architecte-décorateur William Morris prononce cette conférence.
Il appelle à un sursaut collectif pour substituer la « coopération » à « l’état de guerre perpétuelle » inhérent au capitalisme, introduire la nature et l’art dans ces « conglomérats énormes, impossibles à gérer, qu’on appelle les villes », et refuser, au nom de la joie et de la dignité, la fatalité des « existences mécaniques ». Fin des inégalités entre classes, réduction des heures de travail, encouragement de l’expression artistique et du sens esthétique, transformation de l’habitat et respect de la nature, tels sont quelques-uns des préalables posés par Morris pour atteindre à ce qu’il nomme « une vie décente ».
Ce texte est suivi d’un article de François Briens intitulé « Les idées de la décroissance validées par un modèle scientifique », paru sur le site Reporterre en septembre 2016.
Biocontôle en protection des cultures. Périmètre, succès, freins, espoirs
Coordonné par Jean-Louis BERNARD
L'Harmattan, 206 pages, 22 €
Les concepts « d'agriculture écologiquement intensive », puis « d'agroécologie », ont été récemment proposés au monde agricole français comme des orientations autour desquelles devait s'organiser le système de production alimentaire. Ces concepts font appel à des moyens utilisés par la nature et sont moins nocifs pour le milieu et la santé. Cet ouvrage propose donc une analyse détaillée du terme et des moyens utilisés par le biocontrôle, encore peu connu et mal maîtrisé par la société.
Les déchets, ça suffit. L'État des lieux
Jacques EXBALIN
L'Harmattan, 136 pages, 10 €
La lecture de ce livre nous fait prendre conscience des dégâts provoqués par les déchets plastiques en mer notamment sur la faune aquatique. Il amène ainsi à de nouveaux comportements à propos de l'achat ou de l'utilisation de produits en plastique. Ce livre salutaire écrit pas un enseignent, doit être transmis aux générations futures pour renouveler les consciences et sauver notre planète.
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE VA-T-IL TOUT CHANGER. Manifeste pour une République sociale, écologique et conviviale
Arno MÜNSTER
L'Harmattan, 162 pages, 17,50 €
Le changement climatique et ses conséquences dramatiques pour des millions d'habitants, peut-il ouvrir la voie à une transformation sociale radicale susceptible de faire advenir un monde non seulement habitable mais meilleur et plus juste ? Annonce-t-il peut-être déjà un véritable changement de civilisation signifiant la fin du productivisme, de la croissance, du consumérisme et du mode de vie actuel ? La raison ne nous invite-t-elle pas plutôt à repenser et à défendre, dans le contexte actuel de la crise écologique et de la montée dangereuse de l'extrême-droite, une République laïque et fraternelle ?
Fiscalité carbone et finance climat. Un contrat social pour notre temps
Emmanuel COMBET, Jean-Charles HOURCADE
Les Petits Matins, 150 pages, 14 €
La taxe carbone n’a pas bonne presse. Sur fond de réflexe antifiscal, elle est dénoncée comme une mesure frappant d’abord les plus pauvres, un frein à l’activité économique, voire une lubie de « bobos hors-sol ». La révolte des « bonnets rouges » face à l’écotaxe, en 2014, en a été une illustration.
Pourtant, la fiscalité et la finance carbone peuvent constituer un formidable outil de justice sociale et de développement, tout en accompagnant les mutations nécessaires au respect des objectifs de l’Accord de Paris sur la prévention des risques climatiques.
Comment faire ? Les auteurs montrent, simulations numériques à l’appui, de quelle manière articuler une taxe carbone avec les négociations salariales, l’organisation des circuits commerciaux, les politiques du logement et l’aménagement du territoire.
De quoi mettre en œuvre une réforme fiscale et financière d’ensemble, orientée vers la transition écologique. Et jeter les bases d’un nouveau contrat social, digne relais de celui hérité du Conseil national de la Résistance.
Manifeste pour une véritable économie collaborative. Vers une société des communs
Michel BAUWENS, Vasilis KOSTAKIS
ECLM, 112 pages, 9 €
Partage de fichiers, distribution de musique, installation de logiciels, la technologie du peer-to-peer (P2P) permet différents types de coopération via un échange direct de données entre ordinateurs, sans passer par des serveurs centralisés. Mais ce genre d’utilisation a au fond une portée limitée, et si l’on adopte un point de vue plus large, le P2P peut être considéré comme un nouveau modèle de relations humaines.
Dans cet ouvrage, Michel Bauwens et Vasilis Kostakis décrivent et expliquent l’émergence d’une dynamique du P2P fondée sur la protection et le développement des communs, et la replacent dans le cadre de l’évolution des différents modes de production. Cette nouvelle modalité de création et de distribution de la valeur, qui favorise les relations horizontales, crée les conditions pour une transition vers une nouvelle économie, respectueuse de la nature et des personnes, une véritable économie collaborative.
Habitat durable. L'évidence de la construction passive
Jean-Loup BERTEZ, Jean-Claude TREMSAL
Alternatives Éditions, 288 pages, 29,90 €
Par ses seules qualités constructives, la rigueur et l’optimisation de sa conception et de sa réalisation, la soigneuse adaptation de l’ouvrage à la fonction et aux besoins physiologiques de l’habitant, un bâtiment passif assure sa propre régulation thermique et climatique, sans nécessiter l’installation d’un équipement dédié de chauffage « actif » conventionnel. Dans ce type de bâtiment, il n’y a vraiment pas de chauffage conventionnel (chaudière, radiateurs etc.) car c’est vraiment inutile ! Écrit pour un large public, cet ouvrage n’est pas un manuel technique mais un ouvrage de réflexion et de proposition pour un véritable habitat durable. Il ne s’adresse pas seulement aux professionnels, experts et institutionnels du bâtiment, mais aussi à chacun de ceux qui s’intéressent à leur lieu de vie ou de travail, que ce soit pour le (faire) construire ou rénover (en maître d’ouvrage), comme pour comprendre et pouvoir améliorer son fonctionnement (s’il existe déjà).
La Chine face au mur de l'environnement ?
Jean-Paul MARÉCHAL
CNRS Éditions, 336 pages, 30 €
Géant politique depuis sa création en 1949, la République populaire de Chine est devenue au cours des dernières décennies un géant économique. Quarante ans de croissance à un taux annuel moyen supérieur à 9% l’ont en effet propulsée à la deuxième place mondiale.
Un tel changement de dimension s’est naturellement traduit par une forte dégradation de la qualité de l’environnement. Après des années de déni, Pékin reconnaît désormais la gravité des problèmes écologiques auxquels le pays est confronté. Outre des pertes économiques importantes (villes paralysées lors de pics de pollution, arrêts maladie…), ceux-ci engendrent également un profond mécontentement populaire et une dégradation de l’image internationale de la Chine. In fine, les perspectives économiques de la nation tout entière risquent d’être compromises. Les limites de la nature semblent ainsi se dresser tel un mur devant les ambitions politiques et économiques de l’empire du Milieu.
À partir d’approches relevant de différentes sciences sociales (économie, géographie, philosophie, science politique, sociologie), ce livre explique comment les dirigeants chinois et la population affrontent ce défi et tentent de le surmonter. Les enjeux aussi bien nationaux qu’internationaux de la crise environnementale chinoise y sont analysés tout comme les formes de mobilisation de la société civile qu’elle engendre, les réponses apportées par le pouvoir politique tant sur le plan pratique (villes vertes, lutte contre la pollution de l’air…) qu’idéologique (confucianisme « vert »)…
Le souci de la nature. Apprendre, inventer, gouverner
Cynthia FLEURY , Anne-Caroline PRÉVOT
CNRS Éditions, 378 pages, 25 €
La nature nous relie les uns aux autres et à l’ensemble du vivant.
Mais quelles expériences avons-nous aujourd’hui de la nature ?
Celles-ci, ou leur absence, façonnent-elles nos façons de vivre et de penser, d’agir et de gouverner ? Existe-t-il une valeur ajoutée de l’expérience de nature pour l’éthique et la politique ? Il est urgent de préserver un « souci de la nature » qui soit au cœur des institutions, des politiques publiques, de nos dynamiques de transmission et d’apprentissage.
Cet ouvrage, s’affranchissant des frontières disciplinaires, interroge, de l’enfance à l’âge vieillissant, de l’individu aux différents collectifs qui organisent nos vies, la spécificité des expériences de nature, et de leur éventuelle extinction, l’hypothèse de l’amnésie environnementale, ou à l’inverse les nouveaux modes de partage et de reconnexion avec la nature, et leur continuum avec notre humanisme.
Une invitation à inventer un mode de partage.
L'anthropocène contre l'histoire. Le réchauffement climatique à l'ère du capital
Andreas MALM, traduit de l'anglais par Étienne DOBENESQUE
Éditions La Fabrique, 250 pages, 15 €
Du delta du Nil aux cercles polaires, le constat est effrayant : la Terre se réchauffe dans des proportions qui nous mènent aujourd’hui au seuil de la catastrophe. Le concept d’Anthropocène, s’il a le mérite de nommer le problème, peine à identifier les coupables et s’empêtre dans le récit millénaire d’une humanité pyromane. Or si l’on veut comprendre le réchauffement climatique, ce ne sont pas les archives de « l’espèce humaine » qu’il faut sonder mais celles de l’Empire britannique, pour commencer. On y apprend par exemple que dans les années 1830 la vapeur était, aux mains des capitalistes anglais, un outil redoutable pour discipliner la force de travail et une arme de guerre impérialiste ; on y suit la progression fulgurante de la machine mise au point par James Watt qui supplante en quelques années la force hydraulique – pourtant abondante et moins chère – dans l’industrie textile anglaise. En puisant dans les sources de l’histoire sociale, ce livre raconte l’avènement du « capital fossile », ou comment la combustion ininterrompue de charbon a permis de repousser les limites de l’exploitation et du profit.
Il faut couper la mèche qui brûle avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite, écrivait Walter Benjamin dans un fragment célèbre, « Avertisseur d’incendie », où il insistait sur la nécessité d’en finir avec le capitalisme avant qu’il ne s’autodétruise et emporte tout avec lui. Pour Andreas Malm, on ne peut pas mieux dire l’urgence contemporaine de défaire l’économie fossile par des mesures révolutionnaires.
Prédateurs et résistants. Appropriation et réappropriation de la terre et des ressources naturelles (16ème-20ème)
Pablo F. LUNA et Niccolo MIGNEMI
Éditions Syllepse, 308 pages, 25 €
La nouvelle vague d’accaparements de terres et d’expulsions massives des paysans à l’échelle planétaire fait resurgir sous des formes renouvelées d’anciens questionnements.
Depuis l’émergence du capitalisme, l’histoire des campagnes n’aurait-elle été qu’un processus plus ou moins accéléré de dépossession des paysans ? N’y a-t-il pas une « lame de fond » aboutissant à la prolétarisation inexorable des ruraux et la fin de la petite et moyenne propriété paysanne ? Le landgrabbing – la saisie des terres – actuel ne serait-il pas tout simplement la poursuite des enclosures entamées depuis la fin du Moyen Âge, cette fois-ci sur le plan mondial ?
Les auteurs réexaminent ces questions et aboutissent à des conclusions nuancées. Les mondes ruraux qu’ils ont approchés confirment l’offensive entreprise contre les terres, les hommes et les femmes et les ressources naturelles.
Mais ils observent aussi la réaction et la riposte des campagnes, parfois d’une façon ouverte et visible, souvent de manière souterraine mais non moins efficace. Ils font état des victoires obtenues dans une dialectique où l’usurpation de la terre et des ressources peut être rapidement suivie par la réappropriation ou par la reprise de contrôle.
Le processus apparaît ainsi complexe et moins définitif, avec une variété de moyens mis en œuvre d’où ressort l’image d’un combat inachevé qui se renouvelle en permanence.
D’Amérique en Asie, d’Afrique en Europe, les auteurs nous invitent à parcourir le temps long de l’évolution de la question foncière alors que l’agriculture devra bientôt nourrir 10 milliards d’habitants et que la petite et la moyenne paysannerie continuent à fournir l’essentiel des aliments mondiaux.
Penser l'éventuel. Faire entrer les craintes dans le travial scientifique
Nicolas BOULEAU
Éditions Quae, 216 pages, 21 €
L’interprétation, parce qu’elle ressemble à des croyances, a été écartée de la science moderne, au profit de la déduction et la généralisation. Or, dans toute science, il y a des préoccupations, des inquiétudes et donc des interprétations. Selon Nicolas Bouleau, il faut davantage d'écoute interprétative du contexte dans lequel nous vivons. En prolongeant la vision de Hans Jonas et les thèses de Lacan sur le savoir, cet essai remet l'environnement au cœur de la démarche scientifique.
La dépendance alimentaire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient
Chantal LE MOUËL, Bertrand SCHMITT (coordinateurs)
Éditions Quae, 144 pages, 32 €
La région Afrique du Nord – Moyen-Orient est marquée par sa dépendance croissante vis-à-vis des importations agricoles. Cette dépendance devrait globalement s’accentuer et atteindre, notamment en cas de renforcement du changement climatique, des niveaux extrêmes. Cet ouvrage examine le devenir du système agricole et alimentaire de cette région du monde à l’horizon 2050, à partir de divers scénarios d’évolution de la demande alimentaire.
Mai 2017
Homo detritus. Critique de la société du déchet
Baptiste MONSAINGEON
Éditions du Seuil, 288 pages, 19 €
Stockés dans des décharges, éparpillés à la surface des océans ou dispersés en particules invisibles dans l’atmosphère, les déchets sont désormais des traces indélébiles de notre présence sur terre autant que des symptômes de la crise du monde contemporain.
Après les avoir enfouis et brûlés, il est devenu impératif de les réduire, de les réutiliser, de les recycler. À l’heure de l’économie circulaire, cette promesse d’un monde sans restes rappelle un mensonge de la tribu Chagga, évoqué par l’anthropologue Mary Douglas : les mâles adultes de cette tribu affirment ne jamais déféquer !
De même, ce livre montre que la quête de pureté et de maîtrise technicienne du déchet dans nos sociétés industrielles fabrique un aveuglement collectif. Il raconte comment Homo detritus, face cachée d’Homo œconomicus, a cru sauver la planète en « bien jetant ».
Un livre fort sur les impasses des approches « gestionnaires » de notre société du déchet.
Baptiste Monsaingeon est chercheur postdoctoral à l’Ifris. Membre du conseil scientifique de l’exposition Vies d’ordures au Mucem à Marseille, il a notamment participé à la première expédition dédiée à l’identification de concentrations de débris plastique en Atlantique Nord.
Biomimétisme. Quand la nature inspire des innovations durables
Janine M. BENYUS
Rue de l'échiquier, 408 pages, 11,50 €
Le biomimétisme est une approche scientifique révolutionnaire qui consiste à imiter les plus belles inventions de la nature – l’efficacité énergétique de la photosynthèse, la solidité du corail, la résistance des fils de soie de l’araignée, les propriétés adhésives des filaments de la moule – pour les adapter au service de l’homme.
Dans Biomimétisme (Quand la nature inspire des innovations durables), le livre qui a rendu cette théorie populaire à travers le monde, Janine M. Benyus nous fait découvrir des applications efficaces et respectueuses de l’environnement, développées par des chercheurs pionniers dans les domaines de l’agriculture, des matériaux, de l’informatique, de l’industrie, etc. Elle nous révèle surtout la merveilleuse richesse de la nature, et nous incite à mieux l’observer pour... l’imiter.
Le Pouvoir de la pédale. Comment le vélo transforme nos sociétés cabossées
Olivier RAZEMON
Rue de l'échiquier, 192 pages, 7,50 €
Le vélo est un moyen de transport rapide, fiable, bon marché, sain, peu consommateur d’espace, économe en énergie et non polluant. Pour les distances comprises entre 500 mètres et 10 kilomètres, il constitue souvent le mode de déplacement le plus efficace, le plus bénéfique pour la société et aussi le plus agréable. De nombreux usagers, ainsi que certains décideurs, semblent avoir pris conscience de ces atouts innombrables.
Mais lorsqu’on présente la bicyclette comme un moyen de transport amené à se développer, on assiste à une levée de boucliers : le vélo devient soudain « véhicule du pauvre », « instrument difficile à manier » ou « talisman écologique pour bourgeois rêveur ».
Avec cet essai « poil à gratter », Olivier Razemon bat en brèche les idées reçues qui empêchent encore l’essor du vélo et livre un vibrant plaidoyer pour une transition cyclable.
Gouverner la décroissance. Politiques de l'anthropocène III,
Sous la direction d'Agnès SINAÏ et Mathilde SZUBA,
Presses de Sciences Po, 232 pages, 14 €
La décroissance peut-elle devenir un modèle politique alternatif et réaliste ?
Face au risque d'effondrement qui pèse sur nos sociétés industrielles, cet ouvrage défend de nouvelles voies fondées sur la tempérance et le ralentissement : instauration d’un revenu de transition écologique, adossement de la création monétaire aux limites de la planète, rationnement équitable des énergies fossiles, développement de la permaculture, partage du travail, etc. Il présente certaines expérimentations, telle la biorégion de Cascadia, en Californie du Nord.
Bien gouverner la décroissance plutôt que la subir : une nouvelle histoire politique peut s’écrire, où les perspectives ouvertes ne sont pas celles de la crise mais de l’inventivité.
Le sourire de Prométhée. L'homme et la nature au Moyen Âge
Fabrice MOUTHON
La Découverte, 360 pages, 24 €
Pour qui s’intéresse à la société médiévale, la question écologique peut sembler secondaire au regard du rapport à Dieu, des formes de domination ou de l’organisation politique. Les sciences paléo-environnementales, l’archéologie moderne et les textes de l’époque suggèrent pourtant que leurs rapports à la nature sont bien l’une des grandes questions que se posent les hommes du Moyen Âge.
Remettant en cause le cliché d’une période de stagnation, livrée aux calamités naturelles, l’auteur montre que ces rapports n’ont cessé d’évoluer. L’évêque mérovingien, le serf d’un domaine carolingien, l’hôte d’un village neuf du XIIe siècle, le théologien du XIIIe siècle, ou le maître de forge du XVe siècle ne partagent ni la même vision ni les mêmes attentes vis-à-vis de la nature. Après l’an mille cependant, la croissance démographique, l’amélioration des moyens techniques et la redécouverte de la science grecque ont peu à peu fait basculer l’Occident dans un nouveau paradigme. La maîtrise du monde sensible devient un but collectif légitime et réalisable. La nature est alors fortement mise à contribution. Ainsi, si l’ouvrage couvre le millénaire médiéval, le cœur de l’enquête reste le grand développement des XIe, XIIe et XIIIe siècles, moment crucial de l’« invention de la nature », gardienne de la Création et de ses lois, et d’une prise de conscience écologique qui n’en a pas encore le nom.
Histoire d'un ruisseau, suivi de Histoire d'une montagne
Élisée RECLUS
Éditions Arthaud, 448 pages, 8,90 €
« À mesure que grandissent notre savoir et notre puissance matérielle, notre volonté d’homme se manifeste de plus en plus impérieuse en face de la nature. »
Si l’homme était plus attentif à la beauté de la nature, il cesserait de courir et s’arrêterait pour cueillir le bonheur au détour d’un ruisseau. Le modeste ruisseau comme le fleuve majestueux, la cascade légère comme l’imposant glacier deviennent sous le regard d’Élisée Reclus des sources inépuisables de savoir, des manifestations sublimes de l’harmonie naturelle. C’est avec la curiosité du savant et l’émerveillement du poète qu’il nous livre ses réflexions sur l’origine des montagnes et des cours d’eau, mû par le désir de retrouver une simplicité originelle dans l’observation de la nature.
Pourquoi l’homme ne prend-il pas exemple sur le ruisseau qui creuse son chemin tout en composant avec l’ordre environnant ? L’observation de la nature doit nous apprendre un progrès raisonné et respectueux. C’est à cette seule condition que l’homme pourra se vanter d’être la plus intelligente des créatures terrestres. Accompagner Élisée Reclus le long de ses marches, c’est se donner l’opportunité d’en prendre conscience.
Une éthique pour la nature [Dem bösen Ende räher]
Hans JONAS
Éditions Arthaud, 208 pages, 7,90 €
« Nous n’avons pas le droit d’hypothéquer l’existence des générations futures à cause de notre simple laisser-aller. »
Comment réinventer notre rapport à la nature ? Comment se comporter de manière responsable face à notre planète sans la piller et la détruire ?
Catastrophes nucléaires, marées noires, l’homme est devenu une menace non seulement pour lui-même mais pour la biosphère toute entière.
À travers huit entretiens donnés au cours des années 1980 et 1990, Hans Jonas s’insurge contre l’exploitation effrénée et la dévastation de la terre sous l’action des hommes et milite énergiquement en faveur d’une éthique de la responsabilité et de la modération.
L'âge de l'anesthésie. La mise sous contrôle des affects
Laurent DE SUTTER
Éditions Les Liens Qui Libèrent, 154 pages, 15,50 €
Un cliché répandu veut que nous vivions désormais dans une société malade de trop de sollicitations, de trop d'accélérations, de trop d'excitation. Mais, en réalité, il n'en est rien. Plutôt qu'une société soumise à l'excitation, ce que nous expérimentons chaque jour tient d'une sorte de domestication calme et silencieuse, dont l'affect principal est celui de la dépression.
Antidépresseurs, somnifères, cocaïne, pilules : nos vies ressemblent désormais à des pharmacies. Nous ne parvenons plus à agir autrement qu’en nous aidant de substances chimiques – une pilule pour nous réveiller, une autre pour travailler, une troisième pour faire la fête, une quatrième pour en éviter les conséquences et une dernière pour nous endormir. Mais que dit cette addiction de notre présent ? Pourquoi avons-nous décidé de soutenir nos existences avec des produits dont les origines remontent aux sources du capitalisme industriel ? Que signalent-ils de notre abandon aux exigences d’un monde qui réclame de nous à la fois que nous fassions preuve de créativité et d’initiative et que nous marchions droit ? La réponse est peut-être la suivante : derrière la pléthore de substances que nous ingérons, inhalons ou nous injectons, ce qui se dissimule n’est rien d’autre qu’une manière d’éviter le plus angoissant : la possibilité de l’excitation. L’excitation qui n’est pas celle des vies individuelles, mais celle de la contamination de ce que la chimie ne peut annihiler : l’excitation politique. La pharmacie du capitalisme fait de nous des drogués obéissants ? Il est temps de chercher à la comprendre.
Les sols et la vie souterraine. Des enjeux majeurs en agroécologie
Jean-François BRIAT et Dominique JOB
Éditions Quae, 328 pages, 49 €
Cet ouvrage regroupe seize chapitres qui présentent et discutent les découvertes récentes sur les sols et les interactions entre plantes et organismes telluriques. L’étude physico-chimique des sols permet de comprendre comment certains de leurs horizons favorisent l’implantation de la faune souterraine (vers de terre, collemboles, acariens…) et, corollairement, comment celle-ci crée de nouveaux espaces, qui seront colonisés par d’autres organismes telluriques, notamment microbiens.
La caractérisation des microorganismes des sols par des approches métagénomiques révèle que la présence et le type de populations microbiennes dépendent des conditions environnementales ou des types de cultures. Elle facilite la définition de bio-indicateurs, qui dans cet ouvrage sont particulièrement illustrés à l’échelle de la France. Enfin, des travaux de génétique moléculaire montrent que des exsudats de racines de plantes sont capables de sculpter le microbiote racinaire, inhibant ou activant la croissance de populations microbiennes spécifiques.
De telles avancées scientifiques ouvrent de nouvelles voies pour orienter les interactions plantes-microorganismes. Faire connaître les effets bénéfiques des microbes du sol sur les plantes permettra d’instaurer des systèmes de culture plus durables et plus économes en intrants de synthèse. Ces recherches ont donc un énorme potentiel pour le développement de l’agroécologie.
Ce livre pluridisciplinaire s’adresse aux agronomes, aux étudiants et enseignants du supérieur en agronomie, ainsi qu’à tout chercheur souhaitant accéder aux bases scientifiques d’une agriculture éco-responsable.
Juin 2017
Ali DOUAI, Gaël PLUMECOCQ
La Découverte, 128 pages, 10 €
L’économie écologique émerge à la fin des années 1980, à partir du constat de l’inefficacité des réponses aux problèmes environnementaux apportées par certaines disciplines traditionnelles (principalement la science économique et la biologie de la conservation). Comment mieux appréhender la complexité du fonctionnement des écosystèmes et de leurs interactions avec l’homme ? Avec quels outils évaluer les limites biophysiques des écosystèmes ? Faut-il faire décroître la taille des économies humaines ? Quels systèmes de gouvernance, informés par quelles théories macroéconomiques, faut-il promouvoir ? Quels sont les enjeux scientifiques et politiques de l’évaluation monétaire des biens et services environnementaux ?
Le présent ouvrage ambitionne de présenter le champ de l’économie écologique à travers ses objets, ses méthodes et ses propositions théoriques et politiques. Il donne à voir une communauté éclatée entre divers sous-courants, mais qui constitue néanmoins le centre de gravité des débats portant sur la soutenabilité de nos modes de développement.
Et si on mangeait local ? Ce que les circuits courts vont changer dans mon quotidien
Patrick PHILIPON, Yuna CHIFFOLEAU, Frédéric WALLET
Éditions Quae, 168 pages, 17 €
Depuis une quinzaine d'années, les « circuits courts » de commercialisation de produits alimentaires font leur grand retour en France. Crises alimentaires aidant, les consommateurs veulent aujourd'hui savoir d'où viennent leurs aliments et comment ils ont été produits. L’ouvrage répond dans un style clair aux questions pratiques qui se posent : où puis-je trouver ces produits ? Sont-ils plus chers, meilleurs en goût ? Quelle différence entre une Amap et la vente à la ferme ? Quel est impact sur l'environnement ?
Les dessous de l'alimentation bio
Claude GRUFFAT
Éditions La Mer Salée, 192 pages, 15 €
L’idée de ce livre n’était pas de faire la promotion d’un modèle. Nous voulions explorer ce qui peut nous permettre de vivre mieux, sans faux-semblants ni faux espoirs. Mettre tout sur la table.
Pour cela nous avons questionné “la” Bio. En ne lui passant rien de ce qui pourrait la faire échouer. Nous avons interviewé Claude Gruffat pour qu’il réponde sans tabou à toutes les questions, les aprioris, les doutes, les nôtres et ceux des internautes.
Il est fils d’agriculteur, président de Biocoop depuis 2004 (un écosystème de producteurs, consommateurs, associations et magasins, issu du mouvement des années 60). Pour la préface nous avons interviewé Marie-Monique Robin, femme engagée de longue date, son expertise documentée et sa générosité nous ont également été précieuses.
Avant de parler de “nourrir le monde”, posons-nous cette question : nos terres peuvent-elles nous nourrir ? À qui appartiennent- elles ? Et les semences ? L’agriculture conventionnelle qui stérilise nos terres, tue les pollinisateurs, pollue notre eau, peut-elle survivre sans subventions ? Est-ce que cela convient aux agriculteurs en mal-être ?
Et le bio est-ce une solution viable ? Comment discerner le vrai du faux bio ? Le bio industriel est ce la solution ? Ou un leurre ?… Autant de questions auxquelles les prochains États généraux de l’Alimentation devraient répondre.
Questionner l’alimentation bio, c’est parler sécurité alimentaire, santé, nutrition, prix, agriculture… de nos vies, de nos choix de société.
“Pour avoir les mêmes qualités nutritives qu’une pomme avant les années 60, il faut en manger 6 aujourd’hui.” Ce livre démontre techniquement les non-sens du modèle actuel. Il interpelle sur notre vulnérabilité alimentaire. On découvre qu’il y a LA Bio et LE bio. La Bio c’est tout un modèle, des choix éthiques, sociaux, écologiques, de bon sens, ce n’est pas qu’un produit conçu selon un règlement européen sous influences de lobbys.
Claude Gruffat aborde ce qui menace la qualité nutritionnelle de notre alimentation, notre santé, notre autonomie. Les semences conventionnelles sont dépendantes des pesticides, les autres sont interdites. Et demain ? Et si seule la Bio assurait la sécurité, un vrai projet politique, résilient, ambitieux, humain ? Et si la Bio était un projet de société, non pas un marché ou le choix de quelques-uns, mais notre seule voie d’avenir ? Une magnifique voie…
L'homme peut-il accepter ses limites ?
Gilles BOEUF, Bernard SWYNGHEDAUW, Jean-François TOUSSAINT
Éditions Quae, 200 pages, 24,50 €
Les effets du changement climatique se superposent aux dégradations directes de l’environnement, et ceci pour toutes les espèces vivantes. Allons-nous être capables de réagir à temps ? Dans la continuité de l’ouvrage L’homme peut-il s’adapter à lui-même ?, les plus grandes personnalités scientifiques françaises s’expriment sur nos capacités et nos limites d’adaptation aux changements globaux présents et à venir. Parmi les principaux facteurs de résistance, les facteurs biologiques sont envisagés au même titre que les conditions démographiques, économiques, sociales et psychologiques. C’est le positionnement de l’espèce humaine dans ses écosystèmes qui est interrogé.
Juillet 2017
Décroissance, ici et maintenant !
Fabrice FLIPO
Le Passager Clandestin, 260 pages, 10 €
Le terme de décroissance, volontairement provocateur, met l’accent sur l’urgence d’un constat : une croissance infinie de la production et de la consommation matérielles ne saurait être tenable dans un monde fini. Cette idée, d’abord repoussée avec effroi ou moquée, fait tranquillement son chemin. Ce livre répond à deux questions simples. D’où vient l’idée de décroissance ? Quels sont les enjeux et les pistes de sa mise en œuvre ?
Le philosophe des sciences et des techniques Fabrice Flipo revient sur cinq grandes sensibilités de l’écologie qui aboutissent, par des voies différentes, à la remise en cause radicale du dogme de la croissance :
- la source environnementaliste, liée au constat du massacre de la nature par les économies productivistes
- la source bioéconomiste, pour laquelle la décroissance est l’horizon inévitable de l’exploitation massive des ressources naturelles
- la source culturaliste et sa critique radicale du « développement » et du « progrès » portés par les civilisations occidentales
- la source démocratique, qui fustige l’absence de toute délibération collective sérieuse sur les fins
- la source spirituelle, enfin, et son constat de la crise du sens que traversent les société industrialisées.
Ces grands courants sont parfois en désaccord sur les modalités de la transformation sociale indispensable. Ils ont cependant en commun de renvoyer dos à dos les grandes idéologies du XXe siècle (communisme et capitalisme) dans leur propension à faire du productivisme l’enjeu central de la lutte des classes. Et de mettre l’émancipation et la justice au cœur de leur réflexion sur le devenir des sociétés humaines et leurs liens avec la nature.
Par l’un des philosophes qui fait le plus autorité aujourd’hui sur la décroissance, un ouvrage complet, précis et facile d’accès !
La biodiversité : avec ou sans l'homme?
Christian LÉVÊQUE
Éditions Quae, 128 pages, 20 €
Contrairement à certaines idées reçues, l’homme n’a pas détruit la diversité biologique en métropole, mais il l’a transformée et enrichie. La déforestation, l’agriculture, les aménagements des cours d’eau et des zones humides, les introductions d’espèces ont créé des milieux artificialisés, gérés pour nos usages variés. Jusqu’à quel point pouvons-nous maîtriser les dynamiques de cette nature, soumise à différentes contraintes telles que de nouvelles pratiques agricoles, l’urbanisation, le réchauffement climatique ? La biodiversité ne relève-t-elle pas autant de l’attente des citoyens que de l’écologie scientifique ?
Août 2017
La vigne et le vin en France, de l'Antiquité au XXème siècle
Pierre SALLES
Éditions Libre et Solidaire, 15 €
La France est souvent considérée comme le pays où sont produits les meilleurs vins, mais comment s’est imposée la culture de la vigne dans notre pays depuis les Romains jusqu’à nos appellations actuelles ? Comment nos régions ont créé des vignobles différents aux particularités aussi diverses ? C’est ce que nous fait découvrir ce passionnant ouvrage en nous racontant les relations particulières qu’a entretenues notre société avec les vignes depuis les origines de son exploitation en Gaule jusqu’à la création de la viticulture contemporaine au siècle dernier. Il prend également en compte les aspects climatiques et géographiques qui ont eu une influence considérable sur la culture viticole. L’auteur nous explique la quasi-totalité du vignoble français et fait naître la viticulture moderne. Au-delà de l’histoire du vin, c’est l’histoire du peuple français tout entier qui s’éclaire, car, comme le dit le fabuliste grec Babrius : « L’histoire du vin, c’est l’histoire du monde. »
Erik OLIN WRIGHT
Éditions La Découverte, 624 pages, 28 €
Pourquoi et comment sortir du capitalisme ? Quelles sont les alternatives d’ores et déjà présentes ? Peut-on, doit-on réinventer les socialismes par des réalisations concrètes ? Avec quels outils, quelles formes d’action, quelles institutions ? Telles sont les vastes questions, solidaires les unes des autres, auxquelles répond ce livre original et magistral, synthèse d’une enquête internationale et collective de plusieurs années sur les théories les plus actuelles de l’émancipation ainsi que sur de nombreux projets vivants de transformation radicale, ou plus graduelle, déjà observables dans les domaines sociaux, économiques et politiques.
À partir d’un regard rigoureux et acéré, appelé à fonder un nouveau programme de recherche sur les expérimentations postcapitalistes contemporaines, se détachent une conception neuve du progrès et de ses instruments potentiels ainsi qu’une vision scientifique des modalités de dépassement du capitalisme. Les utopies réelles ne sont ni pour les idéalistes ni pour les réalistes. Ce sont les expériences vécues, les projections audacieuses qui créent dès maintenant les conditions comme les formes d’un avenir meilleur, d’un autre futur possible.
Traité savant, arme au service d’un renouveau nécessaire de l’imagination politique, Utopies réelles figure déjà parmi les classiques de la pensée sociale du XXIe siècle.
Le champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vie dans les ruines du capitalisme
Anna Lowenhaupt TSING
Éditions La Découverte, 350 pages, 23,50€
Ce n’est pas seulement dans les pays ravagés par la guerre qu’il faut apprendre à vivre dans les ruines. Car les ruines se rapprochent et nous enserrent de toute part, des sites industriels aux paysages naturels dévastés. Mais l’erreur serait de croire que l’on se contente d’y survivre.
Dans les ruines prolifèrent en effet de nouveaux mondes qu’Anna Tsing a choisi d’explorer en suivant l’odyssée étonnante d’un mystérieux champignon qui ne pousse que dans les forêts détruites.
Suivre les matsutakes, c’est s’intéresser aux cueilleurs de l’Oregon, ces travailleurs précaires, vétérans des guerres américaines, immigrés sans papiers, qui vendent chaque soir les champignons ramassés le jour et qui termineront comme des produits de luxe sur les étals des épiceries fines japonaises. Chemin faisant, on comprend pourquoi la « précarité » n’est pas seulement un terme décrivant la condition des cueilleurs sans emploi stable mais un concept pour penser le monde qui nous est imposé.
Suivre les matsutakes, c’est apporter un éclairage nouveau sur la manière dont le capitalisme s’est inventé comme mode d’exploitation et dont il ravage aujourd’hui la planète.
Suivre les matsutakes, c’est aussi une nouvelle manière de faire de la biologie : les champignons sont une espèce très particulière qui bouscule les fondements des sciences du vivant.
Les matsutakes ne sont donc pas un prétexte ou une métaphore, ils sont le support surprenant d’une leçon d’optimisme dans un monde désespérant.
Le monde qui émerge. Les alternatives qui peuvent tout changer
ATTAC
Éditions LLL, 224 pages, 13,50 €
Derrière l’instabilité et le chaos d’un monde chaque jour plus imprévisible, de nouvelles pratiques sociales, de nouvelles idées et de nouveaux concepts émergent. Sur tous les continents, des groupes militants, des communautés villageoises et des peuples autochtones résistent à l’oppression et à l’exploitation. Dans ces mobilisations, ils défendent ce qui, dans leurs histoires et traditions, constitue autant de points d’appui pour leurs luttes et ils imaginent les alternatives qui rendraient le monde plus juste. Les peuples indigènes des Andes défendent à la fois les droits de la nature, de la «Terre-Mère», et une relation différente entre les humains que celles qui ont été imposées par le système colonial.
Les communs du Moyen Âge européen et leurs équivalents sur les autres continents connaissent aujourd’hui un renouveau, portés par le numérique et la gestion des biens naturels. En Asie, des militants ont défendu la «déglobalisation» comme une alternative à la mondialisation néolibérale. Des différentes régions du monde émergent des approches comme l’écoféminisme ou la décroissance. Toutes ces expériences sont situées socialement et géographiquement, mais leur portée peut devenir universelle : c’est ce que les auteurs présentent dans cet ouvrage !
Septembre 2017
L'Occident, malade de sa médecine. Pollutions, coûts, effets indésirables...
Christian PORTAL
Éditions Libre et Solidaire, 18,90 €
La santé est une forte préoccupation dans toutes les sociétés et notamment la nôtre, qui a cru voir dans les « progrès de la médecine » l’avenir d’un monde sans maladies. Ce mythe est le fruit d’une longévité qui s’est améliorée tout au long du XXème siècle grâce essentiellement aux progrès techniques réalisés. Quelques maladies infectieuses ont été jugulées et les antibiotiques et les vaccinations ont permis de croire à leur éradication. Si certains aspects de cette amélioration sont incontestables, nous verrons que les moyens mis en œuvre ne sont pas toujours en rapport avec les résultats visibles. De plus, si la médecine avait amélioré véritablement notre santé, il y aurait moins de malades. Or nous observons le contraire : plus de malades, de maladies et de consommation médicamenteuse ! Les progrès médicaux régulièrement annoncés sont très illusoires. Les pollutions générées par les rejets médicamenteux, les coûts exorbitants et les effets médiocres devraient nous inciter à réorienter nos pratiques médicales vers des démarches plus respectueuses de la vie, moins toxiques, moins coûteuses et plus humanistes.
Octobre 2017
Mathias ROLLOT
Éditions Libre et Solidaire, 14,90 €
Habiter demain, habiter le futur, habitons ensemble, habitez écologique : d’une manière ou d’une autre, tout dans l’activité culturelle contemporaine est prétexte à afficher le logo « habiter ». Ainsi garante d’une préoccupation pragmatique, socialiste et humaniste à la fois, la notion est à l’architecture de ce que le label « écoéquitable » est au paquet de café : un faire-valoir subliminal. Car, en définitive, qu’est-ce qu’habiter ? S’agit-il d’un acte, d’un état, d’une manière d’être, d’une situation, d’une condition ? Et surtout qu’en faire ? Au travers d’une enquête qui nous mènera de la philosophie à l’architecture en passant par la critique sociale et l’écologie l’auteur revient sur les différents concepts du mot « habiter » et les récupérations politiques qui peuvent en découler. Sa critique de l’habitabilité est aussi la critique d’un système capitaliste ethnocentré qui pense pouvoir imposer sa vision culturelle polarisée de la vie humaine sur terre et de sa valeur. Cet essai nous montre qu’il existe mille et une manières d’habiter le monde et de le penser. Il nous invite à « décoloniser notre imaginaire » selon la formule de Serge Latouche et à prendre en considération notre manière « d’être en commun ».
Après le monde plat. Apocalypse ou renouveau ?
Alexandre ROJEY
Éditions Libre et Solidaire, 19,50 €
Plus que jamais, l’humanité est confrontée à des promesses exaltantes, mais aussi à de lourdes menaces. L’accaparement de l’ensemble du domaine social par l’économie entraîne un aplatissement des valeurs. Alors que les valeurs intérieures d’une société animent son essor, leur perte risque de provoquer un déclin irréversible auquel le monde occidental est d’ores et déjà exposé. La globalisation, organisée selon les règles de la gouvernance néolibérale, a confié tous les arbitrages au marché. Elle a conduit au monde plat, ouvert à tous les mouvements commerciaux et financiers, organisé en fonction du profit, considéré comme le moteur exclusif de l’économie. De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues.
L’idée que le monde pourrait s’embraser à nouveau revient avec insistance. Les migrations massives, qui étaient encore naguère une simple fiction, deviennent une tragique réalité. Dans ce contexte, la fin du monde plat semble inéluctable, même si en fixer le terme demeure difficile. Un tel diagnostic pose la question du système alternatif capable de le remplacer. Un monde meurt, mais quel monde va naître ?