« Il s'agit d'une étape majeure sur la voie du démantèlement de la centrale. » C'est ainsi que Naomi Hirose, le directeur général de Tepco, a qualifié le début de l'opération d'extraction des 1 533 barres de combustible nucléaire immergées dans la piscine du réacteur 4 de la centrale de Fukushima. Commencé lundi 18 novembre, le gigantesque chantier doit se terminer fin 2014, selon l'entreprise.
L'opération est extrêmement complexe mais urgente : la piscine se trouve à 18 mètres de hauteur. Elle repose sur une structure fragilisée par une explosion d'hydrogène survenue le 15 mars 2011, quatre jours après le séisme et le tsunami qui ont ravagé le site. Les autorités redoutent qu'un nouveau séisme n'endommage à nouveau la structure et finisse par exposer les barres à l'air libre. Avec des conséquences désastreuses, Hiroaki Koide, expert nucléaire de l'université de Kyoto estime la quantité de césium 137 présente dans la piscine « équivalente à au moins 5 000 fois celle dégagée par le bombardement atomique d'Hiroshima ».
Les opérations sont d'autant plus délicates qu'elles ne s'effectuent pas par ordinateur mais manuellement. « Cela n'a rien à voir avec le fait de retirer des barres dans un contexte habituel, rappelle le président de l'Autorité de régulation du nucléaire Shunichi Tanaka. Les barres doivent être manipulées avec la plus grande précaution. Il ne faut ni se précipiter ni forcer, au risque de les casser. » Des équipes de six techniciens se relaient toutes les deux heures aux commandes des deux grues installées au-dessus de la piscine.
Chacune des barres mesure 4,5 mètres et pèse 300 kg. Extraites une par une, elles sont placées dans un conteneur d'acier pouvant en accueillir 22. Une fois plein, le conteneur, pesant alors 91 tonnes, est sorti de l'eau puis acheminé vers une autre piscine, située au niveau du sol à une centaine de mètres du réacteur 4. La durée totale de remplissage du caisson et son transfert est d'une semaine environ.
« Si le niveau de l'eau baisse, la chaleur pourrait monter dangereusement », admet Takashi Hara, chargé de l'opération. La difficulté du retrait tient aussi à la présence de petits débris coincés au milieu des assemblages de combustible. Enfin, une erreur humaine n'est pas exclue, les techniciens travaillant dans des conditions délicates et se trouvant confrontés à une opération pouvant vite devenir routinière. Le tout alors que l'activité sismique reste importante dans la région de Fukushima.
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