Les agences de notation ont fait plier Etats et candidats, imposant leurs méthodes au service de politiques néo-libérales. Prenant fait et cause pour l'insertion de la jeunesse et la génération Y (expression qui désigne le groupe des personnes nées entre 1980 et 1995), l'agence Young & poor renverse la table et se lance avec joie et sérieux dans la notation des candidats à la présidence de la République. Candidat(e)s, gare à vous !
Si la précarisation de la jeunesse précaire - un jeune actif sur quatre est encore au chômage, les stages s'enchainent, le logement est prohibitif, le premier emploi durable s'obtient en moyenne à 28 ans – est dénoncée par tous les candidats en lice pour la présidentielle, force est de constater que les effets d'annonce cachent avec peine un vide de propositions sur le sujet. Dans un contexte où personne ne semble vouloir débattre sur le chômage, alors que l'emploi est la première préoccupation des français selon de récents sondages, les candidats Mélenchon et Le Pen ayant un discours très radical ont à ce jour trouvé un certain écho chez les jeunes.
Young & poor est une initiative lancée par Génération Précaire, collectif né fin 2005 d'un appel spontané dénonçant les conditions de travail des jeunes, plus particulièrement des stagiaires en entreprises, Génération Précaire a continué son rôle de force de proposition et de veille qui l'a amené à participer au vote de trois lois améliorant l'insertion des jeunes en entreprise.
Notre approche est éminemment politique mais non partisane: elle consiste à décrypter puis informer jeunes et moins jeunes sur les propositions concrètes visant les 16-34 ans, visant part ce biais à une montée en compétence des candidats. L'emploi des jeunes, l'enseignement supérieur, les stages, la réforme de l'apprentissage ou encore l'orientation sont des exemples de thématiques souvent maltraitées dans le bal médiatique et ciblées par Young & poor.
Constituée d'une équipe d'une trentaine de jeunes bénévoles travaillant jour et nuit, l'agence Young & poor note sous le contrôle d'équipes de superviseurs et d'un comité de notation composé de différentes personnalités : Annick Coupé, Porte-Parole de Sud, Geneviève Besse, haute fonctionnaire, Iwan Le Du Responsable RH du groupe Printemps, Gontran Lejeune, ex-président du CJD, Louis Chauvel, sociologue, Pierre Denier, chef d'entreprise et conseiller RH ou encore Dominique Glaymann, chercheur.
Les premières notations – 4 au total - se sont avérés accablantes : aucun candidat au-dessus de C (de qualité moyenne médiocre), signe de programmes parcellaires. Si des entretiens avec tous les équipes de campagne ont permis un éclaircissement et souvent une remontée pour certains partis à B pour Eva Joly, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, quelques tendances sont à déplorer :
- un manque de transversalité dans les programmes. Par exemple, le lien entre stages, apprentissages, et rôle de l'inspection du travail et des universités dans leur contrôle n'est pas suffisamment développé ;
- des carences généralisées et importantes sur des thématiques moins "visibles" telles que l'orientation, le service civique ou les stages ;
- des projets démagogiques augmentant les moyens sans réflexion de fond. Par exemple augmenter le nombre d'inspecteurs du travail sans revoir leurs prérogatives sur la question des stages ou augmenter les allocations d'étude sans revoir la politique d'accès au logement. Ou, à l'inverse, en promettant beaucoup sans prévoir de moyens, dans la droite lignée de réformes passées (fusion ANPE-Assedic, réforme de l'Université );
- un durcissement de la campagne de la part des partis de droite, UMP et FN en particulier, sur la question des étudiants étrangers, des conditions d'accès aux minimas sociaux ou à l'emploi.
Young & poor n'est heureusement pas seul dans ce combat. Parmi d'autres actions de collectifs, mouvements de jeunes politiques ou syndicats étudiants, nous notons le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) qui a déposé sa candidature au Conseil Constitutionnel avec le parrainage de 500 CVs de jeunes sans emploi.
A moins d'un mois du premier tour, exigeons de tous les candidats des propositions complètes, rigoureuses et ambitieuses car la jeunesse doit cesser d'être le parent pauvre du jeu démocratique en France et de se faire piétiner par le ballet électoral. Nous, la Génération Y, sommes avides de vivre décemment et pensons mériter mieux que la démagogie et les approximations de nos aînés.
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