Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Pour les gens du voyage, « passer sa vie dans des lieux pollués et relégués laisse le sentiment d’être indésirables »

Le juriste William Acker a recensé les aires d’accueil dans toute la France pour quantifier leur proximité systémique avec des sources de nuisance ou des installations polluantes.

Propos recueillis par 

Publié le 14 mai 2021 à 00h35, modifié le 15 mai 2021 à 19h53

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

L’aire d’accueil d’Avignon, dans une zone industrielle, jouxte une déchetterie, une station d’épuration et les voies de chemin de fer.

« Si tu ne trouves pas l’aire d’accueil, cherche la déchetterie. » Cette phrase est un adage chez les gens du voyage. Une réalité qu’a lui-même vécue William Acker, juriste de 30 ans issu d’une famille de « voyageurs » – terme qu’il préfère à la dénomination administrative « gens du voyage » –, aujourd’hui sédentarisé. L’incendie de l’usine Seveso Lubrizol à Rouen, dont les plus proches riverains étaient les habitants d’une aire d’accueil, ainsi que l’absence de chiffres opposables aux pouvoirs publics pour quantifier les inégalités environnementales ont été pour lui le déclic, le poussant à un travail de recensement inédit.

Le constat qui ressort de son ouvrage Où sont les « gens du voyage » ?, inventaire critique des aires d’accueil (Editions du commun) est sans appel. Ces dernières « réussissent l’ambivalence d’être probablement l’un des endroits dédiés les moins accueillants de l’espace social », écrit-il, soulignant « la faillite du système d’accueil ». Sans se revendiquer porte-parole, ce militant entend proposer un outil de lutte contre l’invisibilisation pour « forcer à poser le regard sur ces petits toits de tôle qui parsèment les interstices des villes ».

Pourquoi cet inventaire et comment y avez-vous procédé ?

Le fait qu’une majorité des espaces réservés aux voyageurs soient situés à proximité de sites pollués est connu et dénoncé depuis des décennies. Par les premiers concernés eux-mêmes, à l’image du collectif des Femmes de l’aire d’Hellemmes-Ronchin (Nord), qui dénonce depuis 2013 la situation de leur terrain, coincé dans la poussière et le bruit de deux usines de béton et de concassage, ou d’Emile Scheitz, habitant d’une aire censée être provisoire de Tremblay-en-France [Seine-Saint-Denis], qui cumule lignes haute tension, bruit, pollution et relents des avions de Roissy, mais aussi du crématorium voisin. Beaucoup attendent depuis des années des terrains promis, en vain. Les travaux de l’universitaire Lise Foisneau ont également documenté les inégalités environnementales dont sont victimes les voyageurs.

Au lendemain de l’incendie de Lubrizol, alors que les habitants de l’aire du Petit-Quevilly [Seine-Maritime] n’avaient pas été évacués, ces derniers, ainsi que Lise Foisneau, les Femmes d’Hellemmes et quelques autres collectifs et acteurs impliqués, ont publié une tribune dans Libération pour dénoncer le caractère systémique des localisations de ces aires dans des zones à l’écart et soumises à des nuisances et des pollutions : nos dires ont été contestés au motif que nous n’avions pas de chiffres pour les étayer. Puisque personne ne les avait jamais produits, à nous de le faire.

Il vous reste 70.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.