Écopsychologie et écoféminisme

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Écopsychologie et écoféminisme

Par
Michel Maxime Egger et Layla Raïd au CCIC de Cerisy, 2019
Michel Maxime Egger et Layla Raïd au CCIC de Cerisy, 2019
- CCIC Cerisy

Quelles représentations et quels affects expliquent que l'on puisse avoir du plaisir à consommer autrement ? Quel processus de subjectivation permet de se sentir solidaire des autres vivants et d'acquérir les traits moraux indispensables à la transition écologique ?

Les deux communications de cet enregistrement ont été prononcées  dans le cadre du colloque intitulé Humains, animaux, nature : quelle éthique des vertus pour le monde qui vient ? qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 24 juin au 1er juillet 2019, sous la direction de Gérald HESS, Corine PELLUCHON et Jean-Philippe PIERRON.

L'écopsychologie,  présentée par Michel Maxime Egger, et l'écoféminisme, dont il est  question avec la communication de Layla Raïd, ne relèvent pas de  l'éthique des vertus. Car celle-ci n'est pas une approche particulariste  de la morale, contrairement à l'écoféminisme, mais elle implique,  conformément à ses sources antiques, un certain universalisme et même un  certain intellectualisme. Toutefois, ces approches qui insistent  respectivement sur la dissociation raison/émotions et sur les relations  particulières que nous avons avec les milieux et les autres vivants  entrent en dialogue avec l'éthique des vertus. Elles peuvent même  inspirer toutes celles et tous ceux qui s'interrogent sur les ressorts  psychologiques de nos comportements écocidaires et se demandent quels  traits moraux doivent être  cultivés pour que la transition écologique  devienne une réalité. Pour toutes ces raisons, il nous a semblé  important de proposer ces deux communications". (Corine Pelluchon)

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Écopsychologie et écoféminisme

54 min

Retrouver notre unité avec la Terre : les voies de l'écopsychologie, par Michel Maxime EGGER

Sociologue  et écothéologien, Michel Maxime Egger est responsable du laboratoire de  "transition intérieure" à l’ONG suisse Pain pour le prochain,  co-directeur de la collection "Fondations écologiques" aux éditions  Labor & Fides et animateur du réseau www.trilogies.org qui met en dialogue traditions spirituelles et grands enjeux écologiques.

Émergence  dans un temps d'urgence planétaire, l'écopsychologie est un champ de  recherche transdisciplinaire qui s'est développé avant tout dans le  monde anglo-saxon. Elle offre des pistes novatrices pour la santé  conjointe de la psyché humaine et de la Terre, comme fondement d'une  société véritablement écologique. Son projet se déploie sur plusieurs  axes, notamment : 1) Une tâche psychologique pour - à travers un travail  sur les émotions comme la peur, l'impuissance et le découragement -  sortir du déni et de l'inertie pour nourrir les capacités de résilience  et d'engagement ; 2) Une tâche éducationnelle pour répondre à la  déconnexion envers la nature, qui est à la racine de la crise  écologique, et favoriser une ontogenèse plénière, c'est-à-dire la  croissance d'un être humain capable de relations harmonieuses avec les  autres, humains et non humains ; 3) Une tâche anthropologique pour  passer du moi égocentré et séparé au soi écocentré et relié, en  réintégrant la nature dans la psyché humaine et en explorant la notion  d'inconscient écologique ; 4) Une tâche écopratique et écothérapeutique  pour accompagner les personnes dans leur chemin de reliance profonde à  la Terre et à tous les êtres qui l'habitent.

Val Plumwood et les lieux particuliers : perspectives écoféministes sur les lieux de vie, par Layla RAÏD

Professeure  de Philosophie à l'université de Picardie Jules Verne, ancienne élève  de l'ENS Paris et agrégée de philosophie, Layla Raïd est l'auteure  d'ouvrages et d'articles dans le champ de la philosophie du langage et  de la connaissance (Wittgenstein), de la philosophie de la littérature  (Bakhtine, Sarraute, Dostoïevski), et de l'éthique contemporaine. Elle a  publié notamment des articles sur l'éthique du care (Gilligan, Tronto),  ainsi que sur l'éthique environnementale (Leopold) et les philosophies  écoféministes (Plumwood).

La  philosophe écoféministe australienne Val Plumwood a changé son nom,  après son divorce, pour adopter le nom d'un lieu particulier, celui de  la montagne où elle avait construit sa maison, le Mont des pruniers  (plumwood). Un des enjeux pour l'éthique environnementale est de se  donner les moyens de comprendre l'importance morale des lieux, loin des  éthiques généralistes, qui ne comprendront le lien aux lieux  particuliers que via les affects (attachement, amour), sans parvenir à  intégrer leur valeur autrement que de manière relative. Nous montrerons  comment Plumwood défend cette valeur à partir d'une éthique  particulariste, qui place en son cœur l'attention au particulier. Nous  retiendrons trois caractéristiques du particulier — surprise,  contextualité et non-interchangeabilité — pour penser cette importance  morale des lieux particuliers.